A quoi faut-il faire attention quand on achète une salade mixte en sachet ?


Elles tombent à point nommé quand on n'a guère de temps à consacrer au lavage, triage des feuilles et essorage d'une salade brute, ou si l'on est célibataire et qu'une salade entière est trop grosse pour soi tout seul : les salades en sachet offrent certains atouts, dont le moindre n'est pas de faciliter la fameuse recommandation de manger au moins 300 g de légumes, crus ou cuisinés, au quotidien.
Oui, mais... comment la choisir, cette salade préemballée ? A quoi faut-il faire attention ? Comment bien la conserver ? Et comment ne pas payer une fortune pour une poignée de feuilles ? Nous vous disons tout dans ce guide d'achat.
- Sont-elles aussi saines que les salades fraîches en pied, non lavées et non emballées ?
- Contiennent-elles des additifs ou des conservateurs ?
- Quid des pesticides et des nitrates ?
- Que sait-on de leur composition ? Qu'achète-t-on réellement ?
- Ces salades sont-elles de qualité ? Et sûres au niveau microbiologique ?
- Nos conseils pour bien les conserver
- Empreinte carbone des salades en sachet
Envie de savoir comment nous testons ce genre de produit alimentaire ? Découvrez les coulisses des salades dans notre rubrique « Comment nous testons ? »
Comment testons-nous les salades en sachet ?
A quel point les salades emballées, prêtes à l'emploi, sont-elles plus chères que les salades entières non nettoyées, tel un pied de laitue par exemple ?
Pour nous faire une idée du coût de ces produits, nous avons examiné le prix de 95 salades mélangées en sachet venant de différents supermarchés (printemps 2021). Leur prix varie considérablement: de 2,55 €/kg à 33,11 €/kg.
De manière générale, une laitue fraîche entière coûte moins cher que des feuilles mélangées préemballées. A la pièce, on paie en moyenne entre 0,85 € et 1,09 €, en fonction des supermarchés. Si l'on tient compte du fait qu'une laitue pèse en moyenne entre 400 et 500 grammes et que l'on perd environ 50 grammes en la nettoyant, la laitue fraîche entière revient en moyenne à 2,71 €/kg.
La meilleure solution ? Opter pour des marques distributeurs (Delhaize, Carrefour, etc.) ou celles des hard discounters (Aldi, Lidl, etc.) et préférer les sachets plus grands (200 g plutôt que 100 g, moins il y a de salade, plus c'est cher) pour économiser un maximum, tout en ne faisant aucun compromis sur la qualité. Attention toutefois, si vous n'utilisez pas tout le sachet et devez jeter la moitié, mieux vaut choisir un emballage plus petit, même un peu plus cher, dès le départ.
Cela va peut-être vous étonner, mais la valeur nutritionnelle des salades préemballées est similaire à celle des salades fraîches. Toutes affichent un Nutri-Score A. Seule petit bémol, les versions en sachet peuvent contenir moins de vitamine C. Entre les étapes de lavage, de triage des feuilles et de découpage, la vitamine C se perd un peu. Il faut aussi savoir que dans les légumes verts se trouve une substance qui, libérée lors de la coupe, décompose la vitamine C. Cette dernière est sensible à l'oxygène, à la lumière et à l'eau. Enfin, les feuilles de laitue les plus riches en vitamines sont les feuilles extérieures, or elles ne sont pas utilisées dans les mélanges de salades préemballés. Mais il ne faut pas oublier que ces mêmes vitamines se perdent également lors de la conservation des fruits et légumes frais non coupés.
A consommer rapidement
Ces salades, même préemballées, demeurent des tissus « vivants », qui respirent et conservent une activité métabolique. Les légumes prélavés et prédécoupés peuvent donc être contaminés plus facilement que les variétés fraîches, et ils se gâtent également plus rapidement.
Une salade préemballée se détériore rapidement et a donc une durée de vie assez courte. Son processus de production est par contre plus long.
L'eau de lavage utilisée dans les entreprises belges contient du chlore, mais en très faible quantité seulement, au même titre que notre eau du robinet.
Aucune « désinfection » n'est autorisée chez nous, comme c'est aussi le cas chez nos voisins néerlandais et allemands. D'autres pays par contre, comme la France et l'Espagne, utilisent le chlore pour le lavage (= désinfection) parce qu'ils se doivent d'être plus économes en eau. Des résidus peuvent donc être présents sur les salades. Pour les produits testés, nous ne pouvons souvent pas déterminer à partir de l'étiquetage si la société de production est basée en Belgique ou non.
Pour éviter le brunissement, l'ajout d'acide citrique (E330) est autorisé, et de l'acide ascorbique (E300) peut aussi, légalement, être ajouté pour prolonger la durée de conservation. Une mention « sans conservateurs » sur l'emballage n'aurait donc aucun sens, vu que c'est interdit d'un point de vue légal.
L'ajout de gaz (E938 à E949) est nécessaire afin d'obtenir l'atmosphère modifiée protectrice propice à assurer la qualité du produit avec une durée de conservation prolongée. Le fait que l'emballage soit bien intègre, non abîmé, est donc extrêmement important.
Vers notre dossier sur les additifs
Pesticides (multirésiduels et pesticides spécifiques aux fruits et légumes comme le bromure et les dithiocarbamates) : aucun dépassement de la limite légale n'a été constaté lors de notre test. Nous avons choisi d'évaluer la quantité de pesticides présents en raison de l'effet cocktail possible des pesticides sur la santé, et aussi parce que les producteurs utiliseraient délibérément un mélange de pesticides pour contourner les limites individuelles des substances.
