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Comment faire pour calmer le mal d'estomac?

15 janvier 2025
Que faire contre les maux d'estomac?

15 janvier 2025
Plus de deux millions de Belges prennent des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), un type de réducteurs d’acide gastrique très populaires, dont l’usage n’est pas indiqué dans la moitié des cas. En collaboration avec l’Inami, nous avons rassemblé les recommandations en la matière dans une brochure.

Le système digestif ne fonctionne pas toujours comme il convient.

Très nombreuses sont les personnes qui se plaignent de maux d’estomac, un terme générique englobant tous les problèmes situés dans le haut de l’abdomen, comme les brûlures d’estomac, les maux d’estomac, le reflux acide, une sensation de ballonnement ou de satiété après un repas. Les maux d’estomac restent l’une des plaintes les plus courants en matière de santé.

C’est inoffensif et, le plus souvent, ces symptômes ont un cours fluctuant, mais ils disparaissent d’eux-mêmes.

Mais, si vous souffrez régulièrement de maux d’estomac, cela peut se révéler très gênant. Or, quelque 25 à 40 % des Belges souffrent régulièrement des maux d’estomac.

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Quels sont les symptômes des maux d’estomac?

Les symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre. Ils se situent le plus souvent au niveau de l’estomac et de l’œsophage. Ces problèmes peuvent trouver leur origine dans toutes sortes d’affections différentes.

Voici les problèmes les plus fréquents pouvant éventuellement nécessiter l’utilisation de médicaments réducteurs de la production d’acide gastrique. Pour plus d'informations sur les ulcères gastro-intestinaux, consultez notre dossier.

Dyspepsie

La dyspepsie (ou indigestion) est le terme médical pour désigner une digestion difficile.

Elle se traduit par différents symptômes :

  • une impression de ballonnement dans le haut de l’abdomen ;
  • une sensation de brûlure au niveau de l’estomac ;
  • des maux d’estomac ;
  • une régurgitation et des éructations acides ;
  • des nausées et un sentiment de satiété en cours de repas.

La dyspepsie est fréquente : elle touche environ 20 % de la population belge, et autant les femmes que les hommes. Dans la plupart des cas, il s’agit de symptômes bénins étant donné que seule une personne sur quatre souffrant d’indigestion juge le problème suffisamment sérieux pour consulter un médecin.

Reflux

Le reflux, c’est-à-dire quand le contenu de l’estomac reflue dans l’œsophage ou dans la bouche, est très fréquent. Il est normalement bénin, tout le monde a connu au moins une fois une remontée d’acide gastrique dans l’œsophage, par exemple à l’issue d’un copieux repas.

Le plus souvent, le reflux est dû à un problème avec le sphincter qui relie l’œsophage à l’estomac. Mais le reflux peut aussi avoir d’autres origines : un ralentissement de la vidange de l’estomac ("estomac paresseux"), un mauvais mouvement péristaltique de l’œsophage, une faible production de salive ou une petite déchirure au niveau du diaphragme empêchant le sphincter de fonctionner parfaitement.

On parle de syndrome du reflux gastro-œsophagien (RGO, en abrégé) quand le reflux du contenu de l’estomac entraîne une combinaison de symptômes. Environ 10 à 20 % des gens souffrent d’un reflux gastro-œsophagien.

Outre les régurgitations acides, le symptôme le plus courant est une sensation de brûlure derrière le sternum. Les brûlures d’estomac (« pyrosis ») sont surtout ressenties immédiatement après un repas. Souvent, les symptômes s’aggravent quand on se penche vers l’avant ou qu’on se couche (la nuit, par exemple). De même, des vêtements trop serrés au niveau de l’abdomen ou une toux peuvent aggraver les symptômes en accroissant la pression sur le ventre. 

Le reflux peut parfois se manifester également de toute autre manière, sans faire penser immédiatement à l’acide gastrique: déglutition pénible, douleurs dans la poitrine évoquant des problèmes cardiaques (qui peuvent irradier dans le cou, dans le dos et entre les omoplates), toux nocturne, enrouement, sensation d’avoir une boule dans la gorge, salivation excessive et atteinte de l’émail des dents.

Dans la grande majorité des cas, le reflux est inoffensif. Beaucoup de patients cessent de prendre des médicaments au bout d’un certain temps car ils ont appris à vivre avec leur problème. Il est également positif que, normalement, l’affection ne s’aggrave pas avec le temps, mais reste relativement stable.

