Les produits chimiques au quotidien


Vous êtes en permanence – souvent sans le savoir – entouré chez vous de différentes substances chimiques. Elles peuvent émaner de vos meubles et tentures, votre ordinateur, vos vêtements, les produits de nettoyage dans votre armoire, les jouets des enfants et la liste n’est pas exhaustive. Vous les inhalez ou les assimilez dans votre organisme par le biais de l’alimentation ou de la peau.
Les substances chimiques ont une fonction utile : elles assouplissent le plastique, retardent le feu, tuent les microbes, préviennent la formation de moisissures etc. Toutes ne sont pourtant pas inoffensives, loin s’en faut. Certaines substances sont dangereuses, surtout pour les enfants en bas âge et les femmes enceintes.
Des contacts répétés avec des substances nocives dans votre intérieur et sur les objets du quotidien peuvent occasionner différents problèmes de santé. Citons ainsi des éruptions cutanées, des démangeaisons, des maux de tête, des problèmes respiratoires ou d’autres symptômes moins précis, souvent réunis sous le vocable "sick building syndrome" (syndrome du bâtiment malsain).
L’exposition répétée à des retardateurs de flammes dans les garnitures de siège, les matelas, les tentures, les moquettes et dans les appareils électriques et électroniques peut entraîner, surtout chez les enfants en bas âge, des problèmes hormonaux, de croissance et de développement, et même provoquer un risque de diabète. Certains phtalates, utilisés comme assouplissants du plastique de beaucoup d’objets en pvc comme les rideaux de douche, les jouets etc, perturbent le fonctionnement hormonal.
Beaucoup de produits cosmétiques contiennent des parfums et des conservateurs susceptibles d’irriter la peau et de provoquer des allergies.
Le formaldéhyde, qui peut notamment se dégager de la colle des meubles, des peintures et des tissus infroissables, est susceptible de provoquer une irritation des yeux, de la gorge et des voies respiratoires et, à terme, d’entraîner de l’asthme et des allergies.
Dans le recouvrement teflon de vos poêles antiadhésives, dans votre salon antitaches ou dans votre veste de trekking en Goretex, on trouve des perfluorocarbures (PFC). Certains sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
Les enfants en basâge sont particulièrement exposés : ils rampent par terre, mettent en bouche des objets qu’ils sucent et qu’ils mâchent. Ils absorbent ainsi beaucoup de substances susceptibles de perturber leur développement. Les femmes enceintes doivent elles aussi faire montre d’une prudence particulière, car ces substances peuvent atteindre le fœtus à travers le placenta.
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Les substances chimiques comme les retardateurs de flammes bromés (BFR) qu’on trouve dans les sièges, les tapis, les tentures et les appareils électriques, ainsi que le formaldéhyde contenu dans la colle des meubles en contreplaqué se fixent aux particules de poussière que vous inhalez.
Il est donc essentiel d’épousseter et d’aspirer régulièrement, de préférence avec un appareil équipé d’un filtre HEPA qui retient les particules fines. Aérez bien la pièce pour évacuer les poussières en suspension, surtout si vous avez introduit de nouveaux meubles, appareils ou autres objets. Passez régulièrement un chiffon humide et lavez-vous régulièrement les mains et celles de vos enfants.
Préférez les meubles et les appareils multimédias arborant l’écolabel européen et ne contenant pas de retardateurs de flammes.
Pour vos vêtements, vos draps de lit et vos essuie-mains, choisissez du coton bio, du lin ou du chanvre. Vous pouvez par exemple vous fier au label Oekotex. Lavez les nouveaux textiles avant de les utiliser une première fois. N’achetez pas de tissus infroissables, anti-taches ou anti-transpirants, afin d’éviter tout contact avec des PFC ou du formaldéhyde. Si vous portez des chaussures en cuir, portez des chaussettes. Votre matelas contient toute une série de substances chimiques, comme des retardateurs de flammes, des biocides contre les acariens, etc. Choisissez un matelas au label GOTS ou Oekotex, qui contient un minimum de substances chimiques nocives.
