Problèmes urinaires chez l’homme : causes, symptômes et traitements


Les problèmes urinaires sont courants chez l’homme, particulièrement chez les plus de 50 ans. Les symptômes et les causes peuvent être multiples, d'où l'importance d'un diagnostic correct. Découvrez les démarches à suivre et les conseils de notre expert.
Les différents problèmes urinaires possibles chez l'homme
À partir d'un certain âge, de nombreux hommes sont confrontés à des problèmes urinaires, qui peuvent se déclarer au travers de symptômes multiples. Grosso modo, ils peuvent être répartis en trois catégories.
1. Difficultés à se retenir d'uriner
- Miction fréquente (pollakiurie) : par fréquence trop élevée, on entend plus souvent qu'une fois toutes les deux heures, ou plus de huit fois en 24 heures. Avec l'âge, la capacité de votre vessie se réduit et vous aurez tendance à uriner plus souvent.
- Passages fréquents aux toilettes la nuit (nycturie) : vous devez régulièrement vous lever (deux fois ou plus) la nuit pour aller uriner, ce qui dégrade la qualité de votre sommeil.
- Difficultés à se retenir (longtemps) d'uriner.
- Envie soudaine et urgente d'uriner : parfois, vous êtes pris d'un brusque et pressant besoin. Vous devez alors vous dépêcher pour arriver à temps aux toilettes.
- Incontinence urinaire : elle peut mener à des pertes urinaires non désirées, ce qui peut fortement affecter votre qualité de vie. L'incontinence urinaire peut prendre plusieurs formes (incontinence à l'effort, d'urgence, mixte ou encore par regorgement).
2. Problèmes au moment d'uriner
- Difficultés pour commencer à uriner.
- Diminution de la force du jet ou jet interrompu.
- Difficultés à uriner ou mictions peu abondantes : vous urinez régulièrement mais uniquement en petites quantités. La miction peut parfois durer longtemps.
- Douleurs ou sensations de brûlure lorsque vous urinez.
- Présence de sang dans l'urine.
- Rétention urinaire : vous souffrez alors d'une incapacité à laisser l'urine s'écouler normalement de la vessie. Elle conserve alors une quantité d'urine. Pour les formes chroniques, les personnes parviennent toujours à uriner mais en petites quantités. En raison de cette incapacité à vider complètement la vessie, une petite quantité d'urine reste dans la vessie après chaque miction, jusqu'à ce qu'elle "déborde" presque. Les personnes souffrant des formes les plus aiguës peuvent soudainement être dans l'incapacité totale d'uriner, ce qui provoque de fortes douleurs au bas-ventre et une rétention urinaire complète, nécessitant un traitement urgent.
3. Problèmes après avoir uriné
- Gouttes "retardataires" : vous n'urinez pas entièrement. Des gouttes peuvent encore s'écouler alors que la miction est terminée depuis un moment.
- Sensation de vidange incomplète : vous avez l'impression que votre vessie n'est pas vide alors que vous venez d'uriner.
En général, ces symptômes se développent progressivement. Les différents symptômes surviennent souvent ensemble, peuvent varier en gravité et évoluer avec le temps. La plupart des hommes souffrant de troubles urinaires semblent n'avoir que des symptômes légers.
À quelle fréquence surviennent les problèmes urinaires chez l'homme ?
Selon les estimations, de 25 à 40 % des hommes de plus de 50 ans sont confrontés à des problèmes urinaires, et jusqu'à plus de 50 % chez les hommes de plus de 70 ans. Or, il ressort également que seuls deux tiers des hommes confrontés à des problèmes urinaires consultent un médecin. Pour le tiers restant, certains décident de ne pas consulter car ils supposent que tous les hommes font face à ces problèmes au-delà d'un certain âge, alors que d'autres sont freinés par un sentiment de honte.
Vers le haut de la pageLes causes des problèmes urinaires chez l'homme
Difficile d'épingler une ou plusieurs causes principales tant les problèmes urinaires peuvent être provoqués par des facteurs très divers. La cause est souvent inconnue, et inoffensive. Par le passé, l'hypertrophie bénigne de la prostate était désignée comme étant la cause principale. Aujourd'hui, le consensus s'accorde plutôt sur les causes multifactorielles : prostate, élasticité de la vessie, régulation nerveuse, augmentation/diminution de la tension des muscles du plancher pelvien, facteurs de comorbidité (diabète, hypertension, obésité ou surpoids par exemple), médicaments, consommation de caféine ou d'alcool, etc.
