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Cystite : symptômes, causes et traitements

Une cystite est une affection très fréquente et souvent douloureuse chez les femmes, à l’incidence non négligeable sur la qualité de vie. Les désagréments disparaissent souvent après quelques jours. Un traitement n’est donc pas toujours nécessaire, y compris en cas de cystites à répétition. 

28 mars 2025
Femme qui souffre d'une cystite

C'est quoi une cystite?

Cystite aiguë

Une cystite ou inflammation de la vessie est une infection de la vessie occasionnée par des bactéries. Ces bactéries sont naturellement présentes dans l’intestin ou autour de l’anus. Comme l’urètre, le vagin et l’anus sont proches l’un de l’autre chez la femme, les bactéries intestinales peuvent facilement passer dans le vagin et la région de l’urètre. Si elles contaminent la vessie, elles peuvent provoquer une cystite. Dans la plupart des cas, c’est la bactérie Escherichia coli qui en est la cause.

Une telle contamination arrive plus fréquemment chez la femme, car l’urètre est plus court que chez l’homme. Voilà pourquoi ce sont surtout les femmes qui sont atteintes de cystite : près de la moitié des femmes en sont atteintes au moins une fois dans leur existence. Les femmes sexuellement actives, les femmes enceintes et les femmes ménopausées courent un risque accru de cystite. 

Cystite à répétition

Si un patient souffre de cystite au moins deux fois en six mois ou trois fois par an, on parle de cystite à répétition. Sur toutes les femmes atteintes pour la première fois d’une cystite, 20 à 50 % contractent une nouvelle cystite dans les six mois.

Tous les facteurs qui perturbent le "bon" équilibre bactérien dans le vagin et la région de l’urètre accroissent le risque de cystite à répétition chez les femmes saines non enceintes.

Principaux facteurs de risque avant la ménopause 

  • Activité sexuelle.
  • Utilisation de spermicides en guise de contraceptif.
  • Nouveau partenaire sexuel.
  • Cystite avant 15 ans.
  • Mère atteinte de cystites à répétition.

Principaux facteurs de risque après la ménopause

  • Fuites urinaires.
  • Un affaissement de la vessie.
  • Une vidange incomplète de la vessie.

Tout comprendre de la ménopause

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Quels sont les symptômes d'une cystite?

Bien souvent, les symptômes de la cystite sont aisément identifiables 

  • une sensation douloureuse et brûlante durant la miction ;
  • envies d’uriner fréquentes et urgentes ;
  • début de miction difficile ;
  • la sensation que la vessie n’est pas vide ;
  • pression parfois douloureuse dans le bas-ventre ;
  • urine parfois trouble ou traces de sang dans les urines.

Généralement, une cystite n’est pas accompagnée par de la fièvre et le patient ne se sent pas malade. Si tel est le cas, ou si d’autres maux comme des douleurs dans le bas du dos, une lombalgie, des nausées ou des vomissements apparaissent, cela peut être un signe d’une inflammation des reins. Dans ce cas, il est important de consulter rapidement un médecin.

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Comment diagnostiquer une cystite?

Quand consulter un médecin ?

En cas de symptômes d’une cystite, il est toujours conseillé de se rendre chez le médecin dans les cas suivants :

  • Femmes adultes non enceintes en bonne santé, présentant pour la première fois les symptômes typiques d’une cystite. De tels symptômes peuvent en effet avoir une cause totalement différente. Souvent, il s’agit toutefois d’une cystite "ordinaire" ou "sans risque de complications, "totalement bénigne".
  • Patients pour lesquels une cystite présente un risque de complications :
    - Femmes enceintes
    - Femmes présentant des douleurs atypiques, comme de la fièvre, des douleurs dans le bas du dos, une lombalgie, des nausées ou des vomissements
    - Femmes atteintes d’affections autres comme le diabète ou présentant une résistance amoindrie
    - Patients présentant une constitution anormale des voies urinaires
    - Enfants, hommes ou personnes âgées

Les femmes adultes non enceintes atteintes de cystites à répétition peuvent souvent reconnaître elles-mêmes les symptômes. Elles ne doivent donc pas se rendre à chaque fois chez le médecin. Il suffit parfois d’attendre quelques jours pour voir si les maux disparaissent d’eux-mêmes. Toutefois, en cas de persistance ou d’aggravation des symptômes, ou si la femme estime que ceux-ci ne disparaissent pas assez vite, il est bien évidemment souhaitable de consulter un médecin.

Douleurs causées par une cystite

Quand un test est-il indiqué ? 

Chez les femmes présentant une cystite "ordinaire", les symptômes et les antécédents médicaux suffisent généralement à pouvoir poser le diagnostic. Toutefois, les médecins utilisent souvent d’autres termes comme les bandelettes urinaires (dipstick), les dipslides, les examens microscopiques de l’urine ou une culture d’urine pour vérifier qu’il s’agit bien d’une infection bactérienne et ainsi éviter un recours inepte aux antibiotiques.

