Communiqué

Votre pharmacien : simple vendeur plutôt que prestataire de soins ?

27 septembre 2022

Dans sa dernière enquête, Test Achats a voulu évaluer la qualité des services rendus par les pharmacies en Belgique. L’organisation de consommateurs a réalisé une enquête mystère dans 96 pharmacies. Dans son scénario, les personnes envoyées sur place demandaient de recevoir un médicament dont elles avaient vu une publicité dans les médias. Il en ressort que seules 2 pharmacies sur 96 ont posé suffisamment de questions pour déterminer si ce médicament était effectivement approprié pour la personne qui le demandait. Test Achats alerte au sujet d’une profession qui se rapproche de plus en plus de celle de vendeur plutôt que de prestataire de soins. L’organisation a informé le Ministre de la Santé et l’Association des Pharmaciens de ses constats.

Enquête mystère

Test Achats a mené l’enquête sur le terrain dans 96 pharmacies sur base de deux scénarios. Dans le premier, une dame ayant des maux de tête, mais souffrant également d’un ulcère à l’estomac, demande du Nurofen 400 mg Fast Caps. Dans l’autre, une femme souffre de toux sèche, qui est un effet secondaire de son médicament contre l’hypertension et demande du Bronchosedal Mucus. Dans les deux cas, les enquêtrices annoncent qu’elles souhaitent ces médicaments après les avoir vu dans des publicités. Ce n’est pas sans raison que les médicaments ne sont pas directement accessibles dans les rayons des pharmacies et sont conservés de l’autre côté du comptoir. En effet, le pharmacien reste toujours un prestataire de soins qui doit mettre en garde les patients contre des risques comme les effets secondaires, les interactions avec d’autres médicaments et les contre-indications. Pour ce faire, la procédure standard de délivrance de médicaments prévoit qu’il doit notamment poser les questions suivantes : « Depuis combien de temps les symptômes sont-ils apparus ? », « Quelles actions ont déjà été entreprises ? » et « Prenez-vous d’autres médicaments ou souffrez-vous d’une autre affection ? ».

 

2 pharmacies sur 96 posent suffisamment de questions

Le constat est grave : sur les 96 pharmacies visitées, seules 2 d’entre elles ont posé au moins 3 questions aux patientes. Ceci leur a permis de comprendre que le médicament demandé leur était déconseillé en raison de leur condition médicale. Seules 2 pharmacies délivrent le médicament le plus approprié dans le premier scénario (soit du paracétamol 500 mg), et 5 d’entre elles donnent un dosage plus fort (1g). Quant au second scénario, seul 1 pharmacien comprend que la toux sèche est un effet secondaire d’un autre médicament pris par l’enquêtrice (le lisinopril 20 mg) et renvoie la patiente chez son médecin : tous les autres délivrent soit le sirop demandé alors qu’il traite les toux grasses avec mucus (16) alors que la patiente souffre d’une toux sèche, un autre antitussif (26) ou des compléments alimentaires (3).

 

Un vendeur ou un prestataire de soins ?

 « Le résultat de notre enquête démontre l’effet néfaste de la publicité pour les médicaments, encore aggravé par le manque de conseils du pharmacien.  Nous plaidons depuis longtemps pour l’interdiction de la publicité pour les médicaments sans ordonnance qui n’offre aucune valeur ajoutée pour les patients mais sert simplement les intérêts des firmes pharmaceutiques » rappelle Julie Frère, porte-parole de Test Achats.  « Les pharmaciens - qui invoquent régulièrement leur valeur ajoutée face à celle de simples vendeurs pour lutter contre les « supermarchés de médicaments » ou pour se réserver la vente de certains produits - doivent vraiment prendre leur rôle au sérieux » estime-t-elle.

 

Si, par le passé, Test Achats a obtenu la formation continue obligatoire pour les pharmaciens, celle-ci doit être approfondie et renforcée, notamment concernant la détermination des besoins du patient. L’organisation de consommateurs rappelle également sa demande de mise en place d’indicateurs de qualité par le gouvernement, de manière à pouvoir mesurer concrètement la qualité des soins donnés par les pharmacies, à l’image de ce qui est fait aux Pays-Bas. Elle a écrit en ce sens au Ministre de la Santé.

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