Le rôle de la prostate
La prostate est une glande de l'appareil génital masculin. Elle a plus ou moins la forme et la taille d'une châtaigne chez l'homme jeune. La prostate est située devant le rectum, sous la vessie. Elle est traversée par l'urètre, le canal qui permet d'évacuer l'urine. Elle sécrète un liquide qui entre dans la composition du sperme. Minuscule à la naissance, la prostate connaît une forte croissance à la puberté, pour atteindre un diamètre de 3 à 4 cm.
L'hypertrophie bénigne de la prostate ou HBP
À l'âge adulte, la prostate peut continuer à grandir et atteindre la taille d'une noix. On parle alors d'hypertrophie (ou hyperplasie) bénigne de la prostate (HBP). Il s'agit d'un phénomène fréquent chez les hommes de plus de 50 ans. Dans certains cas, ce grossissement peut comprimer l'urètre et exercer une pression sur la vessie. Cela peut alors affecter son fonctionnement et provoquer des problèmes urinaires (difficultés pour commencer à uriner, diminution de la force du jet ou jet interrompu, difficultés à uriner ou mictions peu abondantes, sensation de vidange incomplète ou encore gouttes "retardataires").
L'hypertrophie de la prostate était traditionnellement avancée pour expliquer les troubles urinaires chez les hommes plus âgés. Il semble toutefois que beaucoup des hommes souffrant d'une HBP ne présentent pas ou peu de symptômes en matière de problèmes urinaires, et inversement. L'HBP n'est par ailleurs aucunement lié et ne présage pas de l'apparition d'un cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate
Le cancer de la prostate survient bien moins souvent que l'HBP. Le cancer de la prostate se développant généralement très lentement, il reste souvent localisé et ne cause aucun problème. Les problèmes urinaires dans le cadre d'un cancer de la prostate ne se développent que lorsque la maladie est à un stade avancé, ce qui peut prendre plusieurs années, voire ne jamais se produire.
Il est donc important de ne pas oublier que les hommes qui souffrent de problèmes urinaires ne présentent pas de risque plus élevé de développer un cancer de la prostate. Quant aux problèmes urinaires, ils ne préfigurent en rien le développement du cancer de la prostate. Les troubles urinaires ne constituent donc pas une raison de procéder à un dépistage actif du cancer de la prostate.
La prostatite (inflammation de la prostate)
Cette affection est causée par une inflammation du tissu prostatique. Sous sa forme aiguë, elle provoque divers symptômes dont une envie constante d'uriner, mais la miction est difficile et douloureuse. Elle peut aussi causer une sensation de brûlure, ou dans les cas les plus extrêmes empêcher totalement la miction à cause du gonflement de la prostate.
Dans la forme chronique, les symptômes sont similaires à ceux de la prostatite aiguë, mais plus légers.
Les infections des voies urinaires
L'infection des voies urinaires est provoquée par une bactérie (souvent E.coli). Elle peut se déclarer sous la forme d'une cystite (infection de la vessie) ou d'une pyélonéphrite (infection du bassinet des reins).
Les infections des voies urinaires peuvent provoquer une irritation de la vessie et des symptômes comme une fausse envie d'uriner, des mictions fréquentes de petites quantités, des sensations de brûlure lorsque vous urinez, des difficultés à vider votre vessie ou encore la présence de sang dans l'urine.
L'hyperactivité vésicale (activité trop élevée de la vessie)
Une vessie hyperactive est également... très irritable. L'hyperactivité vésicale entraine des contractions involontaires des muscles vésicaux. En d'autres termes, la vessie se resserre même lorsqu'elle n'est pas encore pleine, faisant ainsi croire au cerveau que vous devez uriner. La vessie semble donc plus pleine qu'elle ne l'est en réalité. Vous ressentez donc le besoin d'uriner plus souvent que nécessaire, et avec une plus grande urgence.
Les symptômes sont donc une forte envie d'uriner, des mictions fréquentes (plus de huit fois par jour) mais en petites quantités et des mictions nocturnes (plus de 2 fois par nuit).
Autres causes des problèmes urinaires chez l'homme
D'autres facteurs divers et variés peuvent jouer un rôle, qu'il s'agisse de troubles neurologiques, de médicaments qui peuvent provoquer ou aggraver les symptômes, d'un rétrécissement de l'urètre, d’un mauvais fonctionnement des muscles du plancher pelvien, de calculs dans les voies urinaires ou encore de maladies sexuellement transmissibles.
