Homéopathie et médicaments à base de plantes


On distingue trois types de médicaments : les médicaments classiques, les médicaments à base de plantes et les médicaments homéopathiques. Ce qui les différencie ? La nature de leur molécule active.
Médicament classique
La substance active d’un médicament classique est issue d’un procédé chimique (l’acide acétylsalicylique dans le cas de l’aspirine, p.ex.) ou d’organismes vivants (tels des anticorps antitumoraux fabriqués par des cellules).
Comment les reconnaître ? Par leur numéro d’autorisation de mise sur le marché sous la forme "BExxxx".
Médicament à base de plantes
Le principe actif d’un produit à base de plantes est issu de plantes, d’extraits de plantes ou de composés végétaux. Une distinction s’impose entre médicament "ordinaire" ou "traditionnel" à base de plantes en fonction des exigences auxquelles ces produits doivent répondre pour pouvoir être mis sur le marché.
Comment les reconnaître ? Les médicaments "classiques" à base de plantes possèdent également un numéro d’autorisation sous la forme "BExxx". Sur la base de ce numéro, il n’est donc pas possible de faire la différence entre un médicament classique et un médicament à base de plantes. Dans la notice, le nom de la plante doit être mentionnée comme principe actif.
Les médicaments "traditionnels" à base de plantes ont un numéro d’enregistrement sous la forme "BE-TUxxx" et leur notice doit mentionner "médicament traditionnel à base de plantes".
Médicament homéopathique
Homéopathie et phytothérapie ne sont pas synonymes. Pas du tout. La matière première d’un traitement homéopathique peut être d’origine végétale (de la camomille, par exemple), mais aussi d’origine animale (du venin de serpent), minérale (du phosphore) ou encore chimique (un extrait de pétrole brut). En outre, cette matière première subit de nombreuses dilutions et dynamisations successives, de telle sorte qu’au final, la plupart du temps, il ne reste quasi plus de substance active dans le médicament homéopathique.
Il existe deux sortes de médicaments homéopathiques, avec ou sans indication thérapeutique (indication de l'affection contre laquelle le produit peut être utilisé). A leurs côtés, on trouve également des produits homéopathiques non-officiellement autorisés ou enregistrés comme médicaments.
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Les produits homéopathiques sans indication thérapeutique
Ces produits peuvent être administrés dans un grand nombre de maladies. C’est le profil du patient et non l’affection en elle-même qui détermine le choix du remède homéopathique. Comment les reconnaître ? Sur l’emballage : "médicament homéopathique sans indication thérapeutique spécifique". Pas de nom de marque, ni de notice. On les reconnaît par leur nom de principe actif et leur taux de dilution (p.ex. : belladonna 9CH). Le numéro d’enregistrement apparaît comme ceci : "HO-BE-CHxxxx" ou "HO-BE-UHxxxx".
Attention ! Des produits homéopathiques sans indication thérapeutique peuvent utiliser le terme « médicament » parce qu’ils sont enregistrés à l’inventaire des produits homéopathiques (notifiés) et satisfont à des critères de qualité précis. Ils ne sont pourtant pas enregistrés officiellement, ni autorisés comme médicament. Les autorités de santé n’ont pas encore déterminé si ces produits répondent aux exigences actuelles de mise sur le marché. Ils ne sont donc pas repris dans notre banque de données des médicaments. Comment les reconnaître ? Le numéro de notification apparaît sous la forme : "xxxCHxxxFxxx" ou "xxxxUHxxxxFxxx". L’absence des lettres « HO-BE » constitue donc la preuve que ce produit n’est pas officiellement enregistré comme médicament homéopathique.
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Les produits homéopathiques avec indication thérapeutique
Ces produits combinent souvent différentes matières premières. Ils portent un nom de marque et disposent d’une notice, tout comme un médicament classique. Comment les reconnaître ? Numéro d’autorisation sous la forme : "HO-BExxxx" et notice : "médicament homéopathique".
Attention ! Des produits homéopathiques avec indication thérapeutique peuvent utiliser le terme « médicament » quand ils sont repris à l’inventaire des produits homéopathiques et qu’ils satisfont à des conditions précises de qualité. Ils ne sont toutefois pas officiellement enregistrés ni autorisés comme médicament. . Les autorités de santé n’ont pas encore déterminé si ces produits répondent aux exigences actuelles de mise sur le marché. Ils ne sont donc pas repris dans notre banque de données des médicaments. Comment les reconnaître ? Numéro de notification sous la forme « xxxxCHxxxxFxx » ou « xxxxUHxxxxFxx ». L’absence des lettres « HO-BE » constitue donc la preuve que ce produit n’est pas officiellement enregistré comme médicament homéopathique.
Malheureusement, tous les médicaments ne doivent pas répondre aux mêmes exigences d’efficacité pour obtenir leur autorisation de mise sur le marché.
Médicament classique
Actuellement, les médicaments classiques doivent répondre à de strictes exigences en termes d’efficacité, de sécurité et de qualité. Les pouvoirs publics se basent sur les résultats d’études détaillées menées pendant plusieurs années sur le médicament en laboratoire, sur l’animal et chez l’homme. Des études à grande échelle doivent démontrer que le médicament possède, pour une affection déterminée, un effet au moins équivalent à celui d’un médicament existant ou d’un placebo.
Médicament classique à base de plantes
Pour les médicaments classiques à base de plantes, la mise sur le marché ne requiert qu’un minimum de preuves scientifiques : la substance active doit avoir été utilisée pendant au moins 10 ans dans l’Union européenne, sa sécurité et son efficacité pour les patients doivent être attestées par au moins une étude dans la littérature.
