L'andropause ou "ménopause masculine" existe-t-elle vraiment?


Sur cette page
- L'andropause, qu’est-ce que c’est?
- La testostérone, qu’est-ce que c’est?
- Un traitement est-il nécessaire en cas de baisse du taux de testostérone?
- Peut-on agir soi-même pour diminuer les éventuels symptômes de l'andropause?
- Nos conclusions sur l'andropause
- Vos questions les plus fréquentes sur l'andropause
L'andropause, qu’est-ce que c’est?
L'andropause, aussi appelée "ménopause masculine", désigne la baisse de testostérone, liée à l’âge, chez les hommes.
"Les termes andropause et ménopause masculine sont utilisés dans les médias populaires mais ils sont trompeurs", explique Jeroen Plessers, notre expert santé. "En effet, ils impliquent un changement soudain ("pause") dans les niveaux d’hormones, comparable à ce que les femmes connaissent à la ménopause. Mais contrairement à la ménopause, qui correspond chez les femmes à une fin nette et relativement brutale des années de procréation, l’andropause est un processus beaucoup plus progressif." La littérature médicale en langue anglaise utilise un autre terme pour désigner l'andropause : late-onset hypogonadism (LOH).
L'hypogonadisme
L’hypogonadisme désigne une baisse d’une ou des deux principales fonctions des testicules : la production de spermatozoïdes et/ou de testostérone. Cette anomalie est le plus souvent due à des affections au niveau des testicules (hypogonadisme primaire : par exemple testicule non descendu, inflammation, radiothérapie, effets de médicaments, syndrome de Klinefelter), ou au niveau de l’hypophyse ou de l’hypothalamus dans le cerveau qui n’envoient plus de signaux aux testicules pour qu’ils produisent de la testostérone (hypogonadisme secondaire : par exemple tumeur cérébrale, radiothérapie, traumatisme crânien).
La présentation clinique de l’hypogonadisme dépend de l’âge auquel la maladie se déclenche.
Il existe donc une troisième forme, l’hypogonadisme tardif (late-onset hypogonadism ou andropause), qui peut apparaître chez les hommes vieillissants.
Les directives internationales actuelles par rapport à l’hypogonadisme masculin (pas seulement de type late-onset) ne sont pas uniformes en matière de critères de diagnostic, de traitement et de suivi. "L’hypogonadisme classique en tant qu’affection médicale est toutefois beaucoup moins controversé que l’hypogonadisme tardif", signale Jeroen Plessers.
Quels sont les symptômes de l'andropause ?
Les symptômes (sexuels, physiques ou psychologiques) énoncés ci-dessous sont souvent associés à l'andropause chez les hommes en fin de quarantaine et en début de cinquantaine. Mais on relève une importante variabilité. souligne Jeroen Plessers. "De nombreux hommes souffrant d’une baisse de testostérone liée à l’âge ne ressentent pas de symptômes alors que chez certains, la diminution de testostérone est beaucoup plus lente, si bien qu’ils ne la remarquent pas pendant très longtemps. Il n’y a qu’un petit pourcentage d’hommes âgés qui présentent à la fois des symptômes clairs et de faibles niveaux de testostérone."
Tous les hommes ne souffrent donc pas des (mêmes) symptômes, et la gravité de ceux-ci peut varier fortement.
- Diminution de la libido
- Troubles de l’érection (difficulté à obtenir et / ou maintenir une érection), le symptôme le plus souvent observé par les médecins
- Perte de masse musculaire, de force musculaire et d’endurance
- Prise de poids et modification du taux de masse graisseuse : augmentation de la graisse corporelle surtout au niveau de la région abdominale (« ventre ») et de la poitrine (apparition de seins chez les hommes)
- Diminution de la densité osseuse et perte de poils
- Problèmes psychiques/émotionnels : sautes d’humeur, irritabilité, symptômes dépressifs
- Fatigue, manque d’énergie, problèmes de concentration, de mémoire et de sommeil
- Bouffées de chaleur
Quand l’andropause est-elle diagnostiquée ?