Vers le haut de la pageProblèmes urinaires: l'importance d'un bon diagnostic
Vous l'aurez donc compris, les causes et les symptômes des problèmes urinaires chez l'homme sont multiples. Il est dès lors capital d'obtenir un diagnostic précis afin de trouver les solutions adaptées pour vous. Pour se faire, il convient donc de consulter un médecin, qui procédera en plusieurs étapes en fonction des symptômes et de la cause probable des problèmes urinaires :
- Anamnèse (ou interrogatoire du patient) : elle se fait au moyen de questions posées aux patients. Pour établir un diagnostic correct, les médecins ont souvent notamment recours au questionnaire standard recommandé, l’International Prostate Symptome Score (IPSS). Vos réponses pourront aider votre médecin à déterminer la nature et la gravité des troubles dont vous souffrez. Il se peut également que le médecin vous demande de tenir un journal de bord de vos habitudes urinaires.
- Examen physique: il peut s'agir d'un examen de la prostate (via un toucher rectal), qui permet d'en vérifier la taille, la texture ou d'éventuelles irrégularités dans la paroi de la prostate.
- Analyse d'urine : l'analyse permet de détecter une infection, la présence de sang ou d'autres anomalies.
- Prise de sang : elle permettra de vérifier la fonction rénale et la présence de marqueurs spécifiques.
- Examens complémentaires : au besoin et selon la gravité de vos symptômes, le médecin pourra également vous renvoyer vers un urologue pour des examens complémentaires visant à identifier des problèmes de la prostate ou de la vessie (par exemple, une échographie, cystoscopie ou biopsie).
Les problèmes urinaires sont-ils dangereux pour ma santé ?
Aussi inconfortables soient-ils, les problèmes urinaires ne sont la plupart du temps pas dangereux pour votre santé. Si beaucoup de personnes associent les problèmes urinaires avec le cancer de la prostate, les deux ne sont quasiment jamais liés.
Vers le haut de la pageTraitements possibles des problèmes urinaires chez l'homme
L'évolution des troubles urinaires chez l'homme est imprévisible, parce qu’elle peut varier considérablement d'une personne à l'autre. Chez un tiers des hommes souffrant de troubles urinaires, les symptômes améliorent spontanément. Pour un autre tiers, ils se stabilisent progressivement. Pour le dernier tiers, ils augmentent lentement avec le temps.
Il n'est donc pas toujours nécessaire d'initier immédiatement un traitement. Souvent, en cas des plaintes légères ou modérées qui n'interfèrent pas avec votre fonctionnement quotidien, vous pouvez vous contenter d’attendre et d’observer l’évolution du problème. En l’absence d’amélioration spontanée ou en cas d’aggravation des problèmes, un traitement est encore et toujours possible. La décision de traiter ou non dépend de divers facteurs, comme la sévérité des plaintes, mais aussi de la manière dont vous vivez votre problème. Ce qui est insupportable pour l’un est simplement fâcheux pour l’autre.
Nos conseils pour prévenir les problèmes urinaires ou diminuer les symptômes
Si vous ne souffrez que de symptômes urinaires légers ou modérés, vous pouvez adapter votre mode de vie pour empêcher l'aggravation des symptômes. Ces mesures peuvent aussi être prises à titre préventif pour réduire les risques de problèmes urinaires. Il ne s'agit que de conseils et suggestions : elles ne présentent pas de garantie absolue. Les preuves scientifiques à leur sujet sont qui plus est limitées, mais elles semblent en général être utiles. Elles sont également inoffensives et ne feront, à défaut de faire du bien, aucun mal.
- Maintenir une bonne hydratation : en vous hydratant correctement (1,5 litre d'eau par jour), vous pourrez éviter le développement d'infections urinaires. Attention toutefois de ne pas trop boire dans les heures avant d'aller vous coucher.
- Limiter la consommation d'alcool et de caféine : elles peuvent irriter la vessie.
- Évitez les aliments irritants : certains aliments (épices, agrumes, édulcorants artificiels et aliments riches en acidité) peuvent irriter la vessie.
- Prendre de bonnes habitudes aux toilettes : prendre le temps de bien vider votre vessie, essayer de se détendre lorsque vous urinez ou encore adopter la position la plus confortable (pour certains debout, pour d'autres assis).
- Entrainez votre vessie : des exercices existent pour vous permettre d'entrainer votre vessie. En cas d'incontinence, de vessie hyperactive ou de mictions fréquentes, entraîner votre vessie peut vous permettre de développer une routine urinaire. Essayez d'aller aux toilettes à intervalles réguliers et fixes, de plus en plus espacés, afin que votre vessie apprenne à se remplir et à se vider correctement et s'habitue à une certaine fréquence.