L’utilité de ces tests est toutefois remise en question, parce qu’aucun test n’est précis à 100 %. En outre, des femmes chez qui l’on retrouve une quantité limitée seulement de bactéries dans les urines ont, malgré tout, parfois intérêt à suivre un traitement aux antibiotiques. Par ailleurs, le médecin n’attend généralement pas les résultats d’une culture d’urine (minimum deux jours) avant de prescrire un traitement aux antibiotiques. Pour les femmes chez qui le médecin suppose qu’il s’agit d’une cystite "ordinaire", une culture d’urine n’a donc pas de sens.   

 Une telle culture peut néanmoins s’avérer utile chez : 

  • Les patients présentant des douleurs atypiques.
  • Un retour des douleurs moins d’un mois après le traitement précédent de la cystite (pour laquelle aucune culture d’urine n’avait été effectuée) : des informations relatives aux antibiotiques les plus actifs contre la bactérie trouvée aident le médecin à choisir le traitement optimal.
  • Les femmes chez qui les douleurs ne s’améliorent pas dans les 48h suivant le début du traitement aux antibiotiques
  • Tous les patients atteints de cystite "compliquée". 

Les auto-tests pour infections des voies urinaires, qui détectent les globules blancs, le nitrite ou les protéines dans votre urine sont selon nous d’une utilité contestable. Quel que soit le résultat, de tels tests coûtent assez cher et, qui plus est, ne sont jamais fiables à 100 %. Mieux vaut donc directement consulter un médecin.

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Quels sont les traitements possibles d'une cystite?

Une cystique aiguë peut être abordée de différentes manières.

Attendre

Chez les femmes adultes non enceintes en bonne santé, atteintes d’une cystite ordinaire, les symptômes disparaissent souvent d’eux-mêmes. Un antibiotique les fera disparaître plus rapidement, mais la moitié des femmes éprouvent malgré tout encore des symptômes (moins sévères, certes) après quatre jours.

Ne pas traiter une cystite n’entraîne pas un surcroît de complications. Dès lors, voyez avec votre médecin si un traitement s’impose, vu le risque de résistance et les effets secondaires des antibiotiques. Une autre stratégie envisageable : le médecin prescrit des antibiotiques, mais il conseille de n’acheter et de prendre le médicament qu’en l’absence d’amélioration des douleurs après quelques jours. 

Antibiotiques

Les femmes présentant une cystite ordinaire qui, en dépit du risque de résistance et d’effets secondaires, choisissent un antibiotique en concertation avec leur médecin pour faire disparaître les douleurs plus rapidement ont intérêt à tenir compte de quelques éléments.  

  • Parmi les antibiotiques efficaces, citons entre autres la nitrofurantoïne (Furadantine MC), le triméthoprime et la fosfomycine (Monuril). Nous regrettons qu’aucun fabricant ne commercialise un antibiotique contenant uniquement le triméthoprime. Dans ce cas, le médecin est tenu d’établir une prescription magistrale de façon à ce que le pharmacien puisse préparer le médicament. 
  • D’autres antibiotiques peuvent convenir, mais le principal est que le médecin opère un choix réfléchi. Certains médecins ont tendance à toujours prescrire les médicaments les plus récents. Non seulement ceux-ci sont souvent plus chers que les médicaments plus anciens et tout aussi efficaces, mais il serait mieux d’uniquement les utiliser lorsqu’ils s’avèrent vraiment indispensables. Sur le plan de la cystite, nous dénonçons depuis des années que l’on prescrit trop de quinolones (ciprofloxacine, norfloxacine, ofloxacine, levofloxacine...) au détriment des antibiotiques plus anciens. Les quinolones sont assurément efficaces, mais il est plus judicieux de préserver leur efficacité et de les réserver aux affections graves. 

Autres médicaments et compléments alimentaires

Pour une flopée d’autres médicaments, comme les suppléments alimentaires aux (constituants de) canneberges, Urocystil (extrait de busserole) et Uri-Cran Forte, il n’existe aucune preuve probante que ces médicaments sont plus efficaces pour le traitement des cystites aiguës non compliquées que les placebos.

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Comment évolue une cystite?

Cystite ordinaire ou non compliquée

Chez les femmes adultes non enceintes en bonne santé, atteintes d’une cystite ordinaire, les symptômes disparaissent souvent d’eux-mêmes. Ne pas traiter une cystite n’entraîne pas un surcroît de complications.

Cystite compliquée

Certains patients courent un risque accru de complications en cas de cystite, comme les femmes enceintes, les patients diabétiques ou à la résistance amoindrie, les patients présentant une constitution anormale des voies urinaires, les enfants, les hommes et les personnes âgées. L’infection peut s’étendre de la vessie aux reins, allant souvent de pair avec des douleurs atypiques comme la fièvre et les lombalgies, les nausées ou les vomissements.

Dans de tels cas, il est indiqué de consulter immédiatement un médecin et d’entamer un traitement aux antibiotiques, pour éviter des complications graves comme une septicémie (bactéries dans le sang), une défaillance d’organe ou une insuffisance rénale.

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Comment prévenir les cystites?

Différentes stratégies existent pour prévenir les cystites à répétition.

