Quelles sont les conséquences de la pollution de l'air sur votre santé?


D'où vient la pollution de l'air?
Quant on parle de pollution de l'air, on désigne "la présence de substances nocives ou toxiques dans l'atmosphère en quantités suffisantes pour nuire à la santé humaine, aux écosystèmes et au climat. Ces substances peuvent être d'origine naturelle ou anthropique". Elles peuvent prendre des formes diverses, mais aussi être causées par des sources multiples.
L'un des problèmes avec la pollution de l'air, c'est qu'elle n'est pas toujours facile à repérer. "Lorsque la fumée d’un feu de forêt ou la suie du pot d’échappement d’un camion encrassent l’air, cela semble évident. Cependant, même un air qui semble sain et sent bon peut être pollué", glisse d'emblée Carine Deschamps, experte environnement chez Testachats.
"Elle est à l’origine de maladies chroniques invalidantes pour des millions de personnes, pesant lourdement sur les systèmes de santé, les économies et les sociétés. Pour la population mondiale totale, elle constitue également le deuxième facteur de risque de décès, après l’hypertension artérielle, et juste avant le tabac."
Les différents types de pollution de l'air
La pollution est un terme vaste, et qui peut prendre de nombreuses formes. On va ainsi les différencier sur base de leur nature (chimique ou biologique), de leur origine (humaine ou naturelle). On peut également faire une différence entre les polluants primaires ou secondaires.
Ensuite, il existe plusieurs familles de polluants qu'on retrouve dans des endroits différents, et avec des conséquences différentes pour notre santé et l'environnement :
- Les particules fines.
- Le dioxyde d'azote (NO2).
- Le Black carbon.
- Le dioxyde de soufre (SO2).
- L'ozone (O3).
- L'ammoniac (NH3).
- Le monoxyde de carbone (CO).
- Les composés organiques volatils (COV), etc.
Pour comprendre en détail les différences entre tous ces éléments, consultez notre dossier la qualité de l'air en Belgique.
Tout comprendre sur la pollution et la qualité de l'air
Sources de pollution de l'air : industrie, trafic et agriculture
Les différents polluants cités ci-dessus ne proviennent pas tous des mêmes sources. Petit tour d'horizon des principaux émetteurs.
L'industrie
Les cheminées d'usines rejettent de nombreuses substances toxiques dans l'atmosphère. Dioxyde de soufre, oxydes d'azote et autres composés organiques volatils sont émis par les activités industrielles, qu'il s'agisse de la pétrochimie, de la métallurgie ou encore des matériaux de construction.
L'agriculture
Au même titre que l'industrie, l'agriculture contribue également à la pollution de l'air. Contrairement à ce que nous pourrions parfois penser, l'air de la campagne n'échappe pas forcément à la pollution.
La présence d'ammoniac risque par exemple d'être plus importante dans les zones rurales, puisque l'agriculture est à l'origine de 94 % des émissions d'ammoniac dans l'air. Elle émet également des oxydes d’azote.
Le résidentiel
Les citoyens contribuent également à la pollution de l'air au travers de leur logement.
"Le chauffage, notamment par la combustion de combustibles fossiles et de bois, libère des particules fines, du dioxyde de soufre et des oxydes d'azote. La cuisson des aliments, surtout au gaz, émet des composés organiques volatils (COV) et du monoxyde de carbone (CO). Les produits de bricolage, de jardinage et de nettoyage peuvent aussi émettre des COV dans l’air", résume Carine Deschamps.
Le transport
Le transport est une autre grande source de polluants pour l'atmosphère, même si les émissions ont sensiblement diminué avec l'arrivée des véhicules moins polluants.
Le secteur des transports reste le principal émetteur de dioxyde d'azote, et rejette également des particules fines dans l'air.