- Faire des exercices du plancher pelvien : ils peuvent être utiles si vous souffrez de fuites involontaires, par exemple lorsque vous riez ou toussez. Les exercices permettent de renforcer les muscles autour de la vessie et de l'urètre, et mieux retenir votre urine.
- Maintenir une activité physique régulière : l'activité physique est bénéfique pour la santé en général.
- Évitez le tabac : le tabagisme peut irriter les voies urinaires.
- Maintenez-vous à un poids sain : le surpoids peut compresser la vessie et les voies urinaires.
- Évitez la constipation : la constipation peut compresser la vessie.
- Si nécessaire, utilisez du matériel de protection contre l'incontinence.
Les traitements médicamenteux
Le traitement médicamenteux n'est recommandé que si les options pour adapter votre mode de vie échouent et que les symptômes persistent et vous causent de la détresse. Les médicaments n'ont qu'un effet assez limité. Mais attention : s'ils peuvent soulager, ils ne guérissent pas. Il existe deux catégories principales :
- Alfa1-bloquants, au départ mis sur le marché pour réduire la pression artérielle, ils sont régulièrement prescrits pour les hommes souffrant de l'hypertrophie de la prostate. Ils permettent de détendre les tissus musculaires de la vessie et de la prostate, ce qui facilite la vidange de la vessie. Plusieurs produits existent comme l'alfuzosine (Xatral), la tamsulosine (Omic), la térazosine (Hytrin) et la silodosine (Silodyx). Si l'amélioration clinique est limitée, leur avantage principal est leur action rapide sur l'organisme. Parmi les effets secondaires possibles, on retrouve l'hypotension orthostatique et les vertiges, ce qui représente un risque d'instabilité et de chute chez les personnes âgées.
- Inhibiteurs de la 5-alfa-réductase, comme le finastéride (Proscar) ou le dutastéride (Avodart). Ils sont prescrits pour traiter les formes plus sévères de l'HBP. Ils freinent le grossissement de la prostate en agissant sur les hormones sexuelles masculines. Leur action est moins rapide que pour l'autre catégorie. Leur effet ne peut être évalué qu'après six mois. Attention toutefois, il peut causer de nombreux effets secondaires et notamment des troubles sexuels comme une baisse de la libido, des troubles de l'érection, des problèmes d'éjaculation ou le développement des seins chez les hommes (la gynécomastie). Ces effets indésirables peuvent perdurer même après l'arrêt du traitement. Il peut également augmenter les risques de dépression, de pensées suicidaires et d'automutilation. Pour cette raison et compte tenu du ratio risque/bénéfice, les inhibiteurs de la 5-alfa-réductase sont maintenant considérés comme inadéquats dans le traitement des plaintes mictionnelles.
En outre, des anticholinergiques et des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 sont parfois utilisés, mais il existe peu de données sur l'efficacité et la sécurité de ces agents dans le traitement des symptômes urinaires.
L'opération chirurgicale
Dans les cas sévères, lorsque les autres mesures ne suffisent pas, ou lors de complications, une opération doit parfois être envisagée. Elle vise à enlever une partie du tissu prostatique, et ce au moyen de différentes techniques, afin de réduire l'obstruction urinaire et de faciliter l'écoulement de l'urine. La résection transurétrale de la prostate (TURP) est considérée comme l'approche standard, même si d'autres alternatives moins invasives existent aussi, comme la TUIP (incision transurétrale de la prostate), la TUMT, la TUNA, ou encore l'HIFU.
Si l'opération chirurgicale est plus invasive que les médicaments, elle permet de réduire de manière effective les problèmes urinaires chez 75 % des patients souffrant d'HBP, alors que les 25 % restants ne montrent aucune amélioration. Il est donc important de peser le pour et le contre avant de passer sur le billard.
Autres options
D'autres options existent comme la phytothérapie, des préparations à base d'extraits de plantes, associés ou non à des vitamines et des minéraux. Citons notamment Prosta-Urgenin, ProstaforceMed ou encore Prostaserene. Il n'existe toutefois pas assez de preuves scientifiques pour appuyer l'efficacité de ces traitements. La phytothérapie n'a donc pas de valeur ajoutée clairement démontrée dans le traitement des troubles urinaires chez l'homme.
En cas de rétention urinaire aiguë, un traitement urgent est nécessaire. Une sonde est alors introduite par l'urètre ou par une petite incision dans le bas-ventre pour vider la vessie et évacuer l'urine. On pratique alors un cathétérisme.
Une injection de toxine botulique est parfois pratiquée pour les symptômes d'hyperactivité incontrôlable de la vessie afin de réduire l'activité des nerfs vésicaux, mais les données sont actuellement trop rares en termes d'efficacité et d'innocuité.
