Les pharmaciens accompagnent le sevrage des somnifères : conseils et approche multidisciplinaire

Nouvelle voie depuis le 1er février : accompagnement par pharmaciens
L’importance de la consommation (de longue durée) de somnifères et de calmants reste préoccupante en Belgique. C’est regrettable, car ces médicaments ne sont pas sans risque. Les personnes qui prennent de manière chronique un somnifère sur ordonnance (benzodiazépines ou apparentés) peuvent, depuis le 1er février, s’adresser gratuitement à un pharmacien pour en réduire la consommation quotidienne. Il s’agit d’un projet pilote où c’est le pharmacien qui assure l’accompagnement sur prescription du médecin.
Avantages d’une approche multidisciplinaire pour le sevrage des somnifères
Les recherches montrent qu’un entretien avec un médecin ne suffit pas à lui seul à renoncer à long terme à la consommation de benzodiazépines. C’est ce qui explique la mise sur pied, pour la première fois, d’une collaboration multidisciplinaire. L’avantage de cette approche, c’est que le pharmacien peut suivre le patient de près et lui donner toutes les informations et explications nécessaires pendant la phase d’initiation. Pendant le programme, il dispensera des préparations magistrales à des doses décroissantes.
L’importance d’une bonne communication entre pharmacien, médecin et patient
Au cours du programme de sevrage, une bonne communication entre toutes les parties est cruciale. Si, par exemple, vous constatez que vous ou votre organisme avez besoin de davantage de temps pour le sevrage que ce qui avait été prévu initialement, ne manquez pas de le signaler à votre pharmacien ou à votre médecin. Le programme pourra ainsi être modifié en fonction de votre expérience. Les entretiens de suivi avec votre pharmacien et votre médecin sont essentiels à la réussite de ce programme.
Sevrage progressif contre arrêt brutal des somnifères
La meilleure façon d’arrêter les somnifères, c’est de le faire progressivement et avec un accompagnement professionnel. Un arrêt trop brutal peut en effet entraîner des symptômes de manque comme des palpitations cardiaques, une aggravation de l’insomnie, de l’anxiété, des cauchemars, une irritabilité, des douleurs musculaires et des suées. Ainsi que, parfois, des maux de tête, de la diarrhée, des nausées et une perte d’appétit.
Dans de très rares cas, le patient présente des délires ou des hallucinations. Ces symptômes de manque disparaissent généralement après quelques semaines, mais ils peuvent aussi se manifester des mois durant et, exceptionnellement, même pendant plus d’un an. Cela peut entraîner un cercle vicieux : beaucoup vont reprendre les somnifères ou les calmants pour se débarrasser de ces symptômes.
Effets secondaires et risques possibles des somnifères
La consommation de somnifères et de calmants ne va pas sans risques. Au début du traitement surtout, peuvent apparaître des symptômes comme de la somnolence et de la fatigue pendant la journée, des maux de tête, des vertiges, une perte de réactivité, des problèmes de concentration (pouvant influencer la conduite) et des troubles de la mémoire. Chez les personnes âgées, cela accroît les risques de chute. D’autres effets secondaires sont :
- diminution du sommeil paradoxal et du sommeil profond, entraînant une perte de la qualité du sommeil et donc une aggravation de l'insomnie ;
- confusion, en particulier chez les personnes âgées;
- irritabilité et anxiété ;
- agressivité et accès de colère ;
Si vous ressentez ces effets secondaires, mieux vaut prendre contact avec votre médecin. Vous prenez plusieurs sortes de somnifères ? Ou vous les prenez conjointement avec de l’alcool, des drogues ou des calmants ? Cela aggrave les effets secondaires.
La consommation de longue durée de somnifères et de calmants ou la prise d’une trop forte dose peut entraîner une accoutumance et une dépendance psychique et physique, même après une ou deux semaines déjà. On devient convaincu que la situation n’est plus maîtrisable sans ses médicaments, et il est de plus en plus difficile d’arrêter. Au bout d’un certain temps, les médicaments perdent en outre leur efficacité et il faut alors augmenter les doses pour obtenir le même effet. Il est donc important de mettre au point avec votre médecin une claire stratégie d’arrêt dès le début du traitement avec des somnifères.
Le risque de dépendance est donc important. En outre, des symptômes de manque apparaissent quand on arrête. C’est pourquoi il est important d’utiliser ces médicaments le moins longtemps possible et aux plus faibles doses possibles. Mais, malheureusement, ces médicaments sont assez souvent pris pendant plusieurs mois, voire de manière permanente. Sans qu’on ne s’attaque aucunement à la cause véritable de l’insomnie.
Il existe pourtant d’autres solutions pour combattre des problèmes d’insomnie. En première instance, on recommande aux médecins de prescrire moins de somnifères aux personnes souffrant d’insomnies, et de leur proposer des méthodes alternatives comme tenir un journal du sommeil et respecter des conseils d’hygiène du sommeil et, en seconde instance, de suggérer une thérapie de sommeil.