Pour que l’on puisse effectivement parler d’andropause ou de LOH, il faut qu'il y ait en même temps plusieurs symptômes affectant le système sexuel ainsi qu'un faible taux de testostérone dans le sang. Le diagnostic ne peut donc pas être posé simplement sur la base du taux de testostérone ou de symptômes (qui sont de toute façon plus fréquents avec l'âge).
Deux questions se posent
- Qu’est-ce qu’un faible taux de testostérone ?
- Quels sont les symptômes associés à l’andropause ?
Le problème est qu’il est difficile de définir les niveaux de testostérone normaux à différents âges. De plus, il n’y a pas de vrai consensus pour désigner les symptômes qui doivent être inclus dans le processus de diagnostic.
Pour la plupart des chercheurs, il faudrait se limiter à trois symptômes spécifiques : baisse de la libido, troubles de l’érection et diminution des érections matinales. Pour d’autres, il faudrait procéder à une évaluation plus générale et prendre aussi en compte les symptômes moins spécifiques (par exemple diminution de la masse musculaire, fatigue, bouffées de chaleur, problèmes de concentration, insomnies, baisse d’énergie, sautes d’humeur, etc). Avec un risque de surdiagnostic.
En cas de symptômes sexuels, il est conseillé de consulter un médecin qui évaluera l’état de santé général du patient avant de procéder à des mesures du taux de testostérone ou à un traitement à base de testostérone. Souvent, ce sont simplement des maladies chroniques liées à l’âge qui peuvent provoquer les symptômes et être à l’origine d’une baisse du taux de testostérone.
Vers le haut de la pageLa testostérone, qu’est-ce que c’est?
La testostérone est une hormone importante qui, chez l’homme, remplit de nombreuses fonctions au niveau des caractères sexuels secondaires, de la fertilité et de la sexualité. Elle est responsable du développement des caractères sexuels secondaires chez l’homme pendant la puberté, comme la pilosité et la barbe, le développement de la masse musculaire, la mue de la voix, la croissance des organes sexuels.
La testostérone produit aussi des effets sur la densité osseuse, la croissance musculaire, le métabolisme des graisses, l’énergie physique et la libido. Le comportement et l’humeur des hommes sont également déterminés, en partie, par les niveaux de testostérone.
Evolution du taux de testostérone
Le niveau de testostérone chez l’homme varie au cours de sa vie, avec des pics et des creux à différents âges. En général, les hommes atteignent les taux de testostérone les plus élevés quand ils sont en fin d’adolescence et au début de la vingtaine. Ce taux élevé est responsable du développement de caractéristiques masculines pendant la puberté.
Après ce pic, le taux de testostérone commence lentement et progressivement à diminuer, pour perdre environ 1 % par an à partir de la quarantaine. Ce qui revient à dire qu’un homme de 70 ans a perdu près d’un tiers de la testostérone qu’il avait à 40 ans. La baisse de testostérone est un processus physiologique qui peut être influencé par différents facteurs comme le mode de vie, la présence de maladies chroniques et la prise de médicaments.
La baisse de testostérone liée à l’âge est-elle un problème ?
La baisse progressive de la testostérone liée à l’âge est un élément naturel du processus de vieillissement et n’est généralement pas considérée comme un problème. Dans la pratique, un taux diminué de testostérone (même à un âge avancé) est souvent suffisant pour un fonctionnement normal de l’organisme. C’est donc un phénomène physiologique tout à fait normal quand l’homme prend de l’âge. Il ne provoque pas nécessairement de problèmes de santé ou de difficultés sexuelles ou au niveau de la reproduction.
Différents facteurs comme l’état de santé, le mode de vie et des circonstances personnelles font que la baisse du taux de testostérone constituera, ou pas, un problème. Chez certains hommes, un faible taux de testostérone peut provoquer des symptômes. Dans de tels cas, un faible taux de testostérone peut être un problème qui justifie un traitement. Mais ces symptômes peuvent apparaître de toute façon avec l’âge et ils peuvent être liés ou exacerbés par la prise de médicaments et la présence d’autres maladies (chroniques) ou liées au vieillissement : maladies cardiovasculaires, obésité, diabète de type 2, hypertension artérielle, etc.