En cas d'hyperactivité vésicale, la neuromodulation peut également être une option, en implantant un stimulateur qui contrôle les nerfs des muscles du plancher pelvien et l'activité de la vessie. Toutefois, cette procédure n'est pas toujours couronnée de succès.
Vers le haut de la pageÀ partir d'un certain âge, de nombreux hommes sont confrontés à des problèmes urinaires, qui peuvent se déclarer au travers de symptômes multiples. Grosso modo, ils peuvent être répartis en trois catégories.
1. Difficultés à se retenir d'uriner
- Miction fréquente (pollakiurie) : par fréquence trop élevée, on entend plus souvent qu'une fois toutes les deux heures, ou plus de huit fois en 24 heures. Avec l'âge, la capacité de votre vessie se réduit et vous aurez tendance à uriner plus souvent.
- Passages fréquents aux toilettes la nuit (nycturie) : vous devez régulièrement vous lever (deux fois ou plus) la nuit pour aller uriner, ce qui dégrade la qualité de votre sommeil.
- Difficultés à se retenir (longtemps) d'uriner.
- Envie soudaine et urgente d'uriner : parfois, vous êtes pris d'un brusque et pressant besoin. Vous devez alors vous dépêcher pour arriver à temps aux toilettes.
- Incontinence urinaire : elle peut mener à des pertes urinaires non désirées, ce qui peut fortement affecter votre qualité de vie. L'incontinence urinaire peut prendre plusieurs formes (incontinence à l'effort, d'urgence, mixte ou encore par regorgement).
2. Problèmes au moment d'uriner
- Difficultés pour commencer à uriner.
- Diminution de la force du jet ou jet interrompu.
- Difficultés à uriner ou mictions peu abondantes : vous urinez régulièrement mais uniquement en petites quantités. La miction peut parfois durer longtemps.
- Douleurs ou sensations de brûlure lorsque vous urinez.
- Présence de sang dans l'urine.
- Rétention urinaire : vous souffrez alors d'une incapacité à laisser l'urine s'écouler normalement de la vessie. Elle conserve alors une quantité d'urine. Pour les formes chroniques, les personnes parviennent toujours à uriner mais en petites quantités. En raison de cette incapacité à vider complètement la vessie, une petite quantité d'urine reste dans la vessie après chaque miction, jusqu'à ce qu'elle "déborde" presque. Les personnes souffrant des formes les plus aiguës peuvent soudainement être dans l'incapacité totale d'uriner, ce qui provoque de fortes douleurs au bas-ventre et une rétention urinaire complète, nécessitant un traitement urgent.
3. Problèmes après avoir uriné
- Gouttes "retardataires" : vous n'urinez pas entièrement. Des gouttes peuvent encore s'écouler alors que la miction est terminée depuis un moment.
- Sensation de vidange incomplète : vous avez l'impression que votre vessie n'est pas vide alors que vous venez d'uriner.
En général, ces symptômes se développent progressivement. Les différents symptômes surviennent souvent ensemble, peuvent varier en gravité et évoluer avec le temps. La plupart des hommes souffrant de troubles urinaires semblent n'avoir que des symptômes légers.
À quelle fréquence surviennent les problèmes urinaires chez l'homme ?
Selon les estimations, de 25 à 40 % des hommes de plus de 50 ans sont confrontés à des problèmes urinaires, et jusqu'à plus de 50 % chez les hommes de plus de 70 ans. Or, il ressort également que seuls deux tiers des hommes confrontés à des problèmes urinaires consultent un médecin. Pour le tiers restant, certains décident de ne pas consulter car ils supposent que tous les hommes font face à ces problèmes au-delà d'un certain âge, alors que d'autres sont freinés par un sentiment de honte.
Difficile d'épingler une ou plusieurs causes principales tant les problèmes urinaires peuvent être provoqués par des facteurs très divers. La cause est souvent inconnue, et inoffensive. Par le passé, l'hypertrophie bénigne de la prostate était désignée comme étant la cause principale. Aujourd'hui, le consensus s'accorde plutôt sur les causes multifactorielles : prostate, élasticité de la vessie, régulation nerveuse, augmentation/diminution de la tension des muscles du plancher pelvien, facteurs de comorbidité (diabète, hypertension, obésité ou surpoids par exemple), médicaments, consommation de caféine ou d'alcool, etc.