Evitez les objets pour enfants garnis de polyuréthane contenant des retardateurs de flammes, et préférez des peluches et des coussins rembourrés de coton, de polyester ou de laine. Evitez tout contact de la peau du bébé ou du jeune enfant avec ces perturbateurs endocriniens que sont les phtalates du plastique. Mettez un essuie-main sur le coussin à langer et ne faites pas porter aux tout-petits des vêtements décorés de motifs plastiques, car ils contiennent des phtalates. Attention aussi aux phtalates contenus dans des objets gonflables, comme des brassards de bain, ainsi que dans des jeux en plastique ou des jouets d’origine douteuse. Avec des jouets en bois non traité et des peluches en fibres naturelles, vous êtes tout à fait tranquille.
Le maquillage pour enfants utilisé lors des fêtes déguisées peut contenir des métaux lourds, des perturbateurs endocriniens ou des allergènes, même s’ils portent la mention « hypoallergénique » ou « testé dermatologiquement ». Mieux vaut ne pas en utiliser sur les enfants de moins de 3 ans. Optez pour des produits à base d’eau et assurez-vous que les ingrédients y soient mentionnés. Evitez le propyl et le butylparabène, ainsi que l’éthylhexylméthoxycinnamate. Testez 24 h au préalable une éventuelle allergie sur la main ou dans le creux du coude. Vous en saurez plus à ce sujet en parcourant notre dossier Maquillages pour enfants: à quoi devez-vous faire attention ?
Les produits cosmétiques les plus sûrs sont ceux sans parfums allergènes et sans conservateurs irritants. Vous trouverez une liste de parfums allergènes dans notre dossier Analyse des ingrédients contenus dans les cosmétiques.
Evitez les dentifrices au peroxyde d’hydrogène, un agent blanchissant agressif. Le triclosan a lui aussi mauvaise réputation en raison de son effet perturbateur endocrinien. Selon nous, cette substance n’a pas sa place dans les savons et les cosmétiques, bien que sa présence se justifie dans certaines eaux buccales. Ne gaspillez pas votre argent dans des lingettes humides. Elles irritent la peau.
La plupart des produits d’entretien sont superflus. Vous pouvez venir à bout de la saleté au moyen de simples produits naturels. Au lieu de javel ou de nettoyant multi-surfaces, vous pouvez utiliser du bicarbonate de soude mélangé à de l’eau pour éliminer les taches de graisse. Ajoutez quelques gouttes de citron, et vous aurez une bonne odeur de frais.
Le vinaigre est un nettoyant de toilettes très efficace. L’eau chaude additionnée d’un peu de vinaigre ou de jus de citron fera merveille pour laver vos vitres. En laissant agir quelques heures une pâte faite d’eau et de bicarbonate appliquée sur les endroits souillés du four, la saleté partira d’elle-même.
Si vous préférez quand même les nettoyants du commerce, choisissez des produits écologiques. Ne mélangez pas de produits entre eux, car vous risqueriez de provoquer de dangereuses réactions chimiques.
Dans notre guide pratique Entretien ménager de A à Z, vous trouverez des solutions pour tous vos problèmes de nettoyage et d’entretien ménager.
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Utilisez une peinture produisant le moins possible d’émissions nocives. Vous les reconnaîtrez à l’écolabel illustré par la fleur sur le pot de peinture.
La peinture à base d’eau est préférable à celle à base d’huile, qui contient souvent un diluant irritant.
Vous avez posé un nouveau revêtement de sol, vous l’avez verni ou vous l’avez peint ? Aérez les lieux à fond et attendez que toutes les odeurs se soient évacuées avant de réoccuper la pièce.
N’utilisez pas de désodorisants. Les sprays, les bougies parfumées, les huiles et autres diffuseurs répandent des substances irritantes et allergènes. Les bâtonnets d’encens propagent même dans l’air des substances cancérogènes comme le formaldéhyde et le benzène.
Pour éliminer une odeur désagréable, mieux vaut ouvrir grand la fenêtre. Un nettoyage avec des cristaux de soude viendra à bout des mauvaises odeurs émanant de certaines sources comme une litière pour chats. Surtout, évitez l’emploi de désodorisants en présence ou à proximité de jeunes enfants ou de femmes enceintes.