Mais de nombreux hommes ne ressentent pas de symptômes significatifs et continuent à vivre de façon tout à fait normale malgré une baisse du taux de testostérone. Il est donc important de signaler que tous les hommes présentant un faible taux de testostérone n’ont pas besoin d’un traitement. C’est important de privilégier une approche individuelle et de prendre la décision éventuelle d’une thérapie de remplacement de la testostérone après une évaluation approfondie des symptômes, des antécédents médicaux et des facteurs de risque, en concertation avec un médecin qualifié.
Faut-il faire contrôler son taux de testostérone à partir d’un certain âge ?
Non, il n’y a en général pas de raison de faire contrôler votre taux de testostérone si vous n’avez pas de problème particulier. D’autant plus qu’il n’existe toujours pas de définition claire et unanime des valeurs de testostérone normales à différents âges. Il y a de nombreuses directives de différentes associations scientifiques qui donnent souvent des valeurs différentes (parfois exprimées dans des unités de mesures différentes, ce qui complique encore un peu plus la comparaison) et, de plus, ces valeurs évoluent au fil du temps.
Sur le web, on trouve plusieurs types de questionnaires et tests qui aident les hommes prenant de l’âge à découvrir s’ils souffrent, ou pas, de symptômes de l’andropause. Les experts se rejoignent pour conclure que ces autotests ne valent rien. Le plus souvent, les questions sont formulées de façon très vague, et donc, de nombreux hommes âgés de plus de 50 ans s’y reconnaissent automatiquement.
Quand on mesure le taux de testostérone de ces hommes qui, selon ces tests, présenteraient des signes d’andropause, on voit que la grande majorité a des concentrations de testostérone tout à fait normales. Dans 4 à 10 % des cas seulement (en fonction du type de test), on découvre un taux trop bas de testostérone. Une détection préventive des symptômes de l’andropause est tout à fait inutile.
De plus, un test de testostérone n’est qu’un instantané et son résultat peut être influencé par différents facteurs comme le stress, un manque de sommeil, l’alimentation, une maladie, la prise d’un médicament ou le moment de la journée où il est réalisé. En fait, le taux de testostérone totale doit être mesuré deux matins différents, quand le patient est à jeun (étant donné que les valeurs peuvent être jusqu’à 30 % plus basses s’il n’est pas à jeun) et à un moment où il ne se remet pas d’une maladie aigüe et ne prend pas de médicaments (par exemple des opioïdes) qui diminuent la concentration de testostérone.
Il faut aussi garder à l’esprit qu’il est peu probable qu’un faible taux de testostérone ait des implications cliniques et doive être corrigé ou optimalisé par une thérapie de remplacement de la testostérone. Mais il y a une forte pression commerciale sur les hommes qui se sentent fatigués ou "moins puissants et moins performants", pour les inciter à mesurer et corriger leur taux de testostérone.
Vers le haut de la pageUn traitement est-il nécessaire en cas de baisse du taux de testostérone?
Il n’est pas facile de répondre clairement à cette question parce que la communauté scientifique est très divisée. La question clinique de la baisse des taux de testostérone et le traitement via l’administration de testostérone externe sont des sujets controversés.
Selon certains chercheurs, la thérapie de remplacement de la testostérone peut avoir des effets positifs quand on a constaté un déficit réel en testostérone et d’éventuels symptômes. Pour d’autres scientifiques, cette thérapie a été développée pour une maladie inventée. Ceux-ci minimisent ses avantages et soulignent ses effets indésirables.
En fonction des facteurs
La nécessité d’un traitement dans le cas d’une baisse du taux de testostérone dépend de différents facteurs, dont la gravité des symptômes, leur effet sur la qualité de vie, d’éventuels problèmes de santé sous-jacents, et les avantages et risques du traitement.
Comme expliqué précédemment, de nombreux hommes présentant un faible taux de testostérone n’ont pas besoin de traitement, ne ressentent pas de symptômes significatifs ou n’éprouvent que des symptômes légers qui n’ont pas d’influence sur leur fonctionnement quotidien. Dans ces cas, on peut opter pour une approche attentiste en surveillant étroitement les symptômes et en ne commençant un traitement que s’ils s’aggravent.