Le rôle de la prostate
La prostate est une glande de l'appareil génital masculin. Elle a plus ou moins la forme et la taille d'une châtaigne chez l'homme jeune. La prostate est située devant le rectum, sous la vessie. Elle est traversée par l'urètre, le canal qui permet d'évacuer l'urine. Elle sécrète un liquide qui entre dans la composition du sperme. Minuscule à la naissance, la prostate connaît une forte croissance à la puberté, pour atteindre un diamètre de 3 à 4 cm.
L'hypertrophie bénigne de la prostate ou HBP
À l'âge adulte, la prostate peut continuer à grandir et atteindre la taille d'une noix. On parle alors d'hypertrophie (ou hyperplasie) bénigne de la prostate (HBP). Il s'agit d'un phénomène fréquent chez les hommes de plus de 50 ans. Dans certains cas, ce grossissement peut comprimer l'urètre et exercer une pression sur la vessie. Cela peut alors affecter son fonctionnement et provoquer des problèmes urinaires (difficultés pour commencer à uriner, diminution de la force du jet ou jet interrompu, difficultés à uriner ou mictions peu abondantes, sensation de vidange incomplète ou encore gouttes "retardataires").
L'hypertrophie de la prostate était traditionnellement avancée pour expliquer les troubles urinaires chez les hommes plus âgés. Il semble toutefois que beaucoup des hommes souffrant d'une HBP ne présentent pas ou peu de symptômes en matière de problèmes urinaires, et inversement. L'HBP n'est par ailleurs aucunement lié et ne présage pas de l'apparition d'un cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate
Le cancer de la prostate survient bien moins souvent que l'HBP. Le cancer de la prostate se développant généralement très lentement, il reste souvent localisé et ne cause aucun problème. Les problèmes urinaires dans le cadre d'un cancer de la prostate ne se développent que lorsque la maladie est à un stade avancé, ce qui peut prendre plusieurs années, voire ne jamais se produire.
Il est donc important de ne pas oublier que les hommes qui souffrent de problèmes urinaires ne présentent pas de risque plus élevé de développer un cancer de la prostate. Quant aux problèmes urinaires, ils ne préfigurent en rien le développement du cancer de la prostate. Les troubles urinaires ne constituent donc pas une raison de procéder à un dépistage actif du cancer de la prostate.
La prostatite (inflammation de la prostate)
Cette affection est causée par une inflammation du tissu prostatique. Sous sa forme aiguë, elle provoque divers symptômes dont une envie constante d'uriner, mais la miction est difficile et douloureuse. Elle peut aussi causer une sensation de brûlure, ou dans les cas les plus extrêmes empêcher totalement la miction à cause du gonflement de la prostate.
Dans la forme chronique, les symptômes sont similaires à ceux de la prostatite aiguë, mais plus légers.
Les infections des voies urinaires
L'infection des voies urinaires est provoquée par une bactérie (souvent E.coli). Elle peut se déclarer sous la forme d'une cystite (infection de la vessie) ou d'une pyélonéphrite (infection du bassinet des reins).
Les infections des voies urinaires peuvent provoquer une irritation de la vessie et des symptômes comme une fausse envie d'uriner, des mictions fréquentes de petites quantités, des sensations de brûlure lorsque vous urinez, des difficultés à vider votre vessie ou encore la présence de sang dans l'urine.
L'hyperactivité vésicale (activité trop élevée de la vessie)
Une vessie hyperactive est également... très irritable. L'hyperactivité vésicale entraine des contractions involontaires des muscles vésicaux. En d'autres termes, la vessie se resserre même lorsqu'elle n'est pas encore pleine, faisant ainsi croire au cerveau que vous devez uriner. La vessie semble donc plus pleine qu'elle ne l'est en réalité. Vous ressentez donc le besoin d'uriner plus souvent que nécessaire, et avec une plus grande urgence.
Les symptômes sont donc une forte envie d'uriner, des mictions fréquentes (plus de huit fois par jour) mais en petites quantités et des mictions nocturnes (plus de 2 fois par nuit).
Autres causes des problèmes urinaires chez l'homme
D'autres facteurs divers et variés peuvent jouer un rôle, qu'il s'agisse de troubles neurologiques, de médicaments qui peuvent provoquer ou aggraver les symptômes, d'un rétrécissement de l'urètre, d’un mauvais fonctionnement des muscles du plancher pelvien, de calculs dans les voies urinaires ou encore de maladies sexuellement transmissibles.