Œsophagite

Si les problèmes de reflux perdurent et ne sont pas efficacement traités, cela peut provoquer des lésions de l’œsophage. En effet, contrairement à l’estomac, l’œsophage ne possède pas de couche protectrice spéciale, et un contact régulier avec le contenu acide de l’estomac peut provoquer l’inflammation de sa muqueuse. C’est ce qu’on appelle l’œsophagite par reflux. Selon la gravité, cela peut aller d’une simple inflammation à un ulcère.

Les symptômes de l’œsophagite sont, entre autres, une sensation de brûlure dans l’œsophage, des maux de gorge, des difficultés de déglutition et des douleurs dans la région du sternum, irradiant parfois vers le dos ou entre les omoplates.

L’œsophage de Barrett

Si l’œsophage est exposé des années durant à un reflux gastrique, on peut développer un œsophage de Barrett. Il se caractérise par une muqueuse d’un tissu différent de la normale venant tapisser la paroi de la partie inférieure de l’œsophage. Ce tissu se rapproche de celui de l’estomac, de sorte que l’œsophage est mieux protégé contre l’acidité des sucs gastriques. Une personne sur dix environ – surtout des hommes – souffrant d’un reflux présente effectivement un œsophage de Barrett.

Les symptômes liés à un œsophage de Barrett sont très variés. Certains ne ressentent absolument aucun symptôme. D’autres souffrent pendant des années de brûlures d’estomac, de reflux acide ou d’une sensation douloureuse derrière ou sous le sternum. On peut également déglutir difficilement ou avoir la sensation que la nourriture ne passe pas bien.

En soi, l’œsophage de Barrett est inoffensif mais il implique néanmoins quelques risques. En effet, les patients avec un œsophage de Barrett présentent un risque légèrement accru de cancer de l’œsophage. Bien que seul un petit groupe de patients (moins de 5 %) avec un œsophage de Barrett développe effectivement un cancer de l’œsophage, il n’en est pas moins important de surveiller de près l’œsophage de Barrett. Plus tôt le cancer est dépisté, mieux il peut être traité.

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Quels sont les causes des maux d’estomac?

La cause exacte des maux d’estomac est souvent difficile à situer, mais plusieurs facteurs (très différents) peuvent jouer un rôle dans l’apparition ou l’aggravation des maux d’estomac :

  • trop manger ;
  • certains aliments, comme les plats gras ou très épicés, les aliments acides (agrumes, par exemple.), les boissons gazeuses, l'alcool, le café, le chocolat, la menthe, etc.
  • le tabac ;
  • certains médicaments, comme les anti-inflammatoires (ibuprofène, par exemple), les antidouleurs (l’acide acétylsalicylique p. ex., mieux connu sous le nom commercial "aspirine") et les antibiotiques ;
  • une infection bactérienne (pouvant provoquer un ulcère) ou virale (gastroentérite p. ex.) ;
  • tension et stress ;
  • une pression accrue dans l’abdomen (surpoids, toux, éternuements ou constipation).
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Quand s'inquiéter d'un mal d'estomac?

Les maux d’estomac banals disparaissent généralement d’eux-mêmes. Consultez néanmoins votre médecin si les symptômes reviennent régulièrement, s’ils s’éternisent, s’ils s’aggravent ou s’ils changent.

Souvent, votre médecin pourra poser un diagnostic provisoire sur base de vos symptômes et d’un examen corporel. Il pourra vous donner quelques conseils d’ordre général pour modifier votre mode de vie ou, si nécessaire, vous prescrire des médicaments.

Un examen complémentaire est parfois nécessaire, et votre médecin vous adressera à un spécialiste du système gastro-intestinal (gastroentérologue). Celui-ci pourra notamment pratiquer une endoscopie, un examen interne au cours duquel on introduit par la bouche une petite caméra fixée au bout d’un tube flexible pour examiner l’œsophage et l’estomac.

Cependant, l'endoscopie n'est pas une recommandation standard. Elle ne s’indique que si les symptômes ne s’amenuisent pas en suivant les conseils d’alimentation et de mode de vie et en prenant des médicaments, ou si les symptômes disparaissent dans un premier temps pour revenir plus tard, en s’aggravant éventuellement. Toutefois, il peut arriver qu’une endoscopie immédiate s’avère bel et bien nécessaire, en présence notamment de certains symptômes alarmants, qui pourraient être le signe d’une affection plus sérieuse.