Vers le haut de la pageLes effets de la pollution de l'air sur votre santé
La pollution de l'air n'est pas à prendre à la légère : il s'agit d'un problème de santé sérieux et sur lequel de nombreuses recherches ont été effectuées. Ses effets sur la santé sont désormais bien identifiés. Les conséquences pour votre santé se déclinent de plusieurs manières : problèmes respiratoires, cardiovasculaires, neurologiques, immunitaires, allergiques, lors de la grossesse ou à la naissance, etc.
Cette problématique concerne l'ensemble de la population. En 2021, des analyses mettaient en évidence que 97 % de la population urbaine européenne avait été exposée à des concentrations de particules fines supérieures aux recommandations de l'OMS. Actuellement, les normes de l'OMS sont bien plus strictes que celles de l'UE en matière de polluants dans l'air.
"Dans le monde, un tiers des décès provoqués par un accident vasculaire cérébral, le cancer du poumon ou une cardiopathie sont imputables à la pollution atmosphérique", souligne encore notre experte santé et environnement. "La pollution atmosphérique reste la première cause environnementale de décès prématurés dans l’Union européenne, avec environ 300 000 décès prématurés/an. La pollution atmosphérique a été responsable de 6 780 décès prématurés en Belgique en 2022 : 5 110 à cause des particules fines, 1 360 attribués à la pollution au NO2 et 310 à l’ozone."
Les répercussions sur votre état de santé en général
Chacun réagira différemment à l'exposition aux polluants en fonction de sa résistance, du polluant concerné ou encore des doses inhalées. Comme expliqué un peu plus loin, certains publics sont particulièrement à risque quand on parle de pollution de l'air. Si vous êtes exposé à des pics de pollutions de l'air extérieur, vous courez des risques à plusieurs niveaux tant à court terme qu'à long terme. Les conséquences à court terme sur votre santé peuvent être :
- Conséquences respiratoires, comme des irritations des voies respiratoires, des crises d'asthme, des essoufflements ou une respiration sifflante.
- Conséquences cardiovasculaires, comme une augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle, ou des douleurs thoraciques.
- Conséquences pour les yeux et la peau, comme des irritations des yeux ou des irritations cutanées.
Sur le long terme, vous risquez :
- Problèmes respiratoires, comme de l'asthme, des bronchites ou des infections respiratoires.
- Maladies cardiovasculaires, notamment des crises cardiaques ou des AVC.
- Cancers, des poumons mais aussi d'autres formes comme le cancer du sein ou de la vessie.
- Répercussions sur le développement des enfants et nourrissons.
- Affaiblissement du système immunitaire.
Ces conséquences pèsent lourdement sur les systèmes de santé et les économies nationales.
Répercussions sur vos poumons : maladies pulmonaires et irritations
Quand on pense aux conséquences de la pollution de l'air, on pense bien sûr en premier lieu à notre système respiratoire qui se trouve en première ligne. "Les particules fines et les gaz toxiques, comme le dioxyde de soufre et les oxydes d'azote, peuvent pénétrer profondément dans les poumons, provoquant une inflammation des voies respiratoires et des dommages aux tissus pulmonaires", explique Carine Deschamps.
Vous pouvez alors développer des maladies chroniques comme la bronchite chronique, l'asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique. Vous pouvez également aggraver votre état de santé si vous souffrez déjà de maladies pulmonaires.
Une exposition prolongée augmente également les risques de développer un cancer du poumon et d'exacerber les infections respiratoires. Les irritations immédiates incluent la toux, des mucosités, une respiration sifflante, des difficultés respiratoires et des irritations des yeux, du nez et de la gorge.
Répercussions sur votre cœur : maladies cardiovasculaires et problèmes de tension artérielle
Mais comme déjà expliqué, la pollution de l'air peut également avoir des conséquences sur d'autres aspects de notre santé. Le système cardiovasculaire est également mis à rude épreuve et peut garder des séquelles sévères d'expositions importantes. "Les particules fines et les gaz polluants peuvent entrer dans la circulation sanguine par les poumons et provoquer une inflammation systémique et un stress oxydatif", confirme notre experte.