Vous l'aurez donc compris, les causes et les symptômes des problèmes urinaires chez l'homme sont multiples. Il est dès lors capital d'obtenir un diagnostic précis afin de trouver les solutions adaptées pour vous. Pour se faire, il convient donc de consulter un médecin, qui procédera en plusieurs étapes en fonction des symptômes et de la cause probable des problèmes urinaires :
- Anamnèse (ou interrogatoire du patient) : elle se fait au moyen de questions posées aux patients. Pour établir un diagnostic correct, les médecins ont souvent notamment recours au questionnaire standard recommandé, l’International Prostate Symptome Score (IPSS). Vos réponses pourront aider votre médecin à déterminer la nature et la gravité des troubles dont vous souffrez. Il se peut également que le médecin vous demande de tenir un journal de bord de vos habitudes urinaires.
- Examen physique: il peut s'agir d'un examen de la prostate (via un toucher rectal), qui permet d'en vérifier la taille, la texture ou d'éventuelles irrégularités dans la paroi de la prostate.
- Analyse d'urine : l'analyse permet de détecter une infection, la présence de sang ou d'autres anomalies.
- Prise de sang : elle permettra de vérifier la fonction rénale et la présence de marqueurs spécifiques.
- Examens complémentaires : au besoin et selon la gravité de vos symptômes, le médecin pourra également vous renvoyer vers un urologue pour des examens complémentaires visant à identifier des problèmes de la prostate ou de la vessie (par exemple, une échographie, cystoscopie ou biopsie).
Les problèmes urinaires sont-ils dangereux pour ma santé ?
Aussi inconfortables soient-ils, les problèmes urinaires ne sont la plupart du temps pas dangereux pour votre santé. Si beaucoup de personnes associent les problèmes urinaires avec le cancer de la prostate, les deux ne sont quasiment jamais liés.
L'évolution des troubles urinaires chez l'homme est imprévisible, parce qu’elle peut varier considérablement d'une personne à l'autre. Chez un tiers des hommes souffrant de troubles urinaires, les symptômes améliorent spontanément. Pour un autre tiers, ils se stabilisent progressivement. Pour le dernier tiers, ils augmentent lentement avec le temps.
Il n'est donc pas toujours nécessaire d'initier immédiatement un traitement. Souvent, en cas des plaintes légères ou modérées qui n'interfèrent pas avec votre fonctionnement quotidien, vous pouvez vous contenter d’attendre et d’observer l’évolution du problème. En l’absence d’amélioration spontanée ou en cas d’aggravation des problèmes, un traitement est encore et toujours possible. La décision de traiter ou non dépend de divers facteurs, comme la sévérité des plaintes, mais aussi de la manière dont vous vivez votre problème. Ce qui est insupportable pour l’un est simplement fâcheux pour l’autre.
Nos conseils pour prévenir les problèmes urinaires ou diminuer les symptômes
Si vous ne souffrez que de symptômes urinaires légers ou modérés, vous pouvez adapter votre mode de vie pour empêcher l'aggravation des symptômes. Ces mesures peuvent aussi être prises à titre préventif pour réduire les risques de problèmes urinaires. Il ne s'agit que de conseils et suggestions : elles ne présentent pas de garantie absolue. Les preuves scientifiques à leur sujet sont qui plus est limitées, mais elles semblent en général être utiles. Elles sont également inoffensives et ne feront, à défaut de faire du bien, aucun mal.
- Maintenir une bonne hydratation : en vous hydratant correctement (1,5 litre d'eau par jour), vous pourrez éviter le développement d'infections urinaires. Attention toutefois de ne pas trop boire dans les heures avant d'aller vous coucher.
- Limiter la consommation d'alcool et de caféine : elles peuvent irriter la vessie.
- Évitez les aliments irritants : certains aliments (épices, agrumes, édulcorants artificiels et aliments riches en acidité) peuvent irriter la vessie.
- Prendre de bonnes habitudes aux toilettes : prendre le temps de bien vider votre vessie, essayer de se détendre lorsque vous urinez ou encore adopter la position la plus confortable (pour certains debout, pour d'autres assis).
- Entrainez votre vessie : des exercices existent pour vous permettre d'entrainer votre vessie. En cas d'incontinence, de vessie hyperactive ou de mictions fréquentes, entraîner votre vessie peut vous permettre de développer une routine urinaire. Essayez d'aller aux toilettes à intervalles réguliers et fixes, de plus en plus espacés, afin que votre vessie apprenne à se remplir et à se vider correctement et s'habitue à une certaine fréquence.
- Faire des exercices du plancher pelvien : ils peuvent être utiles si vous souffrez de fuites involontaires, par exemple lorsque vous riez ou toussez. Les exercices permettent de renforcer les muscles autour de la vessie et de l'urètre, et mieux retenir votre urine.
- Maintenir une activité physique régulière : l'activité physique est bénéfique pour la santé en général.