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Quel traitement est plus efficace pour le mal d'estomac?

Le traitement des maux d’estomac varie en fonction de la fréquence, de la durée et de la gravité des symptômes. Un traitement n’est pas toujours nécessaire, surtout si les symptômes n’ont pas un réel caractère de gravité et ne sont pas fréquents. Comme la plupart des maux d'estomac disparaissent d'eux-mêmes, des médicaments ne sont souvent pas nécessaires.

Dans le cas où les symptômes perturbent votre vie quotidienne, ou si les symptômes se prolongent ou réapparaissent, le recours à des médicaments est à envisager. Sachez toutefois que le médicament ne vous guérira pas, il ne fera que limiter vos problèmes en réduisant vos symptômes.

Découvrez ci-dessous tous nos conseils si vous souffrez de maux d’estomac.

Antiacides

Les antiacides se combinent à l’acide gastrique pour en neutraliser l’action. De la sorte, ils réduisent l’effet de l’acide gastrique sur la paroi de l’œsophage et de l’estomac, et peuvent soulager la douleur. Certains antiacides contiennent également de l’alginate, qui dépose en quelque sorte un gel protecteur sur la paroi de l’œsophage et de l’estomac. Mais sa plus-value reste cependant à démontrer. Bien qu’il existe aujourd’hui des alternatives à ce type de médicaments, les antiacides conviennent surtout pour le traitement de symptômes épisodiques et légers, et ils sont moins indiqués pour une utilisation régulière et de longue durée.

L’action des antiacides est assez rapide, mais brève. C'est pourquoi plusieurs prises par jour sont généralement nécessaires. On les prend au moment où le reflux est ressenti. On peut aussi les prendre à l’avance, si l’on sait par expérience que le reflux va intervenir, par exemple après un copieux repas, ou juste avant de se coucher.

Si ces médicaments sont utilisés de manière adéquate, ils sont généralement sûrs, mais des effets indésirables ne sont certainement pas exclus. Ils sont parfois simplement gênants: ballonnement, flatulences, constipation ou diarrhées. Ce n'est qu'en cas d'utilisation fréquente et à long terme que des effets secondaires plus graves sont possibles.

Les antiacides sont vendus en pharmacie sans prescription. Voyez avec le pharmacien quel est le produit le mieux indiqué dans votre cas. Quelques marques connues d’antiacides sont Gaviscon, Maalox Antacid, Rennie et Gastricalm.

Réducteurs de la production d’acide gastrique

Si les antiacides n’apportent pas un soulagement suffisant, vous pouvez essayer un réducteur de production d’acide gastrique. Votre estomac fabriquera moins d’acide, de sorte que les sucs gastriques seront moins agressifs et vos reflux éventuels seront moins sensibles. Ces médicaments ont un effet de plus longue durée que les antiacides. Dès lors, ils conviennent mieux à un traitement de longue durée.

Antihistaminiques H2

Les antagonistes H2 constituent un groupe de médicaments réducteurs de la production d’acide gastrique. Ils réduisent la sécrétion de cet acide en bloquant les récepteurs de l’histamine 2 dans la paroi de l’estomac. Ils peuvent ainsi réduire les symptômes de brûlure d’estomac chez les patients souffrant de reflux.

En raison de leur moindre efficacité à long terme, leur usage prolongé est déconseillé. Les effets secondaires possibles ne sont que gênants: diarrhée et autres troubles gastro-intestinaux, éruption cutanée, fatigue.

Aucun antihistaminique H2 n'est plus disponible en Belgique depuis 2020. La dernière spécialité à base d’un antagoniste H2 a été retirée du marché en septembre 2020, sur l'avis de l'Agence européenne des médicaments (EMA). En effet, il s'est avéré qu'il contenait parfois une substance susceptible d'augmenter le risque de cancer chez les personnes qui en consomment beaucoup au fil du temps.

Inhibiteurs de la pompe à protons

Une catégorie plus puissante de réducteurs de la production d’acide gastrique sont les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP, en abrégé). En bloquant le fonctionnement de ces pompes à protons, on réduit la production d’acide gastrique. Résultat: moins de sucs gastriques agressifs et moins de symptômes.

Les médicaments génériques portent souvent le nom de leur substance active, tout simplement : omeprazol(e), lansoprazol(e), esomeprazol(e), pantoprazol(e) et rabeprazol(e). Tous les IPP ont une efficacité comparable.

