56 nouveaux allergènes à indiquer sur l’étiquette des cosmétiques

Il aura fallu du temps, mais la Commission européenne a enfin apporté des modifications au règlement européen sur les cosmétiques.
Publié en juillet 2023 sur base d’un avis du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) datant de 2012, ce nouvel amendement ajoute 56 substances parfumantes allergisantes à la liste des allergènes reprise dans le règlement. Cette liste contiendra désormais 80 ingrédients à déclarer obligatoirement sur l’étiquette des produits cosmétiques lorsqu’ils sont présents à certaines concentrations.
Dans cet article, nous vous expliquons :
- Pourquoi ces substances allergènes ont été ajoutées à la liste existante
- Quelles sont les nouvelles substances allergènes répertoriées
- Dans quels types de produits on retrouve ces allergènes de parfum
- Les délais octroyés aux firmes cosmétiques pour adapter leurs étiquettes
- Pourquoi il est important pour les consommateurs que ces allergènes soient mentionnés sur l’étiquette des produits cosmétiques
Pourquoi ajouter de nouvelles substances à la liste des allergènes ?
Bien que le potentiel allergisant des substances parfumantes (qu’elles soient de synthèse ou naturelles) soit prouvé, elles sont plus de 2000 à être utilisées dans la formulation des produits cosmétiques. Or, les effets indésirables de ces ingrédients peuvent toucher, selon les estimations, entre 4 et 40 millions de personnes à l’échelle européenne.
La liste initiale des allergènes problématiques
Jusqu’ici, seuls 24 allergènes problématiques devaient obligatoirement être inscrits sur l’étiquette des cosmétiques dès qu’ils figuraient dans leur composition au-delà d’un certain seuil. Ils étaient 26 au départ, mais le butylphenyl methyl propional (lilial) et l’hydroxyisohexyl 3-cyclohexene carboxaldehyde (HICC) ne sont désormais plus utilisés en cosmétique.
Pourtant, bien d’autres ingrédients sont susceptibles d’entrainer des allergies : il était donc grand temps de d’allonger cette liste de ces allergènes à mentionner sur l’emballage des cosmétiques.
56 allergènes de plus : une mesure positive, mais tardive
Le potentiel nocif des ingrédients parfumants a été mis en évidence par le CSSC il y a plus de 10 ans. Depuis 2012, le comité scientifique alerte en effet la Commission sur la nécessité d’informer les consommateurs et le monde médical sur leur présence dans les produits cosmétiques et sur leurs effets indésirables possibles.
À l’époque, le CSSC avait identifié 56 allergènes supplémentaires ayant clairement provoqué des allergies chez l'homme et qui n’étaient jusque-là pas soumis à l'obligation d'étiquetage individuel. Ceux-ci sont classés dans la liste des ingrédients, sous le nom de fragrance, de parfum ou d'arôme.
D’après les experts, il existe bel et bien un risque pour la santé humaine lié à l'utilisation de ces substances. Celles-ci peuvent entrainer des allergies de contact (réactivité altérée du système immunitaire qui dure toute la vie) et, en cas de réexposition à une quantité suffisante de l’allergène concerné, causer de l’eczéma (dermatite allergique de contact). Il était donc important que la Commission agisse pour étendre cette liste des allergènes à indiquer sur les produits.
En savoir plus sur les ingrédients des cosmétiques
Quelles substances allergènes sont répertoriées et en quelle quantité ?
Les consommateurs devront désormais être informés de la présence, au-delà d’une certaine concentration, de certains éléments parfumants chimiques ou naturels (comme l’anéthol, le camphre, le menthol, le terpinéol, la vanilline, la lavendula, l’eucalyptus, etc.)
