Les agriculteurs ont-ils le droit de pulvériser des pesticides près de votre jardin ? Voici la législation en Belgique

Récemment, l'un de nos membres s'est inquiété pour son potager. Le terrain en bordure de son jardin sera bientôt transformé en champ, et il s'inquiète de l'utilisation de pesticides par l'agriculteur et les répercussions sur sa parcelle.

"Je voudrais savoir si l’usage des pesticides aura des conséquences sur mon potager, et comment se prémunir des risques potentiels dans une telle situation", nous explique-t-il. "Concrètement, puis-je encore cultiver sans danger des légumes dans mon jardin ? J’aimerais également savoir si l'agriculteur est tenu de respecter des obligations quant aux périodes de pulvérisation, les dimanches et jours fériés par exemple."

Les risques de la pulvérisation de pesticides pour votre jardin

L’épandage de pesticides dans un champ peut affecter votre jardin et l'environnement de plusieurs façons :

1. Dérive des pulvérisations. Les pesticides appliqués en pulvérisation peuvent être transportés par le vent, surtout si les conditions météorologiques ne sont pas optimales (vent fort, temps sec, forte chaleur). Ils polluent ainsi l'air que nous respirons.
2. Ruissellement des pesticides. Lorsqu’il pleut, les produits chimiques utilisés dans les champs peuvent être entraînés par l’eau et contaminer les sols sur lesquels ils sont emportés. Certains pesticides persistent dans l’environnement et peuvent s’accumuler dans le sol, affectant la qualité des légumes cultivés. Les substances pulvérisées peuvent aussi s’infiltrer dans la nappe phréatique ou les cours d’eau.

Nos conseils pour protéger son jardin et sa santé des pesticides

Il est donc difficile de garantir une absence totale de contamination, mais vous pouvez limiter les risques au moyen de ces quelques précautions :

• Créer une barrière physique. Une haie dense (troène, charme, laurier, noisetier, etc.) peut limiter la dérive des pulvérisations. L’idéal est une haie mixte avec des feuillages denses à différentes hauteurs. Un filet antidérive (comme ceux utilisés en viticulture ou en maraîchage) peut être installé temporairement en période de traitement.
• Surveiller les conditions météorologiques. Vérifiez les jours de pulvérisation en discutant avec l’agriculteur. Fermez vos fenêtres le cas échéant et, si nécessaire, couvrez le potager avec des voiles les jours de pulvérisation.
• Choisir des cultures moins exposées. Privilégiez les légumes à racines (carottes, pommes de terre, betteraves), qui sont moins sensibles que les légumes à larges feuilles (salades, épinards, choux). Cultiver sous serre ou sous tunnel peut aussi réduire l’exposition directe.
• Laver et éplucher les légumes. Rincez soigneusement les légumes avec de l’eau et du bicarbonate de soude. Épluchez ceux qui peuvent l’être pour limiter la consommation de résidus.

Couvrir votre potager les jours de pulvérisation ou opter pour une culture sous serre peut protéger vos légumes.

Quelle est la législation sur les pesticides en Belgique ?

En Belgique, l’utilisation des pesticides est encadrée par plusieurs règles :

• Les agriculteurs doivent respecter des zones tampons. Il existe des distances minimales à respecter entre une zone traitée et une habitation, un cours d’eau, une école ou encore une maison de repos. Ces distances varient selon la nature des produits, le matériel utilisé, les lieux concernés ou la région. Dans le cas présent, notre membre peut demander à l’agriculteur s’il connaît et respecte ces obligations, et s'il tient bien un registre des pulvérisations effectuées.
• Interdiction de traiter par grand vent. En général, la pulvérisation est interdite si le vent dépasse trois Beaufort (environ 20 km/h).
• Restrictions sur les horaires et les jours de pulvérisation. Il n’existe pas d’interdiction stricte concernant le traitement les dimanches ou jours fériés, mais certaines communes peuvent imposer des règles locales. Les agriculteurs doivent respecter des plages horaires pour éviter l’exposition des riverains (souvent tôt le matin ou en soirée).

Pour connaitre les règles en vigueur chez vous, contactez le service écoconseil ou aménagement du territoire de votre commune, qui gère les plaintes et contrôles liés aux pesticides.

Rien de mieux qu’un bon dialogue avec les agriculteurs

Mais la meilleure approche reste avant tout de dialoguer avec l’agriculteur. Vous pourrez ainsi lui faire part de vos préoccupations, et il pourra vous fournir des informations sur les traitements prévus.

Plusieurs riverains partagent vos inquiétudes ? Vous pouvez vous regrouper pour lancer une action collective. Vous aurez ainsi plus de poids pour demander des ajustements installation de haies, meilleure communication, adaptation des pratiques, etc.

Comment savoir si mes légumes sont sans danger ?

Vous voulez contrôler directement la qualité de votre sol et des légumes qui en sortent pour être certain qu’il n’y a pas eu de contamination ?

Vous pouvez consulter le laboratoire de la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech ou du Centre provincial de l’agriculture et de la ruralité (CPAR) ou le Bodemkundige Dienst van België. En Wallonie, une prime de 50 € est prévue pour financer une analyse de sol et/ou de légumes. Cette prime n'existe malheureusement pas en Flandre.

Bref, si vous vous trouvez dans la même situation que notre membre, vous pouvez continuer à cultiver votre potager, mais certaines précautions seront de mise. Le mieux reste, encore une fois, de prendre directement contact avec l’agriculteur.

Découvrez notre calendrier des fruits et légumes de saison en Belgique