Médicament traditionnel à base de plantes
Les exigences sont moins élevées encore pour ce qu’on appelle les médicaments traditionnels à base de plantes. Il suffit au fabricant de démontrer que la substance active est utilisée depuis au moins 30 ans, dont 15 ans au moins dans l’Union européenne. Par ailleurs, la « tradition » doit démontrer que le produit est sûr et que son efficacité est « plausible ». La sécurité et l’efficacité ne doivent donc pas être activement étudiées, comme c’est pourtant le cas avec les médicaments classiques.
Médicament homéopathique avec indication
Pour la commercialisation, une bibliographie adéquate suffit, soit « un bref rapport établissant que le médicament a un jour été utilisé pour une indication déterminée ».
Médicament homéopathique sans indication
Ils peuvent être utilisés pour de nombreuses affections. C’est le profil du patient et non l’affection en elle-même qui détermine le choix du remède homéopathique, ce qui rend difficile toute preuve d’efficacité… Avec la conséquence suivante que pour les produits sans indication à usage oral ou externe, suffisamment dilués pour que leur innocuité soit garantie, le fabricant ne doit même pas démontrer leur efficacité.
L’efficacité des produits homéopathiques et des médicaments traditionnels à base de plantes n’est donc pas prouvée. Et quid de leur sécurité ? Là aussi, les risques pour le patient ne sont pas négligeables.
D’abord et avant tout, pour un certain nombre de produits, un risque d’effets secondaires. Nous déconseillons donc les suppositoires Kalip’tus-Medical et les gouttes oculaires homéopathiques (Oculo-Heel, Homeoptic).
Par ailleurs, chez les patients qui souffrent de pathologies sévères (troubles cardiaques ou hépatiques), il est essentiel pour pouvoir commencer en temps et heure un traitement dont l’efficacité est bien prouvée: si ces personnes trouvent refuge dans des produits qui n’ont, tout au plus, qu’un effet placebo, cela peut mettre leur santé en péril. Nous déconseillons donc certains remèdes homéopathiques comme Cralonin et Hepeel.
Sur prescription médicale : aura de crédibilité
Certains traitements homéopathiques ne sont en outre uniquement disponibles que sur prescription médicale, en l’occurrence quand il est question d’une indication qui ne peut être constatée que par un médecin. Cela leur confère une aura et une crédibilité qu’ils ne méritent assurément pas.
Ainsi du médicament homéopathique "2Lpapi", qui se targue de renforcer le système immunitaire après une infection par le papillomavirus humain (HPV), virus qui peut notamment être à l’origine du cancer du col de l’utérus. Si l’on fait confiance à ce médicament sur prescription et qu’on ne se fait pas vacciner contre le HPV pour cette raison, on peut en faire les frais. La sécurité du patient est clairement menacée, c’est pourquoi nous déconseillons ce produit, tout comme le « 2Lherp ».
Vu ces risques, il est important que la notice du produit renvoie le patient vers son médecin traitant en cas de plaintes.
Quelques exemples
Fiez-vous à notre banque de données !
Nos équipes ont développé une banque de données dans laquelle la valeur réelle de pas moins de 6.300 médicaments est facilement accessible. Sur la base de sources scientifiques indépendantes, chaque produit est répertorié comme d’ "utilité avérée", d’ "utilité limitée", d’ "usage discutable" ou encore "à déconseiller". Pas moins de 840 médicaments ont reçu une mauvaise note.
Vers notre base de données médicaments
Il est inacceptable que les produits homéopathiques et les traitements traditionnels à base de plantes soient vendus en pharmacie en tant que "médicaments" sans que leur efficacité ne soit prouvée. Nous émettons également de sérieux doutes sur l’efficacité et/ou la sécurité d’un certain nombre de médicaments classiques et de médicaments ordinaires à base de plantes. L’appellation « médicament » confère à ces produits une aura de crédibilité qu’ils ne méritent pas. C’est tromper le consommateur.
Critères identiques pour tous les médicaments
Nous estimons que tous les médicaments qui sont autorisés sur le marché sous le terme "médicament" doivent satisfaire aux mêmes exigences d’efficacité, de sécurité et de qualité. C’est valable aussi pour les produits qui sont déjà dans le commerce.
Un certain nombre de produits, parmi lesquels des médicaments classiques, se voient étiquetés par nos experts d’un "utilité discutable" ou "à déconseiller". Concernant ces produits aux propriétés douteuses, il s’agit souvent de vieux médicaments, dont certains datent encore parfois d’avant le renforcement des critères d’efficacité pour les médicaments classiques. Ou il s’agit, par exemple, de produits qui amélioraient légèrement certains symptômes précis à court terme mais pour lesquels on ignorait alors s’ils apportaient une valeur ajoutée à long terme pour les patients. Une réévaluation de ces médicaments s'impose.
Tant que les critères de commercialisation ne seront pas identiques pour tous les médicaments, il doit être clairement mentionné, concernant les remèdes homéopathiques et les produits traditionnels à base de plantes, que leur efficacité n’est pas prouvée et que toutes plaintes persistantes doivent être référées à un médecin. Cette recommandation doit être accessible pour le patient sur l’emballage, sur la notice mais aussi dans toute publicité que nous préférerions voir supprimée pour tous les médicaments disponibles sans prescription.
Ces recommandations sont en accord avec la position sur l’homéopathie du Conseil scientifique des académies des sciences européennes (EASAC).
Contrôlez vous-même votre médicament
En attendant davantage de clarté, nos analyses peuvent vous fournir de précieuses indications sur la sécurité et l’efficacité d’un médicament. Les résultats sont facilement accessibles dans notre banque de données sur les médicaments.
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