Donanemab, nouveau traitement contre la maladie d'Alzheimer

Ces deux dernières années, des nouveaux médicaments ont été lancés contre la maladie d’Alzheimer. L'un d'entre eux est le Donanemab. Présenté comme une avancée majeure, ce médicament peut pourtant provoquer des effets secondaires graves. Les avantages l’emportent-ils sur les inconvénients ?

Donanemab/Kisunla, nouveau traitement révolutionnaire contre Alzheimer?
La maladie d’Alzheimer est une maladie complexe pour laquelle il n’existe actuellement pas de traitement convaincant. Chaque annonce relance donc l’espoir auprès des patients et de leur famille.
Le Lécanémab (commercialisé sous le nom de Leqembi) des laboratoires Eisai et Biogen bénéficie déjà d’une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis. En avril 2025, l’Europe a approuvé sa commercialisation dans l’Union européenne.
Dans le même temps, un autre médicament, le Donanemab (Kisunla®), avance également dans ses procédures. La société pharmaceutique Eli Lilly a annoncé les premiers résultats de son essai clinique de phase 3 sur le Donanemab en mai 2023. Elle a ensuite rentré une demande de commercialisation en Europe auprès de l'EMA en août 2023.
Ces médicaments vont-ils révolutionner le traitement d'Alzheimer, comme l'affirment leurs fabricants ? La question mérite d’être posée. Pour qu’un médicament soit vraiment utile aux patients, les avantages doivent l'emporter sur les inconvénients. À l'heure actuelle, il n’est pas certain que ce soit le cas pour le Donanemab, dont les effets secondaires peuvent être sévères et les répercussions positives sur la qualité de vie des patients semblent peu perceptibles.
Les traitements existants contre la maladie d'Alzheimer
Vers le haut de la pageLe Donanemab, qu’est-ce que c’est ?
Après l’Aducanumab et le Lécanémab, le Donanemab est le troisième médicament développer pour stopper la progression de la maladie d’Alzheimer.Cette maladie neurodégénérative se caractérise par le dépôt anormal de deux protéines dans le cerveau, dont la protéine amyloïde. Lorsqu'elle s'accumule entre les neurones, elle finit par former des plaques, appelées plaques amyloïdes ou plaques séniles. Elles interfèrent dans la communication entre les cellules du cerveau, ce qui provoque le déclin cognitif typique de la maladie d'Alzheimer.
Ce sont ces protéines amyloïdes que visent donc le Donanemab, avec pour objectif de les éliminer et de ralentir ainsi la progression de la maladie.
Comment fonctionnent le Donanemab ?
Basés sur l’immunothérapie, le Donanemab est un anticorps administrés par intraveineuse toutes les 4 semaines pour le premier. Leur but n’est pas d’arrêter la maladie mais de contribuer à la ralentir.Selon la société pharmaceutique Eli Lilly, qui l’a conçu, le Donanemab ralentirait de 29 % le déclin cognitif par rapport à un traitement placebo dans les premiers stades de la maladie d'Alzheimer. Vers le haut de la page
Le Donanemab est-il efficace pour ralentir la progression de la maladie d'Alzheimer?
Le Donanemab ralentirait d’environ un tiers la progression de la maladie : cela peut sembler spectaculaire, mais c'est probablement à peine perceptible pour le patient lui-même. En effet, si les études ont prouvé que ces traitements avaient effectivement un impact sur la régression des plaques amyloïdes dans le cerveau, il reste encore à démontrer que cela permet une réelle amélioration clinique des patients ou au moins un ralentissement de l’évolution de la maladie.
Les résultats des études actuelles permettent de douter de la pertinence clinique de ce nouveau médicament et son utilité pour lutter contre la maladie d’Alzheimer fait donc l'objet de nombreux débats.
Quels sont les effets secondaires de Donanemab ?
La question de l’utilité du traitement se pose d’autant plus que celui-ci peut entraîner des conséquences graves pour le patient.