- Évitez le tabac : le tabagisme peut irriter les voies urinaires.
- Maintenez-vous à un poids sain : le surpoids peut compresser la vessie et les voies urinaires.
- Évitez la constipation : la constipation peut compresser la vessie.
- Si nécessaire, utilisez du matériel de protection contre l'incontinence.
Les traitements médicamenteux
Le traitement médicamenteux n'est recommandé que si les options pour adapter votre mode de vie échouent et que les symptômes persistent et vous causent de la détresse. Les médicaments n'ont qu'un effet assez limité. Mais attention : s'ils peuvent soulager, ils ne guérissent pas. Il existe deux catégories principales :
- Alfa1-bloquants, au départ mis sur le marché pour réduire la pression artérielle, ils sont régulièrement prescrits pour les hommes souffrant de l'hypertrophie de la prostate. Ils permettent de détendre les tissus musculaires de la vessie et de la prostate, ce qui facilite la vidange de la vessie. Plusieurs produits existent comme l'alfuzosine (Xatral), la tamsulosine (Omic), la térazosine (Hytrin) et la silodosine (Silodyx). Si l'amélioration clinique est limitée, leur avantage principal est leur action rapide sur l'organisme. Parmi les effets secondaires possibles, on retrouve l'hypotension orthostatique et les vertiges, ce qui représente un risque d'instabilité et de chute chez les personnes âgées.
- Inhibiteurs de la 5-alfa-réductase, comme le finastéride (Proscar) ou le dutastéride (Avodart). Ils sont prescrits pour traiter les formes plus sévères de l'HBP. Ils freinent le grossissement de la prostate en agissant sur les hormones sexuelles masculines. Leur action est moins rapide que pour l'autre catégorie. Leur effet ne peut être évalué qu'après six mois. Attention toutefois, il peut causer de nombreux effets secondaires et notamment des troubles sexuels comme une baisse de la libido, des troubles de l'érection, des problèmes d'éjaculation ou le développement des seins chez les hommes (la gynécomastie). Ces effets indésirables peuvent perdurer même après l'arrêt du traitement. Il peut également augmenter les risques de dépression, de pensées suicidaires et d'automutilation. Pour cette raison et compte tenu du ratio risque/bénéfice, les inhibiteurs de la 5-alfa-réductase sont maintenant considérés comme inadéquats dans le traitement des plaintes mictionnelles.
En outre, des anticholinergiques et des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 sont parfois utilisés, mais il existe peu de données sur l'efficacité et la sécurité de ces agents dans le traitement des symptômes urinaires.
L'opération chirurgicale
Dans les cas sévères, lorsque les autres mesures ne suffisent pas, ou lors de complications, une opération doit parfois être envisagée. Elle vise à enlever une partie du tissu prostatique, et ce au moyen de différentes techniques, afin de réduire l'obstruction urinaire et de faciliter l'écoulement de l'urine. La résection transurétrale de la prostate (TURP) est considérée comme l'approche standard, même si d'autres alternatives moins invasives existent aussi, comme la TUIP (incision transurétrale de la prostate), la TUMT, la TUNA, ou encore l'HIFU.
Si l'opération chirurgicale est plus invasive que les médicaments, elle permet de réduire de manière effective les problèmes urinaires chez 75 % des patients souffrant d'HBP, alors que les 25 % restants ne montrent aucune amélioration. Il est donc important de peser le pour et le contre avant de passer sur le billard.
Autres options
D'autres options existent comme la phytothérapie, des préparations à base d'extraits de plantes, associés ou non à des vitamines et des minéraux. Citons notamment Prosta-Urgenin, ProstaforceMed ou encore Prostaserene. Il n'existe toutefois pas assez de preuves scientifiques pour appuyer l'efficacité de ces traitements. La phytothérapie n'a donc pas de valeur ajoutée clairement démontrée dans le traitement des troubles urinaires chez l'homme.
En cas de rétention urinaire aiguë, un traitement urgent est nécessaire. Une sonde est alors introduite par l'urètre ou par une petite incision dans le bas-ventre pour vider la vessie et évacuer l'urine. On pratique alors un cathétérisme.
Une injection de toxine botulique est parfois pratiquée pour les symptômes d'hyperactivité incontrôlable de la vessie afin de réduire l'activité des nerfs vésicaux, mais les données sont actuellement trop rares en termes d'efficacité et d'innocuité.
En cas d'hyperactivité vésicale, la neuromodulation peut également être une option, en implantant un stimulateur qui contrôle les nerfs des muscles du plancher pelvien et l'activité de la vessie. Toutefois, cette procédure n'est pas toujours couronnée de succès.