Les laits de croissance


Les chercheurs et les différentes organisations actives autour de la petite enfance sont unanimes : l’allaitement maternel demeure le premier choix pour bébé. Mais ce n’est pas faisable pour tout le monde, surtout sur une longue période. Dans ce cas, faut-il opter pour du lait de croissance ? Les avis divergent :
- Selon l’ONE (Office de la Naissance et de l'Enfance), l’enfant peut passer du lait de suite au lait de croissance après 18 mois. Le lait de vache ordinaire peut-être donné au plus tôt à l’âge de 18 mois, mais idéalement après 3 ans. Selon Kind en Gezin (l'équivalent néerlandophone de l’ONE), il est préférable de passer du lait de suite au lait de croissance ou au lait entier entre 12 et 18 mois. Le lait entier est conseillé à condition que l’enfant ait une alimentation saine et équilibrée. A partir des 4 ans de l’enfant, on passe du lait (de vache) entier à la version demi-écrémé.
- L’Autorité européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) est toutefois d’avis qu’à partir d’1 an, un enfant peut disposer de tous les nutriments nécessaires grâce à une alimentation suffisamment variée, c'est-à-dire en variant la consommation de légumes, fruits, poissons, viandes, produits laitiers et d’aliments riches en fibres comme le pain et les pâtes. Nos voisins hollandais conseillent, eux, de passer au lait classique (demi-écrémé) à partir d’1 an, en l’associant avec une alimentation variée.
- De notre côté, nous pensons également que le lait de croissance n’est pas nécessaire.
- Lait infantile, préparation pour nourrisson, lait de suite, lait de croissance, comment s’y retrouver ? Pourquoi préférer certains laits de croissance à d’autres ?
- Le lait de croissance est-il nécessaire pour la croissance ? Notamment pour assimiler l’ensemble des nutriments ?
- Le lait de croissance est-il plus cher que le lait de vache ?
- Vaut-il mieux donner le lait à boire dans un gobelet ou un biberon ?
- Que penser des laits de croissance à base de lait de chèvre? De soja ? De riz ou d’avoine ?
Lait infantile, préparation pour nourrisson, lait de suite, lait de croissance... Comment s’y retrouver ?
L’allaitement est la meilleure manière de nourrir un bébé. L’OMS recommande l'allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois, puis la poursuite de l’allaitement en complément des repas introduits progressivement (plus communément appelé « diversification alimentaire »). L’allaitement complété peut durer aussi longtemps que les parents et l’enfant le désirent.
Si les mères ne veulent pas ou ne peuvent pas allaiter pour des raisons médicales (nourrisson souffrant de galactosémie, prise de traitements médicamenteux spécifiques par la mère, etc.), il est possible de recourir à des laits infantiles.
Les laits infantiles se distinguent en trois catégories : les préparations pour nourrissons destinés aux nourrissons jusqu’à 6 mois, les laits de suite pour les enfants de 6 à 12 - 18 mois et, enfin, les laits de croissance pour les enfants de 10 mois à 4 ans.
Les préparations pour nourrissons sont réservées aux enfants qui ne consomment encore que du lait. Leur composition s’apparente à celui du lait maternel. Les laits de suite sont quant à eux destinés aux enfants qui reçoivent déjà une alimentation diversifiée. Ces dénominations sont notées sur les boîtes.
Pour chaque marque, le chiffre 1 signifie que le lait est destiné aux bébés jusqu'à 6 mois. Pour les bébés plus âgés, les chiffres diffèrent parfois d'une marque à l'autre. L’âge figure toujours sur la face avant de la boîte, fiez-vous y.
Pour être commercialisés, les préparations pour nourrissons et les laits de suite doivent répondre aux règlementations européennes n°609/2013 et n°127/2016, qui légifèrent entre autres sur la composition nutritionnelle de ces produits. Contrairement à la France où les laits de croissance sont soumis à la même réglementation que les laits de suite, en Belgique, les laits de croissance ne sont pas soumis à une législation spécifique. C’est pourquoi, avant 1 an, nous déconseillons la consommation de laits de croissance et nous conseillons plutôt les laits de suite qui, eux, sont réglementés.
