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56 nouveaux allergènes à indiquer sur l’étiquette des cosmétiques

15 septembre 2023
Lecture des allergènes sur les étiquettes de produits cosmétiques

Plus de 10 ans après la mise en garde des experts, la Commission européenne révise son règlement sur les cosmétiques en étendant l’obligation d’étiquetage individuel à 56 nouvelles substances allergènes. Découvrez lesquelles et pourquoi ce changement est important pour le consommateur.

Il aura fallu du temps, mais la Commission européenne a enfin apporté des modifications au règlement européen sur les cosmétiques.

Publié en juillet 2023 sur base d’un avis du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) datant de 2012, ce nouvel amendement ajoute 56 substances parfumantes allergisantes à la liste des allergènes reprise dans le règlement. Cette liste contiendra désormais 80 ingrédients à déclarer obligatoirement sur l’étiquette des produits cosmétiques lorsqu’ils sont présents à certaines concentrations. 

Dans cet article, nous vous expliquons :

Pourquoi ajouter de nouvelles substances à la liste des allergènes ?

Bien que le potentiel allergisant des substances parfumantes (qu’elles soient de synthèse ou naturelles) soit prouvé, elles sont plus de 2000 à être utilisées dans la formulation des produits cosmétiques. Or, les effets indésirables de ces ingrédients peuvent toucher, selon les estimations, entre 4 et 40 millions de personnes à l’échelle européenne.

La liste initiale des allergènes problématiques

Jusqu’ici, seuls 24 allergènes problématiques devaient obligatoirement être inscrits sur l’étiquette des cosmétiques dès qu’ils figuraient dans leur composition au-delà d’un certain seuil. Ils étaient 26 au départ, mais le butylphenyl methyl propional (lilial) et l’hydroxyisohexyl 3-cyclohexene carboxaldehyde (HICC) ne sont désormais plus utilisés en cosmétique.

Pourtant, bien d’autres ingrédients sont susceptibles d’entrainer des allergies : il était donc grand temps de d’allonger cette liste de ces allergènes à mentionner sur l’emballage des cosmétiques.

56 allergènes de plus : une mesure positive, mais tardive

Le potentiel nocif des ingrédients parfumants a été mis en évidence par le CSSC il y a plus de 10 ans. Depuis 2012, le comité scientifique alerte en effet la Commission sur la nécessité d’informer les consommateurs et le monde médical sur leur présence dans les produits cosmétiques et sur leurs effets indésirables possibles.

À l’époque, le CSSC avait identifié 56 allergènes supplémentaires ayant clairement provoqué des allergies chez l'homme et qui n’étaient jusque-là pas soumis à l'obligation d'étiquetage individuel. Ceux-ci sont classés dans la liste des ingrédients, sous le nom de fragrance, de parfum ou d'arôme.

D’après les experts, il existe bel et bien un risque pour la santé humaine lié à l'utilisation de ces substances. Celles-ci peuvent entrainer des allergies de contact (réactivité altérée du système immunitaire qui dure toute la vie) et, en cas de réexposition à une quantité suffisante de l’allergène concerné, causer de l’eczéma (dermatite allergique de contact). Il était donc important que la Commission agisse pour étendre cette liste des allergènes à indiquer sur les produits.

En savoir plus sur les ingrédients des cosmétiques

Quelles substances allergènes sont répertoriées et en quelle quantité ?

Les consommateurs devront désormais être informés de la présence, au-delà d’une certaine concentration, de certains éléments parfumants chimiques ou naturels (comme l’anéthol, le camphre, le menthol, le terpinéol, la vanilline, la lavendula, l’eucalyptus, etc.)

Les 56 nouvelles substances allergènes répertoriées sont les suivantes : 