En effet, le Donanemab peut engendrer des effets secondaires importants. Des hémorragies cérébrales et des gonflements (œdèmes) surviennent ainsi dans plus de 10 % des cas, ce qui n’est pas négligeable. Habituellement, ce phénomène n'est visible que par imagerie et n'entraîne aucun symptôme, mais chez certains patients, il peut provoquer des symptômes tels que :
- des maux de tête ;
- de la confusion ;
- des vomissements ;
- des troubles de la vision ou de la démarche ;
- des crises d'épilepsie ;
- dans de rares cas, la mort.
L’étude clinique de phase 3 a révélé qu’il provoquait des œdèmes et (dans une moindre mesure) des hémorragies dans le cerveau.
Un œdème cérébral a été observé chez 24 % des 853 patients ayant reçu le Donanemab (contre 2 % des patients ayant reçu le placebo). Des hémorragies cérébrales ont été observées chez 20 % des patients du groupe Donanemab (contre 7 % dans le groupe placebo). Chez 1,6 % des participants, ces œdèmes et hémorragies sont devenus dangereux. Pour trois participants, ils ont eu une issue fatale. Dans le groupe Donanemab, 13 % des patients ont arrêté le traitement en raison d'un effet indésirable (contre 4 % dans le groupe placebo).
Vers le haut de la pageLe Donanemab sera-t-il bientôt vendu en Europe ?
Une demande de mise sur le marché européen a été déposée en août 2023 pour le Donanemab. Elle est actuellement toujours à l'étude par l'EMA.En effet, avant de pouvoir être vendu chez nous, il doit être approuvé par l'EMA, ce qui peut prendre un certain temps. Ensuite, chaque État membre de l'Union européenne devra mener des négociations de prix avec le fabricant. Vers le haut de la page
Notre avis sur le Donanemab
Au final, que penser de ce nouveau traitement ?
Avant de penser à entamer un traitement au Donanemab, il est important de mettre en balance ses bénéfices et ses inconvénients. Il présente en effets pas mal d’effets secondaires et certains peuvent être graves. Or, une personne atteinte d’Alzheimer qui prend ce traitement pourrait à peine percevoir l’amélioration de son état. Il est dès lors légitime de se demander s’il est pertinent de recourir au Donamemab. Une évaluation rigoureuse et individualisée du rapport bénéfice/risque est indispensable.
Il convient d’évaluer plus précisément s’il représente un réel progrès thérapeutique ou non. Il faudra également contrôler si, en réduisant les plaques amyloïdes, il contribue effectivement à entraver le déclin cognitif des patients et/ou à améliorer leur qualité de vie, cela dans quelle mesure et pour combien de temps. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de juger si son éventuelle efficacité permet d’accepter les effets indésirables susmentionnés.
Reste à voir si le Donanemab sera un jour disponible en Belgique. Si cela se produit, il faudra examiner à quels patients ce traitement pourra être administré pour éviter les profils les plus à risque d’effets secondaires. Qui plus est, les patients qui recevront ce traitement devraient également faire l'objet d'une surveillance étroite, par exemple au moyen de scanners cérébraux réguliers afin de détecter à temps tout effet secondaire. Cette procédure demandera un lourd investissement que ce soit en temps, en argent et en personnel médical. Ces ressources ne pourraient-elles pas être dépensées plus efficacement dans d'autres domaines des soins de santé ? La question mérite d’être posée.
Finalement, que retenir de ce traitement ? Si l’on peut se réjouir de chaque avancée dans la recherche concernant la maladie d’Alzheimer, il nous semble que nous ne sommes malheureusement pas encore en présence du traitement révolutionnaire tant espéré. Il ne semble pas en mesure de ralentir ou de guérir efficacement le déclin cognitif des patients atteints de la maladie d'Alzheimer dans la vie de tous les jours.
Le Lécanémab, vraiment efficace contre la maladie d'Alzheimer?
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