Les 56 nouvelles substances allergènes répertoriées sont les suivantes :
1. 3-Propylidenephthalide | 29. Lavandula Oil/Extract |
2. Acetyl Cedrene | 30. Lemongrass Oil |
3. Alpha-Terpinene | 31. Linalyl Acetate |
4. Amyl Salicylate | 32. Lippia citriodora absolute |
5. Anethole | 33. Mentha Piperita Oil |
6. Benzaldehyde | 34. Mentha Viridis Leaf Oil |
7. Beta-Caryophyllene | 35. Menthol |
8. Camphor | 36. Methyl Salicylate |
9. Cananga Odorata Oil/Extract | 37. Myroxylon Pereirae Oil/Extract |
10. Carvone | 38. Narcissus Extract |
11. Cedrus Atlantica Oil/Extract | 39. Pelargonium Graveolens Flower Oil |
12. Cinnamomum Cassia Leaf Oil | 40. Pinene |
13. Cinnamomum Zeylanicum Bark Oil | 41. Pinus Mugo |
14. Citrus Aurantium Bergamia Peel Oil | 42. Pinus Pumila |
15. Citrus Aurantium Flower Oil | 43. Pogostemon Cablin Oil |
16. Citrus Aurantium Peel Oil | 44. Rose Flower Oil / Extract |
17. Citrus Limon Peel Oi | 45. Rose Ketones |
18. Dimethyl Phenethyl Acetate | 46. Salicylaldehyde |
19. Eucalyptus Globulus Oil | 47. Santalol |
20. Eugenia Caryophyllus Oil | 48. Santalum Album Oil |
21. Eugenyl Acetate | 49. Sclareol |
22. Geranyl Acetate | 50. Terpineol |
23. Hexadecanolactone | 51. Terpinolene |
24. Hexamethylindanopyran | 52. Tetramethyl acetyloctahydronaphthalenes |
25. Isoeugenyl Acetate | 53. Trimethylbenzenepropanol |
26. Jasmine Oil/Extract | 54. Trimethylcyclopentenyl Methylisopentenol |
27. Juniperus Virginiana Oil | 55. Turpentine |
28. Laurus Nobilis Leaf Oil | 56. Vanillin |
Les nouvelles substances ajoutées à la liste existante des allergènes mentionnée dans le règlement européen sur les cosmétiques devront être mentionnées individuellement sur l’étiquette d’un produit lorsqu’elles sont présente à une concentration supérieure à :
- 0,001 % dans les produits sans rinçage ;
- 0,01 % dans les produits à rincer.
Où peut-on trouver ces nouvelles substances ?
Ces substances sont principalement présentes dans les fragrances, qui sont des composés organiques aux odeurs caractéristiques, généralement agréables. Elles sont largement utilisées dans les parfums et autres produits cosmétiques parfumés, mais aussi dans de nombreux autres produits tels que les détergents, les assouplissants et divers produits ménagers.
Délais et périodes d'adaptation pour les entreprises
Bien que la réaction de la Commission à la mise en garde des experts ait déjà été lente, les consommateurs devront encore faire preuve de patience avant d’être mieux informés sur la présence de ces 56 allergènes dans les produits cosmétiques. En effet, les entreprises cosmétiques sont loin d’être ravies de cette modification du règlement et se révèlent peu pressées de la mettre en œuvre, invoquant, entre autres, des coûts supplémentaires et le temps nécessaire à l’adaptation des formules.
Une période de transition
La Commission européenne s’est donc montrée conciliante et leur accorde une période de transition pour s’ajuster aux nouvelles exigences.
Les délais accordés aux firmes pour se mettre en conformité sont les suivants :
- 3 ans pour les nouveaux produits qui entrent sur le marché de l’Union européenne (donc avant le 31 juillet 2026).
- 5 ans pour les produits cosmétiques déjà présents sur le marché de l’Union européenne (donc avant le 31 juillet 2028).
En tout, on pourra donc compter 16 ans entre la mise en garde du CSSC et la mise en œuvre des nouvelles obligations en matière d’étiquetage. On peut cependant espérer que les entreprises n’attendront pas tout ce temps pour réétiqueter ou reformuler leurs produits et réagiront avant l’échéance fixée.
Pourquoi la déclaration de ces substances est-elle importante ?
Bien que trop tardive à notre goût, cette révision est positive et était nécessaire. Elle permettra de mieux protéger les consommateurs contre les risques d’allergies et de limiter les erreurs de diagnostic dues au manque d’informations sur les composants auxquels ont été exposés les patients.
Entre 1 et 9% des Européens sont allergiques
Au sein de l’Union européenne, on estime que 1 à 9 % de la population est allergique aux allergènes de parfum. Et lorsqu’une personne est déjà sensibilisée à un allergène, elle peut déclencher des symptômes allergiques à une concentration très faible : il est donc important qu’elle puisse s’informer sur les ingrédients allergisants que contiennent les produits qu’elle utilise, même s’ils sont présents en faible dose.
90% des produits cosmétiques potentiellement visés
D’après les firmes du secteur cosmétique, plus de 90% des produits devront changer d’étiquetage : cela montre l’étendue de l’utilisation de ces allergènes dont les consommateurs n’étaient jusqu’ici pas informés de la présence.
Pour préserver leur santé, les citoyens doivent avoir la possibilité de choisir les produits qu’ils achètent connaissant les risques éventuels qu’ils comportent pour eux. À cet égard, la transparence des étiquettes apparait comme essentielle.