Près de 70 % des produits achetés par Testachats sur Shein et Temu présentaient au moins une non-conformité
162 produits sous la loupe de la sécurité
Entré en vigueur l'année dernière, le Règlement EU sur les services numériques (DSA) impose aux plateformes en ligne vendant des produits provenant de tiers de prendre des mesures contre les produits non conformes à la législation européenne. Pour vérifier si Temu et Shein respectent cette obligation, Testachats et ses organisations partenaires ont commandé uniquement des produits vendus par des vendeurs tiers. En mars 2025, les organisations ont acheté 81 produits sur chacune des deux plateformes, répartis en trois catégories : 27 jouets pour bébés et jeunes enfants (jusqu’à 3 ans), 27 chargeurs USB et 27 colliers. La sélection a été effectuée de manière aléatoire à partir des produits les plus vendus, sans recherche intentionnelle d’articles présentant un risque particulier pour la sécurité. Les produits ont ensuite été testés par des laboratoires spécialisés afin d’évaluer leur conformité aux normes européennes. Pour les chargeurs USB et les jouets pour enfants, les tests ont vérifié la sécurité mécanique, la sécurité électrique et l’étiquetage. Pour les colliers et les jouets pour enfants, les métaux et substances toxiques ont été recherchées.Près de 70 % de produits présentaient au moins un problème
Les résultats sont sans appel : 112 produits sur les 162 testés se sont révélés non conformes aux règles de sécurité de l’Union européenne, rendant leur vente illégale sur le marché européen.Concernant les jouets pour très jeunes enfants, 26 jouets sur 27 vendus sur Temu présentaient au moins un défaut, et seul un produit n’a fait l’objet d’aucune remarque. Sur Shein, ce sont tous les jouets testés qui présentaient des non-conformités, qu’il s’agisse de petites pièces détachables, de formes dangereuses, de substances chimiques ou d’étiquetage trompeur. En tout, environ 60 % des jouets comportaient des risques moyens à élevés (étouffement, suffocation, choc électrique ou exposition chimique). Les problèmes les plus courants concernent des petites pièces détachables pouvant être avalées et provoquer un risque d’étouffement.

*Un des jouets testés comptait jusqu’à 13 petites pièces susceptibles de se détacher !
Quant aux chargeurs USB analysés, ils ne font pas mieux : 52 sur 54 ont échoué à au moins un test mécanique ou électrique. 31 % d’entre eux comportaient des risques qualifiés d’élevés, allant de la détérioration rapide et des courts-circuits à la surchauffe pouvant provoquer brûlures ou incendies, certains atteignant plus de 100°C en surcharge. Seul un chargeur par plateforme a passé tous les tests sans remarques.

*Les broches de certains chargeurs se plient beaucoup trop facilement, ce qui fait qu’ils ne rentrent plus dans la prise de courant.
Enfin, concernant les 54 colliers analysés, la majorité ne présentent pas de risques immédiats - seuls 5 s’étant avérés non conformes - mais certains se révèlent réellement dangereux pour la santé, notamment en raison d’une présence importante de cadmium. Le cadmium, un métal toxique et cancérogène pouvant provoquer des lésions aux os et aux reins est particulièrement dangereux s’il est mis dans la bouche, sucé ou avalé. Les personnes qui, sans y penser, placent le pendentif de leur collier entre leurs lèvres sont particulièrement exposées au risque de contamination. Or, un collier contenait plus de 85 % de cadmium, soit plus de 8500 fois la limite autorisée, un deuxième collier dépassait la limite de 7500 fois et un troisième, moins extrême, était néanmoins fortement contaminé, avec un taux de cadmium dix fois supérieur à la limite autorisée.

*Ce collier contenait pas moins de 85% de cadmium.
Plus de contrôles et sensibiliser aux dangers
« Notre analyse montre qu’acheter sur Temu ou Shein, c’est un peu jouer à la roulette russe » réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats. « Certains produits peuvent être corrects, mais d’autres présentent des risques sérieux pour la sécurité ».
Testachats se réjouit donc des contrôles supplémentaires récemment annoncés par le ministre Crucke et espère que ce type de tests sensibilisera également les consommateurs aux dangers des achats sur des sites web bon marché. « En réalité, le bon marché peut coûter cher. Vous ne payez peut-être pas beaucoup sur des plateformes comme Temu ou Shein, mais soyez conscients que vous n’avez sans doute pas les mêmes garanties de sécurité qu’avec des produits (souvent plus chers) de marques connues » rappelle Julie Frère.
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