Réponse d’expert

Les réseaux sociaux sont-ils mauvais pour nous ?

22 mars 2022

22 mars 2022
Votre adolescent passe plusieurs heures par jour, les yeux rivés sur son écran ? Vous avez du mal à mettre votre smartphone de côté ? Rassurez-vous, seule une petite minorité de personne souffre de ce problème. Le chercheur Tobias Dienlin souligne toutefois qu'il n'y a pas de mal à résister à l'attrait des réseaux sociaux.
Crédit photo : © Philipp Masur
Tobias Dienlin est professeur adjoint de communication interactive à l'université de Vienne. Il étudie l'effet des réseaux sociaux sur notre vie privée et notre santé mentale.

En moyenne, nous (les Belges âgés de 16 à 64 ans) passons quotidiennement 1 heure et 45 minutes sur les réseaux sociaux tels que Facebook, YouTube, WhatsApp, Instagram et Messenger.  Sur une base hebdomadaire, cela représente plus d'une journée de travail complète. Les enfants de moins de 16 ans se retrouvent aussi facilement sur les réseaux sociaux. Environ quatre adolescents belges sur dix sont en ligne toute la journée pour discuter avec leurs amis. Mais est-ce mauvais pour nous ? Tobias Dienlin, professeur adjoint à l'université de Vienne, étudie les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale.

Existe-t-il un lien entre notre bien-être mental et le temps que nous passons sur les réseaux sociaux ?

Tobias Dienlin : "La plupart des bonnes études ne montrent qu'un effet faible, presque négligeable. Cet effet est parfois faiblement positif, parfois faiblement négatif. Même les méta-analyses, qui combinent des centaines d'études, ne trouvent que des effets très faibles. Si nous effectuons une telle méta-analyse uniquement sur des études bien fondées, l'effet devient encore plus faible."

Est-il vrai que la façon dont nous utilisons les réseaux sociaux est plus importante que la quantité ?

Tobias Dienlin : "Oui, je le crois. Chez les psychologues des médias, nous disons parfois : un temps d'écran n'est pas un temps comme un autre. Que vous utilisiez votre smartphone pour lire des informations de qualité ou pour partager des théories du complot, les applications sont très différentes.

Le fait de consulter le contenu de vos amis ou de votre famille ou de ne suivre que des célébrités et des connaissances, fait également une différence. Partager des photos avec sa grand-mère et aimer des photos retouchées de top-modèles n’est pas la même chose.

Le contenu des réseaux sociaux est donc le facteur le plus important. En somme, il est préférable de les utiliser pour rester en contact avec ses amis ou sa famille plutôt que de les faire défiler sans réfléchir."

De nombreux parents craignent que les réseaux sociaux créent une "dépendance". Existe-t-il des preuves de cela ?

Tobias Dienlin : "Non, il n'existe pas de diagnostic de 'dépendance aux réseaux sociaux'. Pour pouvoir parler de dépendance, deux choses sont nécessaires : une consommation excessive de quelque chose et un dysfonctionnement grave qui en résulte. Faire quelque chose très souvent ne signifie pas que vous êtes dépendant, qu'il s'agisse du travail, des livres, du sport ou des médias sociaux.

Une habitude n'est problématique que lorsqu'elle interfère avec le fonctionnement normal, par exemple lorsque nous négligeons nos obligations (travail, éducation, amis, famille). La plupart des utilisateurs se comportent sans problème.

Seule une minorité, environ 1 à 5 %, se trompe. C'est donc beaucoup moins fréquent qu’on ne le pense. Certes les réseaux sociaux sont attrayants, mais je pense que nous devons tous apprendre à y résister."

Comment utiliser les réseaux sociaux à bon escient ?

Tobias Dienlin : "Les réseaux sociaux ne sont pas mauvais en soi. Ils ne deviennent problématiques que lorsque nous les utilisons trop, et cela peut être dit de la plupart des choses. La nourriture, par exemple, est également bonne ; après tout, nous ne pouvons pas vivre sans elle. Mais il y a aussi un point à partir duquel manger “trop” devient mauvais. Il serait absurde d’interdire la nourriture mais nous devons apprendre à manger raisonnablement. Pour résumer : connaissez vos limites. 
C'est la même chose avec les réseaux sociaux. Ils ne deviennent mauvais que lorsque nous les utilisons de manière irresponsable. Il ne s’agit donc pas de les interdire, mais de les consommer avec modération. Dans de nombreuses situations, il est préférable de mettre son téléphone de côté ou de réfléchir au contenu que nous consultons et regardons.

Il n'est jamais inutile de réfléchir de manière critique à l'utilisation que nous faisons des réseaux sociaux, et de quelle manière. Par exemple, je désactive mes notifications lorsque je travaille, ou lorsque je passe du temps avec des amis.

 

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