Ces médicaments sont efficaces et relativement sûrs, mais ils sont surconsommés. Plus de deux millions de Belges en prennent, alors que dans la moitié des cas, ils sont inutiles.

Les dangers de la surconsommation des IPP

Gastroprocinétiques

Les médicaments gastroprocinétiques (stimulateurs des mouvements de l’estomac) accélèrent le passage des aliments dans l’œsophage et dans l’estomac, de sorte qu’ils restent moins longtemps dans l’estomac. Cela réduit aussi le risque de voir le suc gastrique refluer vers le haut. Ces médicaments sont aussi prescrits pour combattre les nausées.

Ce sont par exemple la métoclopramide et le dompéridone, mieux connus sous leur appellation commerciale Primperan et Motilium. Leur effet sur le reflux est discutable. Prenez ces médicaments le moins possible, et toujours en concertation avec votre médecin traitant.

Si la combinaison de médicaments et d’un changement du le mode de vie n’a pas un effet suffisant sur le reflux, ou si des complications comme une œsophagite ou un œsophage de Barrett se présentent, une opération peut s’indiquer. Soyez toutefois conscient qu’une opération chirurgicale n’est jamais sans risque.

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Nos conseils si vous souffrez de maux d’estomac

  • Adopter une alimentation saine et équilibrée.
  • Éviter ou limiter les aliments et les boissons dont vous remarquez qu’ils déclenchent ou aggravent les symptômes. Les produits en question varient considérablement d’une personne à l’autre. Essayez de déterminer les habitudes et les produits que vous ne supportez pas bien. À cet effet, supprimez un aliment à la fois pour voir si cela apporte une amélioration. Les produits suspects sont l’alcool, les boissons contenant du gaz carbonique, le café, le chocolat, la menthe poivrée, l’oignon, les épices ou les agrumes. Un diététicien pourra éventuellement vous aider.
  • Si vous êtes en surpoids ou si vous avez grossi récemment, perdre du poids contribue souvent à réduire les symptômes. Perdre jusqu’à 10 % de votre poids peut déjà faire une grande différence.
  • Cesser de fumer. Outre ses autres conséquences négatives, le tabac provoque un accroissement de la production d’acide gastrique et un relâchement du sphincter entre l’œsophage et l’estomac.
  • Si vous souffrez de l’estomac pendant la nuit, vous pouvez relever de 10 centimètres la tête de votre lit, ou glisser des oreillers supplémentaires sous la tête, le cou et les épaules. Le contenu acide de l’estomac pourra alors moins facilement refluer de l’estomac vers l’œsophage, et vos symptômes seront moins sévères. Se coucher sur le côté gauche peut également aider, car l'entrée de l'estomac est alors plus haute que l'estomac lui-même.
  • Evitez les repas copieux et trop gras. Il vaut parfois mieux prendre plusieurs petits repas par jour. Prenez bien le temps de manger, et mâchez les aliments suffisamment longtemps, cela favorise une bonne digestion. Prenez votre repas principal 3 ou 4 heures environ avant d’aller vous coucher. Aller au lit l’estomac plein accroît en effet le risque de sensation de brûlure dans la région de l’estomac.
  • Si vous êtes stressé, angoissé, triste ou si vous dormez mal, il est important de s’attaquer à ces problèmes, de préférence de manière non-médicamenteuse.
  • Si vous prenez des médicaments (des anti-inflammatoires ou des antibiotiques par exemple) qui ont des maux d’estomac pour effets indésirables, demandez à votre médecin si vous pouvez les réduire ou les arrêter. Si nécessaire, vous pouvez passer à un autre médicament.
  • Une pression accrue dans l’abdomen aggravera les symptômes, comme pendant la toux ou en poussant aux toilettes. Dès lors, consultez votre médecin en cas de toux persistante. Évitez la constipation en mangeant beaucoup de fruits et de légumes (fibres), en buvant beaucoup d’eau et en faisant régulièrement de l’exercice.
  • Ne portez pas de vêtements serrants au niveau de l’estomac. Evitez de vous incliner vers l’avant, et pliez plutôt les genoux si vous devez vous pencher.

Nous nous sommes associés au Comité d'évaluation des pratiques médicales en matière de médicaments de l’Inami. Ensemble, nous avons rassemblé les recommandations les plus importantes en la matière dans une brochure destinée aux patients. Téléchargez-la ici ou sur le site de l’Inami.

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