Chez les hommes présentant des symptômes significatifs associés à une baisse du taux de testostérone (par exemple diminution de la libido, fatigue, dépression, perte de masse et de force musculaires, problèmes sexuels), un traitement peut être envisagé.
Thérapie de remplacement de la testostérone
Pour traiter les symptômes de l’andropause provoqués par un faible taux de testostérone, on a le plus souvent recours à la thérapie de remplacement de la testostérone. Ce traitement est analogue à la thérapie hormonale de remplacement des œstrogènes et des progestatifs chez les femmes ménopausées.
Qu’est-ce que c’est ?
La thérapie de remplacement de la testostérone existe sous différentes formes :
- comprimés oraux ;
- injections intramusculaires ;
- gels ;
- patchs ou implants sous-cutanés.
Le type de traitement peut varier en fonction de différents facteurs comme la préférence du patient, la gravité des symptômes, les antécédents médicaux et d’éventuels autres problèmes de santé. Le traitement n’est remboursé par la mutuelle que si un spécialiste a mis en évidence une baisse du taux de testostérone et exige des visites de contrôle régulières.
Quand prescrit-on la thérapie ?
Selon les directives scientifiques, la thérapie de remplacement de la testostérone est indiquée dans les cas d’hypogonadisme classique. Donc chez les hommes présentant des symptômes cliniques significatifs de faible taux de testostérone provoqué par des dysfonctionnements physiques (par exemple des problèmes au niveau des testicules, de l’hypothalamus ou de l’hypophyse), et pas simplement par l’augmentation de l’âge.
Il y a des conditions :
- Symptômes d’hypogonadisme.
- Confirmation d’un faible taux de testostérone.
- Exclusion d’autres causes (par exemple hypothyroïdie, dépression, obésité, prise de médicaments et maladies chroniques).
- Adéquation et précautions. Chez les hommes présentant certaines pathologies (cancer ou hypertrophie de la prostate, cancer du sein, apnée obstructive du sommeil grave, insuffisance cardiaque grave et polycythémie – maladie du sang caractérisée par un excès de globules rouges), la thérapie de remplacement de la testostérone peut être déconseillée. La prudence s’impose aussi chez les hommes présentant des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires.
Quelle est l’efficacité de la thérapie ?
Les principaux symptômes liés à l’andropause sont les troubles de l’érection (le symptôme le plus inquiétant pour la plupart des patients) et une diminution de la libido. Pour les troubles érectiles, il existe des médicaments reconnus, efficaces, bien tolérés et facilement disponibles comme le sildénafil et le tadalafil. L’ajout de testostérone ne semble pas améliorer davantage la fonction érectile. En effet, il est rare qu’une baisse du taux de testostérone soit à l’origine d’un dysfonctionnement érectile. Certaines études montrent que la testostérone peut augmenter la libido à court terme mais il y a des doutes quant aux effets sur le long terme et à la sécurité de la thérapie.
Pour les autres symptômes associés à l’andropause (par exemple perte et faiblesse musculaires, perte de densité osseuse, fonction cognitive et fertilité), il n’y a pas de preuves d’efficacité du traitement tandis que les effets secondaires ne sont pas à négliger.
Conclusion : les données disponibles à ce jour ne soutiennent pas le recours à la testostérone pour le traitement de symptômes liés à l’andropause chez les hommes âgés. L’agence américaine FDA (Food and Drug Administration) a signalé en 2015 que ni les avantages, ni la sécurité de la testostérone n’avaient été établis chez les hommes âgés présentant un taux peu élevé de testostérone.
La thérapie est-elle sûre ?
Le métabolisme de la testostérone est un processus très compliqué qui est affecté par un grand nombre de facteurs. Il faut bien peser le pour et le contre avant de décider un ajout de testostérone pour intervenir sur ce métabolisme. Il est important de retenir que la thérapie de remplacement de la testostérone peut provoquer des effets secondaires et des risques. Parmi les effets secondaires possibles, il y a par exemple des problèmes de peau (acné et irritation au niveau du site d’administration), une hausse des niveaux d’œstrogènes et la rétention d’eau. Il y a aussi un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires, de problèmes de prostate et de cancer de la prostate, et d’apnée du sommeil.