 1. 3-Propylidenephthalide  29. Lavandula Oil/Extract
 2. Acetyl Cedrene  30. Lemongrass Oil
 3. Alpha-Terpinene  31. Linalyl Acetate
 4. Amyl Salicylate  32. Lippia citriodora absolute
 5. Anethole  33. Mentha Piperita Oil
 6. Benzaldehyde  34. Mentha Viridis Leaf Oil
 7. Beta-Caryophyllene  35. Menthol
 8. Camphor  36. Methyl Salicylate
 9. Cananga Odorata Oil/Extract  37. Myroxylon Pereirae Oil/Extract
 10. Carvone  38. Narcissus Extract
 11. Cedrus Atlantica Oil/Extract  39. Pelargonium Graveolens Flower Oil
 12. Cinnamomum Cassia Leaf Oil  40. Pinene
 13. Cinnamomum Zeylanicum Bark Oil  41. Pinus Mugo
 14. Citrus Aurantium Bergamia Peel Oil  42. Pinus Pumila
 15. Citrus Aurantium Flower Oil  43. Pogostemon Cablin Oil
 16. Citrus Aurantium Peel Oil  44. Rose Flower Oil / Extract
 17. Citrus Limon Peel Oi  45. Rose Ketones
 18. Dimethyl Phenethyl Acetate  46. Salicylaldehyde
 19. Eucalyptus Globulus Oil  47. Santalol
 20. Eugenia Caryophyllus Oil  48. Santalum Album Oil
 21. Eugenyl Acetate  49. Sclareol
 22. Geranyl Acetate  50. Terpineol
 23. Hexadecanolactone  51. Terpinolene
 24. Hexamethylindanopyran  52. Tetramethyl acetyloctahydronaphthalenes
 25. Isoeugenyl Acetate  53. Trimethylbenzenepropanol
 26. Jasmine Oil/Extract  54. Trimethylcyclopentenyl Methylisopentenol
 27. Juniperus Virginiana Oil  55. Turpentine
  28. Laurus Nobilis Leaf Oil  56. Vanillin

Les nouvelles substances ajoutées à la liste existante des allergènes mentionnée dans le règlement européen sur les cosmétiques devront être mentionnées individuellement sur l’étiquette d’un produit lorsqu’elles sont présente à une concentration supérieure à

  • 0,001 % dans les produits sans rinçage ;
  • 0,01 % dans les produits à rincer

Où peut-on trouver ces nouvelles substances ?

Ces substances sont principalement présentes dans les fragrances, qui sont des composés organiques aux odeurs caractéristiques, généralement agréables. Elles sont largement utilisées dans les parfums et autres produits cosmétiques parfumés, mais aussi dans de nombreux autres produits tels que les détergents, les assouplissants et divers produits ménagers.

Délais et périodes d'adaptation pour les entreprises

Bien que la réaction de la Commission à la mise en garde des experts ait déjà été lente, les consommateurs devront encore faire preuve de patience avant d’être mieux informés sur la présence de ces 56 allergènes dans les produits cosmétiques. En effet, les entreprises cosmétiques sont loin d’être ravies de cette modification du règlement et se révèlent peu pressées de la mettre en œuvre, invoquant, entre autres, des coûts supplémentaires et le temps nécessaire à l’adaptation des formules.

Une période de transition

La Commission européenne s’est donc montrée conciliante et leur accorde une période de transition pour s’ajuster aux nouvelles exigences.
Les délais accordés aux firmes pour se mettre en conformité sont les suivants : 

  • 3 ans pour les nouveaux produits qui entrent sur le marché de l’Union européenne (donc avant le 31 juillet 2026).
  • 5 ans pour les produits cosmétiques déjà présents sur le marché de l’Union européenne (donc avant le 31 juillet 2028).

En tout, on pourra donc compter 16 ans entre la mise en garde du CSSC et la mise en œuvre des nouvelles obligations en matière d’étiquetage. On peut cependant espérer que les entreprises n’attendront pas tout ce temps pour réétiqueter ou reformuler leurs produits et réagiront avant l’échéance fixée. 

Pourquoi la déclaration de ces substances est-elle importante ?

Bien que trop tardive à notre goût, cette révision est positive et était nécessaire. Elle permettra de mieux protéger les consommateurs contre les risques d’allergies et de limiter les erreurs de diagnostic dues au manque d’informations sur les composants auxquels ont été exposés les patients.

Entre 1 et 9% des Européens sont allergiques

Au sein de l’Union européenne, on estime que 1 à 9 % de la population est allergique aux allergènes de parfum. Et lorsqu’une personne est déjà sensibilisée à un allergène, elle peut déclencher des symptômes allergiques à une concentration très faible : il est donc important qu’elle puisse s’informer sur les ingrédients allergisants que contiennent les produits qu’elle utilise, même s’ils sont présents en faible dose.

90% des produits cosmétiques potentiellement visés

D’après les firmes du secteur cosmétique, plus de 90% des produits devront changer d’étiquetage : cela montre l’étendue de l’utilisation de ces allergènes dont les consommateurs n’étaient jusqu’ici pas informés de la présence. 

Pour préserver leur santé, les citoyens doivent avoir la possibilité de choisir les produits qu’ils achètent connaissant les risques éventuels qu’ils comportent pour eux. À cet égard, la transparence des étiquettes apparait comme essentielle.