Vous risquez alors de développer de l'athérosclérose (durcissement et réduction des artères) et d'augmenter le risque de maladies cardiovasculaires (crises cardiaques et AVC).
L'exposition à la pollution est aussi associée à une augmentation de la pression artérielle et à des perturbations du rythme cardiaque. Là encore, vous risquez d'aggraver des conditions préexistantes et d'augmenter la mortalité cardiovasculaire. Les personnes souffrant de maladies cardiaques préexistantes sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes de la pollution atmosphérique.
Vers le haut de la pageLes groupes à risque et vulnérables face à la pollution de l'air
Face à la pollution de l'air, certaines catégories de personnes sont plus vulnérables que d'autres. Les femmes enceintes, les nourrissons et jeunes enfants, les personnes de plus de 65 ans, les personnes souffrant de pathologies cardio-vasculaires, les personnes insuffisantes cardiaques ou respiratoires ou encore les personnes asthmatiques sont considérées comme à risque.
Les femmes enceintes
Les particules fines sont capables de passer la barrière placentaire et de contaminer les bébés in utero. La pollution de l'air peut donc déjà affecter les nourrissons avant même leur naissance et causer un faible poids à la naissance ou des naissances prématurées. Elle peut également provoquer un déficit de croissance des poumons chez le nouveau-né, des problèmes respiratoires et de l’asthme.
L'exposition à la pollution peut augmenter le risque de prééclampsie chez la maman, une condition caractérisée par une pression artérielle élevée et des dommages aux organes, qui peut être dangereuse pour les deux.
Les enfants et les nourrissons
La pollution de l'air peut être la cause de diverses maladies chez les enfants. Ils peuvent développer des réductions de la fonction pulmonaire, des infections respiratoires, des allergies ou encore de l'asthme. "Et ces maladies peuvent devenir chroniques à l'âge adulte", souligne encore Carine Deschamps. "Les enfants sont d’autant plus exposés aux polluants de l’air que leurs voies respiratoires sont de plus petit calibre. Ils sont plus petits et donc plus proches du sol, où se concentrent les polluants liés au trafic routier."
Les poumons des enfants restent immatures jusqu’à l’âge d'environ 6 ans. Ils sont jusqu'alors plus sensibles aux particules fines. Notez aussi que les enfants respirent plus d’air par kilogramme de poids corporel qu’un adulte, raison pour laquelle ils sont exposés à des doses de polluants plus importantes que les adultes.
Les nourrissons doivent tout particulièrement être protégés de la pollution atmosphérique :
- Leurs poumons sont encore au stade du développement et la pollution de l’air peut perturber ce processus biologique.
- Ils ont une capacité plus faible de métabolisation, de détoxification et d’élimination des substances toxiques présentes dans l’air pollué.
- Leur cerveau se développe encore et les substances neurotoxiques présentes dans l’air pollué peuvent nuire à leur développement cognitif.
- La quantité d’air inhalé par unité de poids corporel est plus grande que chez l’adulte.
- La quantité d’air pollué qui est absorbée est proportionnellement plus importante chez l’enfant qui est plus actif.
"À l’échelle mondiale, on compte jusqu’à 14 % d’asthmatiques chez les enfants de 5 à 18 ans et 543 000 décès annuels d’enfants de moins de 5 ans par maladies respiratoires liées à la pollution de l’air", conclut notre experte à ce sujet.
Les personnes âgées
De la même manière, les personnes plus âgées sont également plus sensibles à la pollution atmosphérique. Avec l'âge, le corps est moins en mesure de contrer les effets néfastes.
La pollution de l'air peut alors aggraver les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, les maladies pulmonaires telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive et l’asthme, ou encore le diabète. On constate ainsi des niveaux de mortalité plus élevés chez les 65+ qui souffrent d'asthme, de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), de pneumonies.