Les hommes peuvent aussi devenir dépendants d’un apport externe de testostérone et éventuellement souffrir d’une réduction de sa production naturelle dans les testicules. De plus, les effets à long terme de la thérapie ne sont pas encore tout à fait compris, y compris les effets sur le risque de cancer de la prostate, de maladies cardiovasculaires et d’autres affections.
La décision d’entamer un traitement à la testostérone doit donc être mûrement réfléchie et prise en concertation avec un médecin qualifié. Celui-ci peut mettre dans la balance les avantages et les risques potentiels de la thérapie et élaborer un traitement individualisé.
Faire passer la testostérone pour un remède miracle n’est pas nouveau. Elle est massivement exploitée au niveau commercial, à travers des témoignages prétendument médicaux, notamment. Bien sûr, c’est séduisant (et rentable !) de faire croire que quand une matière manque, il suffit de la remplacer et de résoudre ainsi tous les problèmes qui y sont associés, jusqu’au processus de vieillissement. La fameuse "optimisation hormonale" est un terme de marketing fantaisiste. Il est parfois utilisé dans certains médias et sur le web, mais il n’a aucun sens.
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Traitement des affections sous-jacentes
Une bonne prise en charge des affections chroniques sous-jacentes est importante et devrait passer avant le recours à un traitement à la testostérone. Ces affections peuvent être à l’origine de certains symptômes et d’un faible taux de testostérone, et non l’inverse.
Mode de vie
De nombreux facteurs qui jouent un rôle dans la diminution du taux de testostérone sont réversibles et peuvent être améliorés en adoptant un mode de vie plus sain. Des adaptations dans le mode de vie peuvent contribuer à maintenir des niveaux normaux de testostérone et à réduire les symptômes qui y sont potentiellement associés :
- une alimentation équilibrée et variée ;
- l’arrêt du tabagisme ;
- une consommation modérée d’alcool ;
- un exercice physique régulier ;
- le maintien d’un poids sain ;
- une bonne hygiène de sommeil ;
- une bonne gestion du stress.
Tout cela peut aider à prévenir l’hypogonadisme et c’est aussi important pour le bien-être général au cours de la vieillesse.
Alimentation
On met fréquemment l’accent, dans les médias, sur des aliments qui augmenteraient les niveaux de testostérone s’ils sont consommés plus régulièrement. Mais cela n’est pas prouvé. Les hommes doivent tout simplement opter pour une alimentation saine et équilibrée. Evitez les régimes qui limitent fortement l’apport en graisses parce que les graisses sont des nutriments essentiels pour de nombreuses fonctions cellulaires, en particulier pour la synthèse des hormones stéroïdiennes.
Il n’existe donc pas d’aliments magiques qui augmenteraient les niveaux de testostérone ou amélioreraient le fonctionnement des testicules. Il n’est donc pas nécessaire d’augmenter votre consommation de certains aliments. Et même s’ils existaient, ils sont tous déjà présents dans une alimentation variée.
Compléments alimentaires
L’offre de compléments alimentaires pour aider les hommes à "améliorer leurs performances sexuelles" et à "augmenter leur masse musculaire et leur force physique" en stimulant "naturellement" la production de testostérone endogène, c’est un concept largement répandu sur le web.
L’andropause et tous les symptômes qui pourraient y être associés sont fréquemment utilisés comme des prétextes marketing pour vendre des compléments alimentaires. Ces "boosters de testostérone" contiennent presque systématiquement un grand nombre d’ingrédients (par exemple des extraits de plantes et d’herbes, des vitamines, des minéraux et d’autres substances), mais aucun de ces ingrédients individuels et aucune de ces combinaisons n’a fait l’objet d’une évaluation rigoureuse, une obligation qui s’applique aux médicaments. En d’autres mots : aucun des compléments alimentaires à ingrédients multiples que l’on peut trouver sur le marché n’a fait la preuve de son efficacité et de son innocuité.