Conseils pratiques pour cesser de prendre des somnifères
Quelques conseils d’ordre général pour renoncer aux somnifères :
- N'arrêtez pas tout seul : faites-vous aider (par votre médecin généraliste/pharmacien) tout au long du sevrage.
- Choisissez un moment favorable pour arrêter : quand votre vie ne traverse pas une période particulièrement excitante ou à problèmes. Par exemple, il peut être utile d'arrêter pendant les vacances, quand vous n’avez pas de pression professionnelle pendant un certain temps, moins d'obligations familiales et moins de stress en général.
- Informez vos proches que vous essayez d'arrêter de prendre des somnifères ou des calmants. Un peu de compréhension et d'encouragement vous aideront beaucoup.
- Préparez-vous à d'éventuels échecs et réfléchissez à l’avance à ce qui pourrait vous aider à ne plus prendre de somnifères.
Une bonne hygiène de sommeil et autres conseils pratiques pour mieux dormir
Points d’attention pour la journée
- Sortez le plus souvent possible. L’air extérieur et la lumière du jour contribuent à stabiliser votre horloge interne.
- Ménagez-vous régulièrement de brefs temps de repos. Allez vous asseoir dans un endroit tranquille et respirez profondément. Essayez de gérer votre niveau de stress.
- Surveillez votre alimentation. Des repas sains et variés sont source d’énergie la journée et font mieux dormir.
- Vos activités de la journée influencent votre besoin de sommeil. Les personnes moins actives la journée auront moins facilement sommeil le soir. Faire suffisamment d’exercice la journée (marcher, nager, jardiner, …) peut vous aider à bien dormir.
- Surveillez votre consommation de caféine. Des boissons comme le café, le thé, les colas ou les boissons énergisantes stimulent le cerveau et agissent donc aussi pendant votre sommeil.
- Ne dormez pas pendant la journée.
Points d’attention pour le soir
- Allez vous coucher à des heures fixes adaptées à vos besoins de sommeil. Essayez autant que possible de vous lever à la même heure, même le week-end. Vous aurez ainsi sommeil à la même heure le soir. La régularité et la routine sont importantes.
- Toutefois, n’allez dormir que quand vous avez sommeil. Lorsque vous commencez à vous assoupir ou quand vos paupières deviennent de plus en plus lourdes, c'est signe qu’il est temps d’aller dormir.
- Prenez l'habitude de ne dormir que dans votre lit. S'assoupir tous les soirs devant l'écran de télévision n'est pas idéal.
- Éteignez votre tablette, votre smartphone ou votre ordinateur une heure avant d’aller vous coucher. Vous évitez ainsi de trop stimuler votre cerveau ainsi que l'exposition à la lumière bleue.
- Évitez de boire de grandes quantités d'eau le soir afin de ne pas devoir vous lever la nuit pour uriner.
- Ne buvez plus d'alcool ou de boissons à la caféine avant de vous coucher. Peut-être vous endormirez-vous plus facilement, mais vous passerez une nuit agitée, ce qui signifie que vous ne serez pas suffisamment reposé le matin.
- Ne mangez pas trop tard et évitez les repas lourds ou épicés environ deux heures avant d’aller dormir. Se coucher avec un estomac lourd ou en ayant encore faim peut perturber votre sommeil. Vous avez faim le soir ? Prenez alors un en-cas léger.
- Donnez-vous le temps de décompresser en fin de journée et faites surtout des activités relaxantes le soir. Efforcez-vous de vous détendre une heure avant de vous coucher (courte promenade, bain chaud, exercices de relaxation, massage, relations sexuelles). Évitez trop de surmenage (physique et mental).
- N'emportez pas vos problèmes au lit : éloignez-les de la chambre à coucher d'une manière ou d'une autre, par exemple en en parlant ou en les mettant noir sur blanc.
- Ne fumez pas juste avant de vous coucher. La nicotine rend le sommeil plus difficile.
- Instaurez un rituel de sommeil régulier. Par exemple, dressez la table pour le lendemain matin, enfilez votre pyjama, brossez-vous les dents et lisez quelques pages d'un livre relaxant.
- La nuit, ne regardez pas le réveil pour savoir l'heure qu'il est. Il peut être utile de bannir ou de cacher le réveil au regard.
- Veillez à ce que votre chambre à coucher soit bien obscurcie et fraîche.
- Si vous ne parvenez pas à dormir, levez-vous et faites quelque chose de relaxant.
Points d’attention pour le matin
- Levez-vous à heure fixe.
- Vous avez des enfants ? Essayez de dégager suffisamment de temps pour la ruée quotidienne du matin.
- Ne restez pas au lit plus longtemps que nécessaire.
- Veillez à avoir une bonne chambre à coucher. Une chambre à coucher bien dégagée et un mobilier apaisant vous aideront à vous détendre et à mieux dormir. Ayez suffisamment d’oxygène, et aérez la chambre pendant la journée.