Tarifs d’injection négatifs : les fournisseurs doivent faire preuve de plus de transparence
De plus en plus de propriétaires de panneaux solaires doivent désormais payer pour injecter de l’électricité sur le réseau en cas de temps ensoleillé. En cause : les prix d’injection négatifs et un manque de transparence des fournisseurs. Nous demandons plus de clarté pour protéger les consommateurs.
Sur cette page
- Qu’est-ce qu’un tarif d’injection négatif ?
- Qui est concerné par ces tarifs négatifs ?
- Fiches tarifaires : une présentation des prix d’injection qui prête à confusion
- Tarifs d’injection : des formules souvent variables même avec un contrat à prix fixe
- Plus de clarté pour les consommateurs : une priorité dans la transition énergétique
Qu’est-ce qu’un tarif d’injection négatif ?
Pas moins de 450 000 ménages risquent de devoir payer pour l’électricité solaire qu’ils injectent sur le réseau. Une réalité pointée du doigt par une récente analyse de VRT NWS.
En cause ? La majorité des contrats d’injection sont à tarif variable et suivent donc les fluctuations du marché de gros de l’électricité. Lors des journées très ensoleillées, ces prix peuvent chuter drastiquement — jusqu’à devenir négatifs.
Quel est l’impact des tarifs négatifs sur votre facture ?
Vers le haut de la pageQui est concerné par ces tarifs négatifs ?
Les contrats dynamiques
Rien qu’en 2025, nous avons a déjà comptabilisé 229 heures où le prix de l’électricité était nul ou négatif. Pour les consommateurs équipés d’un contrat d’électricité dynamique, dont le tarif évolue heure par heure, cela signifie qu’ils doivent payer pour injecter leur surplus d’énergie dans le réseau.
Les contrats variables aussi touchés
Et les contrats variables classiques ne sont pas épargnés non plus. Lorsqu’ils appliquent un tarif moyen mensuel, le montant d’injection peut devenir négatif si le prix moyen du marché est si bas qu’il ne couvre plus les coûts et la marge du fournisseur.
Ce fut par exemple le cas avec le contrat « Smart variable » d’Octa+ : en avril, il fallait payer en moyenne 1 centime par kilowattheure injecté.
Fiches tarifaires : une présentation des prix d’injection qui prête à confusion
Des formules d’indexation opaques
Le problème étant le manque de transparence autour des formules tarifaires appliquées à l’électricité injectée sur le réseau. Comme le souligne VRT NWS, tout repose sur la formule d’indexation prévue dans le contrat d’énergie. Or, cette information clé est souvent difficile à trouver et à comprendre pour les consommateurs.
Si ces formules figurent bien dans la fiche tarifaire jointe au contrat, dans la pratique, elles sont souvent reléguées en petits caractères ou noyées dans le jargon technique. Nous avons notamment pu le constater chez certains fournisseurs.
Estimations floues ou trompeuses
Autre difficulté pour les consommateurs : la manière dont les fournisseurs communiquent les tarifs d’injection sur leurs fiches tarifaires.
Certains se basent sur une estimation annuelle, tandis que d’autres ne mentionnent que le prix mensuel ou trimestriel le plus récent. Cela rend la comparaison des offres particulièrement complexe pour les consommateurs.
Dans un souci de clarté, les deux informations devraient être systématiquement indiquées par le fournisseur : l’estimation annuelle, utile pour comparer différentes offres, et le tarif d’injection le plus récent, afin que les clients sachent à quoi s’attendre.
Exemple : la fiche Bolt induit en erreur
Dans sa fiche tarifaire de mai, le fournisseur Bolt indique un tarif d’injection basé sur le prix moyen du marché au premier trimestre 2025. Ce chiffre, proche de 10 centimes par kilowattheure, peut sembler avantageux.
Pourtant, il ne reflète pas la situation actuelle : en réalité, la valeur estimée pour l’ensemble de l’année est bien plus basse, à 4,18 centimes par kilowattheure.

À l’inverse, le fournisseur Engie indique clairement à la fois les prix estimés à l’année et les prix mensuels dans ses fiches tarifaires :

Tarifs d’injection : des formules souvent variables même avec un contrat à prix fixe
Sur le marché belge de l’énergie, les tarifs d’injection fixes — qui ne varient pas en fonction des prix du marché — restent encore assez rares. La plupart des tarifs de rachat sont variables, même si le contrat d'achat associé (c'est-à-dire le prix de l'électricité que vous consommez) est effectivement fixe.
Une confusion fréquente
Cette distinction alimente la confusion. Beaucoup de ménages pensent, à tort, que le tarif d’injection est également fixe. D’autant plus, que cette information n’est pas toujours clairement mentionnée dans la fiche tarifaire.
C’est par exemple le cas chez Luminus où l’on retrouve des contrats à prix fixe pour la consommation. Pourtant, en lisant les petites lignes, on découvre que l’indemnité pour l’électricité injectée sur le réseau, elle, est bien variable.

Plus de clarté pour les consommateurs : une priorité dans la transition énergétique
« Les consommateurs jouant un rôle clé dans la transition énergétique, leur implication et confiance sont dès lors essentielles. C’est pourquoi il est fondamental que leurs intérêts soient placés au centre, et qu’ils soient informés de manière claire et honnête » réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats.
« Nous saluons l’intention du gouvernement fédéral de standardiser les fiches tarifaires et de faciliter la comparaison des prix de l’énergie, et demandons qu’il se mette urgemment au travail. Ceci étant dit, les fournisseurs ne doivent pas attendre les actions du gouvernement pour informer correctement leurs clients » rappelle-t-elle.
Favoriser l’autoconsommation et le stockage de l’énergie solaire
En attendant une meilleure transparence sur les prix d’injection, nous encourageons vivement les propriétaires de panneaux solaires à consommer directement leur électricité produite. Il s’agit de la solution la plus rentable : chaque kilowattheure autoconsommé est un kilowattheure qu’il n’est pas nécessaire d’acheter au fournisseur.
Pour renforcer cette stratégie, nous appelons les décideurs politiques à soutenir activement l’autoconsommation, par exemple en rendant les batteries domestiques plug-and-play plus accessibles à tous, ou encore en réintroduisant la prime pour la gestion intelligente de l’énergie, supprimée en début d’année.
En savoir plus sur les kits solaires plug and play
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