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Pénuries de médicaments : causes, conséquences et solutions

Les pénuries de médicaments sont de plus en plus fréquentes. Quelles conséquences ces indisponibilités temporaires ont-elles sur les Belges ? Découvrez notre enquête sur les pénuries de médicaments en Belgique, les causes qui les expliquent, les mesures prises et les solutions proposées au problème.

10 mars 2025
Pénurie de médicaments

Régulièrement, les journaux font état de pénuries pour certains médicaments.

Cela a été le cas notamment avec les antibiotiques à base d’amoxicilline (prescris pour lutter contre de nombreuses infections bactérienne) ou le paracétamol, qui ont il n'y a pas si longtemps déserté, pour un temps, les rayons des pharmacies belges.

En juin 2024, l'entreprise pharmaceutique Lundbeck annonçait qu'elle mettait un terme à la livraison de deux médicaments essentiels en Belgique, à savoir le Nortrilen (nortriptyline) et le Redomex (amitriptyline), deux médicaments utilisés pour lutter contre la dépression. Cette annonce mettait dos au mur des dizaines de milliers de patients souffrant de lourds symptômes dépressifs et de douleurs chroniques. Depuis lors, la livraison de ces deux médicaments a heureusement repris.

Ce phénomène a tendance à s’empirer et affecte considérablement la qualité de vie de nombreux citoyens.

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Les Belges sont-ils souvent confrontés à des pénuries de médicaments?

Début 2024, nous avons menée une enquête auprès d'environ 1 000 consommateurs, âgés de 25 à 74 ans, et représentatifs en matière de sexe, Région et niveau d'éducation.

Il ressort de cette enquête que pas moins de 41 % des familles de notre pays ont ainsi été confrontées à une pénurie au cours des cinq dernières années. Le phénomène semble s'aggraver, puisque lors de notre enquête de 2021, 32 % des familles avaient été confrontées à une pénurie de médicaments lors des cinq années précédentes.

Pour la période allant de janvier 2023 à janvier 2024, ce sont 33 % des ménages qui ont dû faire face à une pénurie. 

Dans 92 % des cas, la pénurie concernait des médicaments sur ordonnance.

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Quels médicaments sont en pénurie?

En ce qui concerne les médicaments en pénurie l'année dernière (janvier 2023-janvier 2024), trois catégories principales ressortent du lot auprès des personnes sondées :

  • Médicaments pour le système nerveux central (antidépresseurs, anxiolytiques, médicaments contre la démence, etc.)
  • Médicaments pour le système cardiovasculaire ou des maladies sanguines (médicaments contre l'hypertension, anticoagulants, diurétiques, etc.)
  • Médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antiviraux, etc.)

 

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Quelles sont les causes des pénuries de médicaments?

Les raisons principalement données aux répondants pour justifier les pénuries sont :

  • une forte demande ;
  • une pénurie d'une substance active ;
  • des problèmes de production.

Fait assez interpellant : un quart des consommateurs confrontés à une pénurie de médicament en ignore la raison.

 

Quelles sont les solutions trouvées par les consommateurs pour faire face à une pénurie ?

Tout le monde n'adopte pas la même tactique face à la pénurie d'un médicament. Ainsi, 41 % des répondants ont attendu que le médicament soit à nouveau disponible dans la même pharmacie. Dans ce groupe, 58 % précisent qu'ils ont dû attendre quatre jours ou plus.

Deux Belges sur dix confrontés à une pénurie de médicaments l'année dernière ont préféré se procurer un autre médicament qui contenait le même principe actif que le médicament originellement recherché.

Moins de  2 % des répondants disent ne pas avoir trouvé d'alternative.

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Quelles sont les conséquences pour les patients des pénuries de médicaments?

Au final, ces pénuries ont-elles des conséquences concrètes pour les patients ? Les Belges concernés sont divisés à ce sujet puisque :

  • 48 % précisent n'avoir fait face à aucune conséquence.
  • 52 % affirment que la pénurie a eu des conséquences concrètes.

Les conséquences des pénuries sur la santé des consommateurs

Les pénuries peuvent avoir des conséquences sur la santé des patients qui y sont confrontés. Ils font notamment part :

  • d'anxiété/d'inquiétudes liées à l'impossibilité de trouver un médicament (47 %) ;
  • d'une aggravation des symptômes/de l'affection pour laquelle le médicament est nécessaire (35 %) ;
  • d'une absence professionnelle temporaire pour cause de maladie (21 %) 

 

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Globalement, 14 % des personnes confrontées à des pénuries de médicaments rapportent des conséquences (très) lourdes sur leur santé. Pour les personnes qui souffrent (ou dont un membre du ménage souffre) d'une maladie chronique, le taux est légèrement plus élevé (16 %).

Cela peut paraitre surprenant, mais c'est principalement chez les 25-39 ans que les conséquences sont les plus importantes :

  • 20 % signalent des conséquences (très) lourdes sur leur santé.
  • 31 % signalent des conséquences (très) lourdes sur leur qualité de vie en général.

Les tranches d'âge supérieures semblaient moins affectées.

Les conséquences financières pour les patients

Les pénuries de médicaments peuvent évidemment avoir des conséquences financières pour les consommateurs. Elles peuvent être de diverses natures :

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Conclusions des consommateurs sur les pénuries de médicaments

Face à la hausse des cas de pénuries de médicaments, nous avons demandé l'avis des Belges sur le contrôle des pouvoirs publics, l'information reçue ou encore sur les règles en vigueur.

Sans surprise, 89 % des répondants estiment que les pénuries de médicaments ne devraient pas entrainer de coûts supplémentaires pour les consommateurs. Une grande majorité (65 %) est également d'accord pour dire que les entreprises pharmaceutiques sont davantage préoccupées par leurs profits que par les besoins des patients.

Plus d'un consommateur sur deux (53 %) souhaiterait pouvoir signaler lui-même les pénuries aux autorités compétentes.

Quant à la qualité des informations reçues lors d'une pénurie, les avis divergent. Si 35 % estiment qu'elles sont adéquates, 38 % ont un avis neutre sur la question et 27 % les jugent inadéquates.

Enfin, les réponses sont quasiment similaires en ce qui concernent les règles et actions concrètes des autorités.

Ainsi, 29 % estiment que la législation actuelle est suffisante pour éviter les pénuries de médicaments, 32 % n'ont pas d'avis sur la question, et 39 % ne sont pas d'accord.

De même, 28 % estiment que les autorités nationales en font assez pour assurer un approvisionnement suffisant du marché en médicaments, 30 % n'ont pas d'avis et 42 % ne sont pas d'accord.

 

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