Si certaines études individuelles semblent indiquer que ces compléments alimentaires peuvent augmenter les taux de testostérone, les données portant sur plusieurs études sont souvent incohérentes. La plupart des études disponibles présentent des failles méthodologiques. Elles ne peuvent donc pas être considérées comme des sources d’information objectives tandis que le profil de sécurité n’a été que très peu étudié ; ni pour la substance individuelle, ni pour le mélange de substances.
Il n’y a donc pas assez de preuves scientifiques pour prouver l’utilité de l’un de ces ingrédients afin d’augmenter les niveaux de testostérone. Dans le même temps, on manque de données par rapport à l’innocuité de ces substances. Et cette question de l’innocuité est cruciale parce que les compléments alimentaires sont souvent consommés quotidiennement, sans aucun contrôle médical. Rappelons que les compléments alimentaires peuvent aussi provoquer des effets secondaires, des interactions avec des médicaments et des surdosages. Il est donc fortement conseillé de ne les consommer qu’après avoir obtenu l’aval d’un médecin.
Vers le haut de la pageNos conclusions sur l'andropause
La communauté scientifique est fortement divisée sur le diagnostic et le traitement de l’andropause (LOH), même dans l’évaluation du même nombre de preuves (hétérogènes).
Raisonnablement, l’andropause ne peut être considérée comme un état nécessitant un traitement qu’après une discussion approfondie sur sa signification possible, si le patient individuel souffre d’une baisse inquiétante de sa libido et d’autres symptômes généraux éventuels. Les tests du taux de testostérone ne devraient être motivés que par des symptômes cliniques qui, en plus d’être potentiellement considérés comme faisant partie du syndrome de l’andropause, sont également susceptibles d'être corrigés par une thérapie de remplacement de la testostérone.
Les preuves montrent malheureusement que ces symptômes sont limités. Mais cela ne semble pas interpeller le public profane et tous ceux qui commercialisent la testostérone sur le marché des particuliers (un business en progression). On peut aussi parler des services associés, comme les consultations médicales et les tests hormonaux. Les facteurs psychologiques, sociaux et culturels sont aussi des éléments importants qui doivent être évalués, discutés et traités dans la mesure du possible. Si le patient souffre d’autres affections, elles doivent être traitées en priorité.
La prévention est l’option la plus sûre et la moins coûteuse : apporter dans le mode de vie des changements qui traiteront une bonne partie des symptômes (aussi les niveaux de testostérone) et l’état de santé général. Pratiquement : éviter l’obésité, le tabagisme et l’alcool, bouger plus, essayer d’apprendre à se détendre et à bien dormir. Mais les patients, influencés par les médias et ayant souvent des attentes irréalistes, donneront peut-être la priorité à un traitement médicamenteux parce qu’il sera moins exigeant et assez facile à suivre. Même s’ils font l’objet d’une publicité importante, même s’ils sont appréciés, les compléments alimentaires n’ont pas fait leurs preuves.
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L'andropause existe-t-elle vraiment ?
L’existence ou pas de l’andropause est un sujet de discussion dans la communauté médicale. Certains scientifiques et médecins considèrent que l’andropause est un concept qui n’est pas suffisamment étayé par des preuves cliniques. Ils affirment que la plupart des symptômes et changements associés à l’andropause s’inscrivent simplement dans le processus de vieillissement normal des hommes.
Ces symptômes de vieillissement normal sont associés aux effets de la diminution de production de la testostérone, qui deviendraient alors visibles. Cela semble logique, mais en réalité, de nombreux autres facteurs jouent un rôle et on ne connaît pas les effets d’une légère baisse des niveaux de testostérone dans le processus de vieillissement naturel.
Si la lente diminution de la testostérone chez les hommes qui prennent de l’âge est reconnue, et si certains hommes peuvent ressentir des symptômes qui sont liés à cette diminution, il n’y a pas de consensus sur l’existence de l’andropause en tant qu’état pathologique clairement défini. Il n’y a pas de définition universellement acceptée de l’andropause, pas plus que des critères diagnostiques.