Les nitrates sont naturellement présents dans certains légumes, en particulier ceux à feuilles. Les niveaux dépendent de la saison, des conditions de culture et des variétés de salades. Différents niveaux maximum ont donc été fixés.
Si les légumes ne sont pas consommés frais, une partie du nitrate peut être transformée par des bactéries en nitrite, ce qui peut être dangereux. Contrairement au nitrate, le nitrite est à peine excrété. Chez l'adulte, le nitrite ne devient dangereux que lorsqu'il se combine avec les acides aminés de l'estomac pour former des nitrosamines, potentiellement cancérigènes. En lavant les légumes et en enlevant les nervures principales et les feuilles extérieures, vous réduisez la quantité de nitrates.
Composition
Tous les types de salades ne peuvent pas être utilisés dans les mixtes en sachet. Choisissez plutôt des variétés de salades fermes et croquantes. La laitue classique convient moins bien à ces produits préemballés car ses feuilles, molles, sont trop fragiles. La laitue iceberg, la roquette, le radicchio, la batavia, l'endive et le chou chinois, en revanche, sont plus croquants, et sont plus souvent utilisés dans les mélanges de salades.
Il n'y a pas d'obligation légale de déclarer les différentes quantités qui composent le mélange de salade. Lors de nos derniers tests (printemps 2021), pour les mélanges de salades dont la composition exacte en pourcentage était indiquée sur l'emballage (6 sur 19), il a été vérifié si elle correspondait. Ce n'était pas toujours la cas, il y avait des différences de 5 à 10 % dans certains produits. Nous souhaiterions que les différents pourcentages soient mentionnés sur l'étiquette afin de permettre au consommateur de savoir plus clairement ce qu'il achète.
Poids
Deux paramètres essentiels pour l'analyse de ce genre de produits : le visuel (état des feuilles, éventuelles détériorations, brunissement) pour vérifier la qualité, et l'analyse microbiologique pour contrôler la sécurité alimentaire et la qualité (micro-organismes à l'origine d'altérations).
Qualité
Ces salades sont empaquetées dans un emballage spécial, dit 'sous atmosphère protectrice' (gaz E938 et E949), afin d'éviter les détériorations. Ces gaz n'altèrent pas le produit et s'évaporent dès qu'on ouvre le paquet.
Il se peut que le sachet gonfle, ce n'est pas un problème, référez-vous à la date limite de consommation (DLC), qui est déterminante. Vérifiez toujours l'intégrité de l'emballage dans le magasin afin de vous assurer de bien conserver le produit.
Certains micro-organismes à l'origine de détériorations sont certes responsables d'une perte de qualité, mais ils n'ont aucune influence sur la santé. Nous analysons en laboratoire les paramètres de conservation (par exemple les levures) et d'hygiène (certaines bactéries). N'hésitez pas à procéder vous-même à un contrôle « organoleptique » (visuel, odeur, texture) pour vérifier s'il y a des altérations, le brunissement est le facteur le plus important.
Sécurité alimentaire
Le risque qu'un agent pathogène se retrouve dans la salade préemballée est extrêmement faible. Mais si tel est hélas le cas, il peut facilement y survivre, même dans le réfrigérateur, et impossible de le voir à l'oeil nu. L'espèce de liquide issu des feuilles de salade coupées constitue un bon terreau pour la prolifération des microbes (Listeria Monocytogenes, par exemple). S'ils se multiplient, ils présentent un risque d'intoxication alimentaire. Plus la température est basse, plus leur croissance est lente, gardez bien la salade au frigo, éventuellement à 4° plutôt qu'à 7°.
La prudence est de mise chez les personnes qui ont une immunité plus faible. L'AFSCA et le Conseil supérieur de la Santé déconseillent ces produits chez les personnes qui souffrent d'un cancer, de troubles immunitaires ou qui suivent un traitement pour supprimer l'immunité.
- L'emballage est primordial : grâce à l'atmosphère modifiée à l'intérieur du plastique, les légumes se conservent pendant environ une semaine, alors que sans l'emballage, ils ne tiendraient que 2 jours.
- Après ouverture, les légumes prédécoupés comme ces salades doivent être consommés dans un délai d'un à deux jours. Rien n'indique qu'un sac de laitue ouvert soit plus susceptible de se détériorer qu'un sac fermé si l'on se base sur une inspection visuelle.
- Ne mangez pas de salade préemballée dont la date de péremption est dépassée. Si l'emballage est extrêmement gonflé et si en plus, la laitue est flétrie, jetez.
- Rincer la salade préemballée sous l'eau courante si besoin. En principe, vous ne pouvez la manger telle qu'elle que si l'étiquette indique « lavé et prêt à consommer ».

La culture, la transformation et le transport consomment de l'énergie. L'agriculture est le principal responsable des émissions de gaz à effet de serre. Il est préférable de consommer des produits provenant du champ, et moins de fruits et légumes issus de serres chauffées. Le transport, qui représente moins de 10 % des émissions de gaz à effet de serre, a moins d'impact sur l'environnement que le mode de culture de ce même produit. Il faut aussi se rendre à l'évidence: pas mal de ces salades préemballées sont souvent jetées. Tout cela a un impact majeur sur notre empreinte écologique.
La salade en sachet implique aussi, évidemment, un plus grand effort de transformation. Et puis, bien sûr, il y a l'emballage lui-même, en plastique. Ils ont certes mauvaise réputation, mais ils sont incontournables pour prévenir la détérioration. L'impact environnemental du gaspillage alimentaire est bien plus important que celui des emballages, qui dépend aussi de la qualité de leur recyclage. N'oubliez pas de bien les trier et de les mettre dans le sac PMC plutôt que parmi les déchets résiduels.