Comment éviter les effets secondaires et les erreurs médicamenteuses ?

La crise du coronavirus a brusquement mis les effets secondaires des vaccins au centre du débat public. Mais les médicaments peuvent eux aussi avoir des effets secondaires, même ceux qu’on peut obtenir sans ordonnance, comme de simples antidouleurs.

Aucun médicament n’est totalement exempt de risques et les erreurs médicamenteuse, dues à la mauvaise utilisation ou administration d’un médicament, sont plus fréquentes qu’on ne le pense. Notre dernière enquête révèle que un Belge sur trois y a déjà été confronté.

Pourquoi il est important d’éviter les effets secondaires

Les effets secondaires sont les effets indésirables ou non souhaités d’un médicament. Selon le médicament, il peut s’agir par exemple de maux de tête, de diarrhée, de vertiges, de somnolence, etc. Les effets secondaires sont généralement légers, mais il arrive que les patients signalent des effets secondaires dangereux, voire mortels.  

En savoir davantage sur les effets secondaires

C’est ainsi que le décontractant musculaire Myolastan a été retiré du marché en 2013 en raison des sérieuses infections cutanées qu’il pouvait provoquer et que les médicaments à base de dompéridon (Motilium p. ex.) ne sont aujourd’hui délivrés que sur ordonnance, en raison du risque accru de défaillance cardiaque qu’ils représentent chez certains groupes.

Responsabilité partagée entre le médecin et le patient

Vous trouverez un inventaire de la plupart des effets secondaires dans la notice du médicament. Votre médecin doit vous informer activement des effets secondaires possibles et les identifier en tant que tels. Mais le patient doit lui aussi identifier et signaler les effets secondaires. 

Il est utile de passer régulièrement en revue avec votre médecin les médicaments que vous prenez et de voir s’ils provoquent des effets secondaires, surtout quand des changements interviennent, comme l’ajout ou la cessation d’un médicament ou un changement de dosage.

Consultez ici la notice de votre médicament

Facteurs qui influencent le risque d’effets secondaires

Le risque de subir des effets secondaires d’un médicament et la nature de ces effets varient selon la situation. 

Différences personnelles

Votre sensibilité aux effets secondaires dépend de toute une série de facteurs personnels. L’âge, la taille ou le poids par exemple. Mais des allergies, d’autres médicaments que vous prenez déjà ou certaines affections sous-jacentes peuvent aussi avoir leur influence.

Cela complique évidemment l’identification de tel ou tel problème médical comme étant un effet secondaire. La règle de base est que tout problème survenant après l'adoption ou le changement récent d'un médicament doit être considéré comme un effet secondaire, jusqu'à ce qu'on puisse exclure que c’est de cela qu’il s’agit. 

Erreurs médicamenteuses

Les erreurs médicamenteuses peuvent elles aussi provoquer des effets secondaires. Et elles constituent même, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, une des principales causes de dommages évitables dans les soins de santé.

Il s'agit d'accidents involontaires et évitables susceptibles de causer un dommage au patient lorsque des médicaments sont mal utilisés. Ces erreurs peuvent survenir à toutes les phases du processus : lors de la prescription du médicament, au moment de sa vente, lors de sa prise ou lors de son administration.

Les médicaments peuvent par exemple être pris trop brièvement ou au contraire trop longtemps, le pharmacien peut délivrer accidentellement un médicament au nom similaire, le patient peut sauter une dose puis en prendre deux en même temps, ou encore les médicaments peuvent être conservés dans de mauvaises conditions, ce qui peut influencer leur efficacité.

Comment éviter les effets secondaires et les erreurs médicamenteuses

Le risque de sérieuses conséquences pour la santé est plus important dans un environnement médical comme un hôpital, parce que les patients sont par définition généralement déjà affaiblis et parce que les médicaments qu’on leur administre sont plus puissants. 

Mais chez soi également, il est important de ne pas prendre les médicaments à la légère. Dès lors, lisez toujours attentivement la notice, interrogez le pharmacien en cas de doute et respectez nos dix règles d’or. 

1. Conservez les médicaments selon les instructions

La plupart des médicaments doivent être conservés au sec, à l’abri de la lumière et à température ambiante. C’est-à-dire : pas dans la salle de bain, où le taux d’humidité élevé et les fortes variations de température sont funestes pour la stabilité du produit.
Certains médicaments, comme l’insuline ou les vaccins, doivent être conservés entre 2 et 8°C, c’est-à-dire au frigo. Consultez systématiquement la notice.
Conservez d’ailleurs les médicaments des différents membres de la famille en des endroits distincts pour éviter toute confusion. 

2. Ne changez pas le mode d’administration

Les médicaments peuvent être avalés, injectés, inhalés ou appliqués sous forme de pommade. C’est sous cette forme que leur substance active possède son maximum d’efficacité et, en la changeant, vous risquez d’empêcher le bon fonctionnement du produit. 