Changements comportementaux

Avant la ménopause, l’activité sexuelle et l’utilisation de spermicides comme contraceptifs constituent les principaux facteurs de risque en matière de cystites à répétition. Par conséquent, l’abstinence sexuelle et la suppression des spermicides atténuent le risque de cystites à répétition.

Boire beaucoup à titre préventif pour éviter la cystite à répétition est recommandé depuis fort longtemps, mais sans preuves scientifiques sérieuses. Cela repose sur un raisonnement plausible : plus il passe de liquide par les voies urinaires, plus l’urine chargée en bactéries est diluée dans la vessie et éliminée. Ce n’est que récemment que cette hypothèse a été confirmée par une étude sur 140 femmes souffrant de cystite à répétition et buvant moins de 1,5 litre par jour. La moitié des femmes devait boire plus d’1,5 litre par jour pendant un an, tandis que l’autre s’en tenait à son habitude de boire moins de 1,5 litre par jour. Les femmes qui buvaient beaucoup ont eu en moyenne 1,7  cystite par an, contre 3,2 dans l’autre groupe. Ce résultat est prometteur mais doit encore être confirmé.

Beaucoup d’autres gestes et de comportements sont réputés réduire le risque de cystite à répétition : uriner avant et après les rapports sexuels, s’essuyer du vagin vers l’anus après une visite aux WC, éviter les jacuzzis, ne pas mettre de sous-vêtements ou de collants très serrants, ne pas utiliser de tampons, porter des sous-vêtements en coton, éviter les rapports sexuels anaux, etc. Ce sont des mythes : pour aucun de ces facteurs, un lien clair avec une cystite à répétition n’a pu être établi.

Autres moyens

Une récente analyse Cochrane (un type d'études inédites très réputé) suggère que certains produits contenant des canneberges (peut-être ceux qui ont une concentration suffisamment élevée en "PAC", un type d'antioxydants) peuvent être utiles pour prévenir les infections des voies urinaires. Mais cet effet bénéfique n'a été observé que chez les femmes et les enfants qui souffrent fréquemment d'infections de la vessie et chez les personnes sujettes aux infections urinaires en raison d'un traitement médical. Les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes qui ne peuvent pas vider complètement leur vessie en raison d'un problème médical ne semblent pas en bénéficier.

Pour l'instant, il est vrai, les fabricants européens ne sont toujours pas autorisés à affirmer que les compléments alimentaires contenant des (composants de) canneberges préviennent les infections de la vessie ou favorisent la santé des voies urinaires.

Pour toute une série d’autres moyens comme le Femannose (D-mannose), Uri-Cran Forte, les probiotiques avec lactobacilles, le thé à base d’ortie ou du bouleau, il n’y a pas de preuve convaincante qu’ils puissent aider à prévenir la cystite.

Attention : tous les dispositifs médicaux ne sont pas efficaces

Médicaments

Antibiotiques

Pour éviter que les cystites se répètent, vous pouvez commencer par modifier votre comportement ou essayer d’autres moyens. À défaut de résultat, un antibiotique peut être alors envisagé. La nitrofurantoïne (Furadantine MC) est le premier choix en la matière. Il existe deux stratégies possibles :

  • Une faible dose quotidienne d’antibiotiques pendant au moins six mois.
  • En cas de lien clairement établi avec les rapports sexuels : une seule dose dans les deux heures suivant chaque rapport.

L’effet préventif des antibiotiques cesse toutefois dès la fin de la cure. Il faut donc bien peser les avantages et les inconvénients.

Attention à la résistance aux antibiotiques

Hormonothérapie vaginale

Les femmes ménopausées produisent moins d’œstrogènes, une hormone utile au maintien des "bonnes" bactéries vaginales. Ceci peut entraîner l’assèchement, l’amincissement et l’inflammation des tissus autour du vagin. Voilà pourquoi les médecins prescrivent parfois des œstrogènes intravaginaux, sous forme de tablettes, crèmes ou anneaux vaginaux.

Ces produits réduisent aussi le risque de cystite à répétition, selon deux études comparant des œstrogènes vaginaux à des placebos. Mais d’autres études sont nécessaires pour comparer également leur efficacité et leur sécurité par rapport aux antibiotiques.

Notez aussi que les œstrogènes vaginaux peuvent avoir des effets secondaires comme des seins douloureux, des saignements vaginaux, des sécrétions vaginales accrues, des brûlures ou des démangeaisons. Si vous avez un (risque accru de) cancer sensible aux hormones (ex. cancer du sein), soyez particulièrement prudente. Il faut bien peser le pour et le contre avant d’entamer un traitement de ce type. 

Vaccin

L’Uro-vaxom est un médicament contenant un extrait de 18 souches bactériennes tuées qui sont souvent à l’origine d’infections urinaires. Il agit comme un vaccin : il stimule le système immunitaire pour que l’organisme puisse mieux se défendre contre ces bactéries en cas de  nouvelles infections.

Quelques études de piètre qualité ont mis en évidence un effet préventif pour la cystite à répétition. Mais, depuis lors, le processus de production a été modifié, et l’efficacité n’a pu être prouvée. Nous doutons fort que ce médicament vaille son prix élevé (41 € par mois).

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