Le lait « de croissance » est-il nécessaire pour... la croissance ?
Ce lait fait grandir l’enfant uniquement en combinaison avec une alimentation saine et variée. Nous demandons dès lors que le terme « lait de croissance » ne soit plus utilisé, précisément parce qu’il laisse entendre - à tort - que l’enfant ne grandirait pas sans un tel produit.
En l’absence de législation européenne en matière de lait de croissance, de nombreux produits différents sont commercialisés sous cette dénomination, avec une composition qui diffère non seulement sur le plan des sucres ou des arômes ajoutés, mais aussi des nutriments qu’ils contiennent. Nous sommes par exemple abasourdis face à l'arrivée sur le marché de laits de croissance... aux biscuits, qui sont à bannir.
Le lait de croissance est-il indispensable pour assimiler tous les nutriments ?
On sait que de nombreux enfants présentent des carences en certains nutriments, comme le fer, la vitamine D, l’iode et les acides gras de type omega-3. Le lait de croissance peut aider à compenser ces carences.
Pour ce qui est de la vitamine D, notre analyse de 52 laits de croissance destinés aux enfants à partir de 12 mois montre que 11 produits seulement, parmi notre sélection, apportent la quantité journalière recommandée de vitamine D de 400 IE (soit 10 µg) dans 400 ml de lait de croissance. Dans tous les cas, il est conseillé d’administrer des suppléments de cette vitamine, sous la forme de gouttes (10 µg/jour), jusqu’à l’âge de 6 ans, même lorsque l’enfant reçoit du lait de croissance.
Notre dossier sur les suppléments pour enfants
En ce qui concerne le fer, il existe aussi des différences considérables. Pour éviter une carence, il est recommandé de donner régulièrement à l'enfant des viandes maigres, des céréales, des œufs, et des légumes et des fruits qui favorisent l’assimilation de fer. Les acides gras omega-3 se trouvent, eux, principalement dans le poisson et les huiles comme l’huile de colza. L'iode se trouve quant à lui principalement dans le poisson.
Le lait de croissance est-il plus cher que le lait de vache ?
Oui. Pour le lait de croissance en version liquide, le prix moyen, dans notre étude, est d'environ 0,36 €/200 ml. Ce même lait en poudre coûte 0,47 €/200 ml. Une tasse pleine de lait de vache ne vous coûte toutefois que 0,27 €. Si on part du principe qu'un enfant consomme deux tasses par jour environ, vous pouvez économiser jusqu’à 150 € par an.
Vaut-il mieux donner le lait dans un gobelet ou dans un biberon ?
Un biberon de lait chaud pour clôturer la journée : de quoi rapidement créer un rituel dont votre enfant aura par la suite beaucoup de mal à se déshabituer. Arrive un moment où il est préférable de diminuer progressivement les biberons pour faire boire le lait dans un gobelet. Le meilleur âge se situe entre 15 et 18 mois. Un jeune enfant qui boit trop longtemps au biberon risque de développer des problèmes d’élocution, mais aussi des problèmes bucco-dentaires.
Pourquoi préférer certains laits de croissance à d'autres ?
Si vous désirez donner du lait de croissance à votre enfant plutôt que du lait entier, soyez particulièrement attentif lors de son choix. Vu qu’il n’existe aucune législation sur leur composition, ils diffèrent sensiblement.
Les produits contenant plus de 2 g de protéines/100 ml sont déconseillés, tout comme ceux contenant un arôme vanille ou des sucres ajoutés. Ils pourraient détourner les enfants de la saveur du lait ordinaire. A noter que de nombreux fabricants indique la présence d’arômes, sans spécifier de quel type d’arômes il s’agit.
Certains laits de croissance contiennent des fructo-oligosaccharides (FOS) et galacto-oligosaccharide (GOS), soit des fibres alimentaires reconnues pour leur fonction prébiotique. Elles servent de nourriture aux probiotiques, nos bons micro-organismes intestinaux. Leur présence est intéressante pour la santé. On en retrouve également dans certains aliments comme l’ail, les topinambours, les salsifis, etc.