Préférez un sol recouvert d’un plancher en bois, de pierre naturelle, d’un carrelage en céramique, de béton injecté, de linoleum ou d’un tapis en fibres naturelles plutôt qu’un revêtement en vinyle, qui peut contenir des phtalates et du formaldéhyde. Les particules volatiles qui en émanent peuvent être à l’origine d’allergies. Le risque est particulièrement réel pour des enfants qui déambulent à quatre pattes. Pour les mêmes raisons, préférez des parois de douche en verre à un rideau de plastique.
Si le revêtement antiadhésif de votre poêle est griffé, il peut libérer des particules nocives. Mieux vaut une poêle céramique, un ustensile en fonte ou en inox, ou encore une casserole en cuivre ou une poêle en acier. N’abusez pas des boîtes de conserve, qui contiennent du bisphénol A, un perturbateur endocrinien. Conservez plutôt les aliments dans des récipients en verre ou en porcelaine. Evitez les ustensiles et les flacons en plastique, car les produits chimiques qu’ils contiennent peuvent passer dans vos aliments.
Les insecticides ne sont pas inoffensifs pour les humains non plus. Evitez-les donc autant que possible. L’ail et le piment rouge peuvent eux aussi tenir à distance certains insectes indésirables.
Ne restez pas dans une pièce où est branché un appareil électrique à tablette ou à liquide insecticide. Laissez-le d’abord agir, puis aérez avant de pénétrer dans la pièce. N’utilisez pas de bombe insecticide en présence ou à proximité d’enfants, de femmes enceintes ou d’animaux domestiques, et veillez à ce que les produits n’aboutissent pas sur les aliments.
Avant 2008, plus de 100 000 substances chimiques étaient utilisées dans les objets du quotidien. Pour la plupart d’entre elles, l’impact sur la santé et l’environnement n’avait fait l’objet d’aucune analyse ou presque.
La donne a changé en 2008 avec l’introduction de la réglementation européenne REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals). Celle-ci obligeait les fabricants à faire enregistrer les substances chimiques auprès de l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA) pour pouvoir être mises sur le marché. Cet organisme en évalue les risques pour la santé et l’environnement et dresse la liste des substances les plus préoccupantes. Les substances qualifiées de dangereuses et non enregistrées ne peuvent plus être présentes dans des produits commercialisées en Europe depuis l’entrée en vigueur de la réglementation REACH.
Entre-temps, quelque 24.000 substances ont été enregistrées pour être évaluées. Une bonne chose, mais pas vraiment de quoi se réjouir. 90 % des dossiers sont incomplets, et les évaluations par l’ECHA avancent de manière désespérément lente : 184 dossiers ont été examinés en 2016, 222 en 2017. A ce rythme, l’objectif de REACH, un environnement sûr, reste un rêve inaccessible, tandis que des messages alarmants concernant les risques pour la santé de différentes substances nous parviennent sans discontinuer.
De même, le contrôle du respect de la réglementation REACH est lui aussi insuffisant. Exemple : 33 substances sont interdites dans le textile et les chaussures en raison de leurs propriétés cancérigènes ou du danger pour la reproduction. Lors d’une récente analyse, nos collègues français ont trouvé des substances interdites dans différents produits. Les importations d’hors Europe passent souvent au travers des mailles du filet.
En tant que consommateur, vous avez le droit de savoir si un produit contient ou non des substances nocives. Parfois, ces informations peuvent être consultées sur le site Web du producteur. Si tel n’est pas le cas, vous pouvez demander les données au fabricant ou au distributeur. Sur la base de la réglementation européenne REACH, ces derniers ont l’obligation de répondre gratuitement à votre demande dans les 45 jours.
La pratique nous enseigne que de telles demandes restent bien souvent lettre morte, mais que cela ne vous décourage pas. Plus les producteurs sont poussés à communiquer de manière transparente, mieux c’est.
Pour demander des informations sur les substances nocives présentes dans les produits que vous achetez, vous pouvez utiliser notre modèle de courrier Information sur la présence de substances chimiques dangereuses. Demande d’information relative aux substances nocives. Il vous suffit de modifier les parties grisées et d’envoyer votre demande par la poste ou par courrier électronique.
Si aucune réponse ne vous est fournie, signalez-le-nous via notre page contact ou téléphonez-nous au 02 542 32 00. En tant qu’organisation de consommateurs, nous pouvons faire pression pour faire valoir vos droits à l’information.