La plupart des symptômes associés à l’andropause peuvent donc être provoqués par d’autres facteurs (par exemple le vieillissement lui-même, le mode de vie, des médicaments, des changements sociaux, des affections comme les troubles cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, la BPCO, etc) et ne s’expliquent pas simplement par une baisse des taux de testostérone.
L'andropause est-elle le pendant masculin de la ménopause chez les femmes ?
L’andropause est parfois appelée la "ménopause masculine". Mais cette appellation est trompeuse parce que les processus sont complètement différents.
La ménopause est la conséquence d’un changement soudain, abrupt et significatif dans la production hormonale chez la femme à un moment précis de la vie. En moyenne, c’est 51 ans, mais différents facteurs peuvent accélérer le processus et amener une ménopause précoce, autour de 40-45 ans. La baisse rapide de la production d’œstrogènes et de progestatifs provoque l’arrêt de l’ovulation et des règles (après 12 mois, on parle de ménopause), et la fin de la période de fertilité.
Le début de la ménopause s’observe facilement. Elle s’accompagne de divers symptômes désagréables (bouffées de chaleur, sautes d’humeur, sécheresse vaginale), et le risque de maladies cardiovasculaires et d’ostéoporose peut augmenter.
Par contre, l’andropause est la conséquence d’une baisse progressive et très variable du taux de testostérone (et des hormones dérivées comme la dihydrotestostérone) chez les hommes prenant de l’âge. Ce processus peut provoquer divers symptômes comme une diminution de la libido, des troubles érectiles, de la fatigue, une diminution de la masse musculaire et de la densité osseuse, et des sautes d’humeur. Mais contrairement à la femme, un homme en parfaite santé peut rester puissant et fertile pendant presque toute sa vie malgré la baisse physiologique de testostérone. De plus, toutes les femmes sont concernées par la ménopause alors que tous les hommes ne sont pas touchés par l’andropause.
Et donc, s’il est tentant de comparer l’andropause et la ménopause, les processus sont complètement différents.
Les symptômes typiques du vieillissement chez les hommes lors de l'andropause sont-ils vraiment un problème médical ou sont-ils amplifiés par certains groupes d’intérêt ?
L’andropause fait penser à l’hypogonadisme classique, une affection médicale qui s’accompagne d’une altération de la fonction sexuelle (baisse de la libido et de l’érection), d’une fragilité osseuse avec un risque accru de fractures ostéoporotiques, d’une diminution de la masse musculaire et d’une quantité de graisse abdominale supérieure à la normale. Les hommes souffrant d’hypogonadisme ont souvent l’impression de manquer d’énergie et sont plus facilement déprimés. Ils sont vite fatigués et encourent un risque accru de dépression. Ces profils sont traités avec succès à la testostérone.
Les symptômes de vieillissement typiques de l’andropause (chez des hommes par ailleurs en bonne santé) peuvent être comparés à une pâle décoction d’hypogonadisme. On peut donc être tenté de relier les deux processus et d’attribuer simplement les symptômes du vieillissement à une diminution des concentrations de testostérone. La testostérone à faible dose apparaît alors comme un véritable élixir de jeunesse.
L’andropause est-elle médicalisée par des groupes d’intérêt, comme l’industrie pharmaceutique ? La question fait débat. Certains critiques affirment que cette industrie exagère les symptômes de l’andropause pour promouvoir des thérapies et des compléments alimentaires à base de testostérone en les faisant passer pour des solutions.
D’autres estiment que la thérapie de remplacement de la testostérone est une option thérapeutique légitime pour les hommes présentant des symptômes cliniques significatifs de faible taux de testostérone.
Il est important de noter que tous les hommes présentant de faibles taux de testostérone n’ont pas besoin d’un traitement et que la thérapie de remplacement de la testostérone peut impliquer des risques pour la santé, notamment un risque accru de maladies cardiovasculaires. La décision de recourir à une thérapie de remplacement de la testostérone doit donc être mûrement réfléchie et elle doit être prise après concertation avec un médecin qualifié.
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