Il en est de même pour l’acide docosahexaénoïque (DHA), ajouté lui aussi à certains laits de croissance. Le DHA est issu de l’acide α-linolénique (LNA) de la famille des oméga 3. Globalement, les oméga 3 à longue chaîne jouent un rôle important dans la croissance et le développement du cerveau, la régulation de la pression sanguine, la fonction rénale, la coagulation et les réactions immunologiques et inflammatoires. Le taux de conversion de LNA en DHA étant trop faible pour couvrir les besoins de l’organisme en DHA, ce dernier est considéré comme semi-essentiel et doit, par conséquent, aussi être présent dans notre alimentation. On en retrouve également dans les poissons gras, l’huile de poisson, l’huile de colza, de lin, de blé.
Nous avons examiné l’étiquette de 52 produits : 32 ne contiennent aucun arôme vanille ni sucres ajoutés. Parfois, du lactose apparaît dans la composition, mais il s’agit du sucre du lait, nettement moins sucré que le sucre ordinaire ou le glucose et autres sirops de fructose. Apprenez donc à débusquer les arômes et les sucres ajoutés dans notre dossier destiné aux arômes et celui destiné aux sucres et édulcorants. Attention, certains produits s’adressent spécifiquement aux plus de 3 ans. Pour cette tranche d’âge, l’ONE et Kind en Gezin estiment que le lait de vache entier est parfaitement adapté. Pour les enfants en bonne santé, ces produits sont, selon nous, inutiles et coûteux. À partir de 4 ans, vous pouvez passer au lait demi-écrémé.
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Que penser des laits de croissance à base de lait de chèvre ?
Les laits de croissance à base de lait de chèvre constituent une alternative aux laits de croissance classiques (c'est-à-dire à base de lait de vache). Ils contiennent toutefois du lactose et ne sont pas conseillés en cas d’allergie aux protéines de lait de vache car il existe un risque d’allergie croisée avec celles du lait de chèvre. Ils peuvent cependant être intéressants pour les enfants qui éprouvent des difficultés à digérer les laits de croissance classiques. Vu que les globules gras du lait de chèvre sont moins denses que ceux du lait de vache, et que leur teneur en caséine est plus faible (rapport protéines solubles/caséine), cela rend le lait de croissance à base de lait de chèvre plus digeste.
Demandez toujours conseil à votre médecin avant de changer de lait, ou si vous suspectez un trouble au niveau de la digestion chez votre enfant.
Que penser des laits de croissance à base de soja ?
Nous déconseillons les laits de croissance à base de soja aux enfants de moins de 3 ans, car ces boissons sont riches en isoflavones, des molécules actives sur le plan hormonal.
Si l'on reste sous la dose acceptable (à savoir en-dessous de 0,35 mg par kilo de poids corporel), il n’y a pas de risques. Notre analyse de plusieurs laits de croissance au soja a toutefois montré que deux biberons par jour de certaines de ces boissons pouvaient faire exploser les quantités consommés par des enfants de 1 à 3 ans. Ils atteignent en effet très vite les doses acceptables, à cause de leur poids corporel plus faible. En France, ces laits sont interdits et ne sont donc pas commercialisés.
Que penser des drinks de croissance à base de riz ou d’avoine ?
Certains 'laits' de croissance sont élaborés à partir d’avoine ou de riz. Ils sont destinés aux enfants intolérants au lactose et/ou allergiques aux protéines de lait de vache, ainsi qu'aux enfants dont les parents ont certaines convictions (véganisme, par exemple). Ils ne contiennent ni lactose, ni protéines animales.
Leurs formules sont retravaillées, ils n’ont plus rien à voir avec les laits végétaux (lait d’avoine, de riz, de pois, etc.). Ce qui les distingue principalement des lait de croissance classiques, ce sont les protéines: les boissons de croissance de riz et d’avoine contiennent des protéines de pois (légumineuses), et non animales. Tout comme les laits de croissance classiques, ils sont enrichis en certaines vitamines et minéraux. Demandez toujours conseil à votre médecin.