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L’Europe doit veiller au prix et à la disponibilité des médicaments contre le coronavirus

06 avril 2020
medicaments coronavirus

À travers le monde, des chercheurs planchent actuellement sur des vaccins et des médicaments en mesure de combattre le coronavirus, bien souvent avec de l'argent public. Ces produits devront être mis à la disposition de ceux qui en auront besoin. Il est donc important d'imposer des conditions à cette recherche.

A l’heure où nous rédigeons cet article, la Belgique est déjà confinée depuis une semaine. En coulisses, les chercheurs des universités, entreprises biotech et grandes firmes pharmaceutiques travaillent sans relâche au développement de tests de diagnostic, vaccins et autres médicaments contre ce virus tenace. De tels efforts et investissements sont nécessaires, mais il importe à présent de fixer les bonnes conditions, de façon à ce que nos impôts débouchent également sur des produits abordables.

L’Europe investit

Depuis janvier, différents Etats membres ont déjà libéré des moyens considérables pour soutenir le développement de tests de diagnostic, traitements et vaccins. La Commission européenne aussi a déjà débloqué des millions d’euros pour favoriser la recherche sur la COVID-19. L’Europe distribue les moyens par le biais de ses programmes de recherche habituels comme Horizon 2020 et l’Initiative Médicaments Innovants (IMI).

Manque de conditions

Début mars, l’IMI a lancé un appel pour des projets de recherche dans le cadre de la crise du coronavirus. Au total, 45 millions d'euros vont être investis. L’objectif est de contribuer ainsi au développement de médicaments et de tests de diagnostic relatifs à la COVID-19. 

Dans cet appel, les clauses d’abordabilité devant faire en sorte que le produit fini soit à la portée de quiconque en a besoin sont passées sous silence. Aucune attention n’a été portée aux risques liés aux problématiques de disponibilité en cas de conclusion de "licences exclusives", en vertu desquelles une seule firme assure la production à très grande échelle.

L’approche "Business as usual" coûte des vies

Cette crise du coronavirus est une urgence en matière de santé publique. Nous ne pouvons pas tolérer qu’une approche "business as usual" soit suivie. Dans ce genre d'approche, la dynamique du marché fixe les prix au détriment d’un accès rapide. De plus, les considérations financières donnent la marche à suivre et déterminent l’endroit et le moment où les produits seront disponibles. Une telle approche coûte des vies.

Besoin de conditions

Nous voulons dès lors insister auprès des institutions européennes et des différents Etats membres afin qu’un certain nombre de conditions visant à garantir les intérêts sociétaux soient liées aux investissements actuels et à venir. Nous songeons concrètement à la transparence en matière de contributions publiques ainsi qu’aux clauses d’accessibilité, d’abordabilité et de licences non-exclusives. Nous leur avons adressé un courrier en ce sens aux côtés de 60 autres organisations.

Seules de telles mesures pourront en effet garantir que les vaccins et les traitements contre le coronavirus arrivent auprès de ceux qui en ont besoin, pour ainsi sauver des vies.

Aux côtés de Kom op tegen Kanker et de Médecins du Monde, nous avons déjà plaidé par le passé en faveur de l’instauration de conditions en matière d’allocation de fonds pour la recherche biomédicale au profit de l’industrie et des institutions de recherche comme les universités. Découvrez-les en détail dans notre dossier. Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que tous les médicaments développés à partir de recherches subventionnées par nos impôts soient disponibles pour les patients du monde entier à un prix abordable.