Respectez toujours les instructions du pharmacien. Dès lors, n'écrasez pas et n'ouvrez pas les comprimés et les gélules sans vous être d’abord informé, ne découpez pas les pansements et ne congelez pas les solutions liquides ou injectables.

3. Ne dépassez pas ce qui est prescrit, même pas si vous avez sauté une dose

Si vous avez omis de prendre une dose, ne prenez pas une double dose lors de la prise suivante. Attendez tout simplement la dose suivante et poursuivez le traitement.

4. Evitez les doublons avec la même substance active

Vérifiez la composition de vos médicaments et évitez de prendre plusieurs médicaments avec la (les) même(s) substance(s) active(s). Beaucoup de médicaments (vendus sans ordonnance) ont des noms de marque différents, mais contiennent les mêmes substances actives et ont une composition similaire.

C’est ainsi que Sinutab, un médicament connu contre la sinusite et le rhume, contient 500 g de paracétamol par comprimé. Si vous combinez ces comprimés avec un simple antidouleur à base de paracétamol comme du Dafalgan, vous absorbez une double dose et vous risquez bien davantage de dépasser la dose journalière maximum, avec tous les risques que cela comporte.

5. Ne prenez pas de médicaments sur les conseils de tierces personnes. Ne prenez que des médicaments prescrits par un médecin ou approuvés par les autorités.

Des parents ou des amis nous recommandent souvent, avec les meilleures intentions du monde, des médicaments ou des remèdes à base de plantes dont ils ont été satisfaits.

Toutefois, ne perdez pas de vue que les médicaments ne sont jamais inoffensifs, qu’ils ont quasi tous des effets secondaires et que, selon notre état de santé, le même médicament peut avoir des réactions différentes chez d'autres personnes.

6. Attention aux préparations “naturelles” à base de plantes

Les préparations à base de plantes, les plantes médicinales et les suppléments alimentaires peuvent interagir avec d’autres médicaments que vous prenez et déclencher des réactions indésirables. Dès lors, ne prenez jamais ces médicaments de votre propre initiative, mais demandez d’abord à votre médecin ou votre pharmacien si vous pouvez les combiner en toute sécurité avec votre traitement.

7. Dressez la liste de tous les médicaments que vous prenez

Si vous souffrez d’une maladie chronique et/ou si vous prenez plusieurs médicaments, tenez la liste actualisée de tous vos médicaments, avec le nom de la substance active, le dosage, le nombre de doses et les moments où vous devez prendre le produit.

Conservez cette liste à portée de main et tenez-la à jour en cas de besoin. Vous pourrez ainsi la présenter à la demande d’un prestataire de soins, comme un dentiste, un service d’urgences, un pharmacien, etc.

8. Ne dosez pas les médicaments liquides à vue d'oeil, mais avec l’unité de mesure qui accompagne le produit

Les médicaments liquides comme les sirops sont toujours fournis avec un gobelet doseur, une cuiller ou une seringue pour mesurer la dose avec précision. Respectez les instructions de la notice et utilisez l'unité de mesure fournie, jamais une cuiller ordinaire. Si vous égarez cette unité de mesure, demandez à la pharmacie de vous en fournir une autre.

Chez les enfants en particulier, il peut arriver qu’on ne sache plus très bien à quoi correspondent les chiffres : à l'unité de mesure (ml ou mg), à l'âge ou au poids de l'enfant. Respectez toujours la dose prescrite et ne donnez pas de médicaments "à l'oeil". 

9. Vérifiez régulièrement la date de péremption

La date de péremption figure toujours sur l’emballage. Vérifiez au moins une fois par an la date de vos médicaments dans l’armoire à pharmacie.

10. Ramenez à la pharmacie les médicaments périmés ou en excédent

Ramenez à la pharmacie les médicaments périmés ou en excédent, pour qu’ils puissent être recyclés convenablement et qu’on ne les retrouve pas dans l’eau potable. Ne les jetez pas et ne les conservez pas pour une utilisation ultérieure.

Signalez toujours les erreurs médicamenteuses et les effets secondaires

Il est important de signaler systématiquement les effets secondaires, même légers. Il en va de même pour les erreurs médicamenteuses. Même si vous n’avez pas remarqué d’effet secondaire, vous pouvez le signaler à votre médecin, votre pharmacien ou directement à l’AFMPS. Vous contribuerez ainsi à des médicaments plus sûrs.

En signalant les effets secondaires, vous aidez les instances compétentes à vérifier s’il existe un lien de cause à effet entre votre problème et le médicament ou l’erreur, et à intervenir si nécessaire (modification de la notice, communication particulière des prestataires de soins, retrait du médicament…).