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Les essais cliniques restent trop souvent secrets

30 avril 2019

Les universités européennes transgressent largement les règles de transparence pour les essais cliniques avec des médicaments. L’absence ou la publication tardive de tous les résultats de ces essais n’est pas seulement un gaspillage des fonds publics, mais cela a aussi des conséquences néfastes pour les patients et la santé publique.

Les études sur les médicaments sont nécessaires pour vérifier qu'ils soient efficaces et sûrs. Ce n’est que si tous les résultats de toutes les études sont publiés que l’on pourra évaluer la valeur réelle d’un médicament. Notre étude commune avec TranspariMED (Royaume-Uni), BUKO Pharma-Kampagne (Allemagne) et Health Action International (Pays-Bas) menée auprès de 30 universités européennes dans 10 pays différents montre cependant que les universités ne respectent que très peu ces normes de transparence. Nous exigeons que les autorités et les universités fassent d’urgence de la publication des résultats de tous les essais cliniques une priorité.

Obligation de transparence

Il est primordial que les résultats des études cliniques sur les médicaments soient divulgués à temps pour que les médecins puissent prescrire le médicament le plus approprié. Par ailleurs, cela permet également à l’assurance maladie de prendre des décisions responsables concernant le remboursement. Faute de quoi, les patients pourront être exposés à des risques inutiles et les ressources publiques limitées seront gaspillées dans des médicaments qui ne sont pas (suffisamment) efficaces.

C’est précisément parce que la transparence est si importante que l’Europe a imposé un certain nombre de règles. Ainsi, les études cliniques avec des médicaments doivent être répertoriées dans un registre européen, et ce, avant de recruter le premier patient. Depuis juillet 2014, un résumé des résultats doit être publié dans les 12 mois suivant la fin de l’étude (six mois pour les études avec des médicaments pour les enfants) sur ce même site Internet européen.

778 études sans résultats publics

Au total, 30 universités dans 10 pays ont été passées au crible pour voir si elles respectent ces règles de transparence. En Belgique, il y en avait trois : la KULeuven, l’UGent et l’Université Libre de Bruxelles. Dans notre pays, en moyenne, seuls 3,9 % des résultats de recherche ont été publiés dans le registre européen. La KULeuven enregistre le meilleur résultat avec un pourcentage de 12,5 %. En revanche, l’UGent et l’ULBruxelles n’ont publié les résultats d’aucune étude.

Sur les 10 pays, nous avons trouvé 778 études pour lesquelles les universités transgressaient les règles de transparence et n’enregistraient pas de résultats. À peine 17 % des essais respectaient l’obligation de publication. Le seul pays enregistrant des résultats quelque peu acceptables est le Royaume-Uni, avec un taux de rapport de 69 %.

Selon nous, il faut clairement un suivi plus strict, une tâche partagée pour les universités, les fonds qui financent ces recherches, les différentes administrations publiques et l’agence des médicaments. Sans mesure sérieuse, les résultats de nombre de ces essais et les connaissances acquises risquent de disparaître pour toujours de la société.