Enfin, la pollution de l’air a été associée à un risque accru de déclin cognitif, comme la démence et la maladie d’Alzheimer.
Les personnes avec des problèmes pulmonaires ou cardiaques existants
Chez les personnes qui présentent des maladies pulmonaires ou cardiaques, la pollution va exercer une pression supplémentaire sur des systèmes déjà affaiblis, les rendant par conséquent encore plus vulnérables. Avec leurs capacités déjà réduites, ces organismes auront du mal à gérer le stress physiologique supplémentaire.
Chez les personnes présentant des affections pulmonaires, les voies respiratoires sont déjà enflammées et rétrécies, rendant la respiration plus difficile. La pollution va exacerber les choses et peut augmenter la fréquence des crises ou la gravité des symptômes.
Chez les personnes présentant des maladies cardiaques, le cœur doit déjà davantage travailler pour garantir une bonne circulation sanguine. La pollution peut provoquer une inflammation et un stress oxydatif supplémentaires, augmentant la pression artérielle et perturbant le rythme cardiaque. Cela peut aggraver les conditions préexistantes, augmentant le risque de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux.
Vers le haut de la pageQue pouvez-vous faire si vous souffrez déjà de problèmes de santé dus à la pollution de l'air?
Options de traitement et de prévention
Comme expliqué ci-dessus, les personnes déjà affaiblies sont d'autant plus sensibles à la pollution de l'air. Il est donc important de se ménager et de réduire son exposition à la pollution atmosphérique :
- Évitez les zones à forte pollution. Si possible, évitez de passer du temps près des routes très fréquentées, des sites industriels ou des zones où la qualité de l'air est connue pour être mauvaise.
- Restez à l'intérieur pendant les pics de pollution. Lorsque la qualité de l'air est particulièrement mauvaise, essayez de rester à l'intérieur, surtout pendant les heures de pointe de pollution.
- Utilisez des purificateurs d'air. Investissez dans un purificateur d'air pour votre maison pour réduire les polluants intérieurs.
- Évitez l’usage des produits synthétiques de nettoyage, de jardinage, de bricolage qui ajoutent des polluants à l’air.
L'importance d'une aide médicale rapide
Pour éviter des complications, lorsque vous développez une maladie due à la pollution de l'air, il est important de vous adresser le plus rapidement possible à un médecin. Le diagnostic permettra de prendre des mesures adéquates et d'empêcher une aggravation des symptômes.
L'exposition prolongée à la pollution de l'air peut causer des dommages permanents aux poumons et au système cardiovasculaire. Un traitement médical rapide peut atténuer ces effets et prévenir des problèmes de santé chroniques et soulager les symptômes gênants (comme la toux, la difficulté à respirer et la fatigue). Cela permet également de maintenir une meilleure capacité à travailler et à participer à des activités quotidiennes.
"En résumé, une aide médicale rapide en cas de maladies dues à la pollution atmosphérique est essentielle pour prévenir les complications, réduire les dommages à long terme, améliorer la qualité de vie, éduquer les patients, assurer un suivi approprié et réduire la charge sur le système de santé", résume notre experte santé et environnement.
Informations et conseils de votre médecin généraliste
Certaines affections sont parfois méconnues ou sous-estimées. En vous adressant à un professionnel de la santé, vous pourrez recevoir les bonnes informations et des conseils pour réduire l'exposition future à la pollution. Cette prévention peut prendre la forme de médicaments ou de changements dans vos habitudes de vie.
Un suivi médical régulier permettra quant à lui de contrôler l'évolution de votre santé et d'ajuster les traitements si nécessaire.
"Le médecin peut informer et sensibiliser les patients à reconnaitre les signes avant-coureurs de complications respiratoires et cardiovasculaires. Il peut aussi recommander des vaccins contre la grippe et la pneumonie, qui peuvent prévenir des infections respiratoires aggravées par la pollution", ajoute-t-elle.
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