Qualité de l’air intérieur : impact sur la santé, réglementation et solutions


La crise sanitaire nous a montré l’importance que revêt la qualité de l’air intérieur. Elle nous a fait prendre conscience que des microbes et des polluants contaminent l’air que nous respirons et qu’il est dès lors essentiel de le contrôler et de le renouveler pour le nettoyer. La qualité de l’air apparaît désormais comme un enjeu majeur en matière de santé publique et de prévention des maladies respiratoires.
Dans ce dossier, nous vous expliquons tous les aspects de la problématique de la qualité de l’air :
Découvrez comment les personnes, leurs activités, les bâtiments et l’air extérieur peuvent être source de contamination de l’air intérieur.
Surveiller la qualité de l'air intérieur et ventiler régulièrement permet de limiter ces risques pour la santé. Découvrez les effets néfastes que peut avoir un air intérieur de mauvaise qualité sur la santé.
La mesure des concentrations de CO2 dans un espace clos permet d’évaluer le risque de contamination par des virus, microbes et autres polluants. Découvrez comment.
La qualité de l’air étant considérée comme une question de santé publique, les autorités belges ont mis en place des règlementations visant à la contrôler et à l’améliorer. Découvrez-les.
Ventilation, aération et purification : découvrez les mesures à prendre pour améliorer la qualité de l’air intérieur et réduire la concentration des contaminants qui s’y trouvent.
L’air intérieur peut être contaminé par des polluants biologiques, chimiques et physiques. La provenance des contaminants de l’air peut être divisée comme suit :
Les personnes
Lorsque nous respirons, parlons, toussons ou éternuons, nous émettons, dans l’air que nous expirons, un nombre plus ou moins important de petites gouttes d’eau. Si nous sommes infectés par des virus ou des microbes, ces gouttes en sont chargées.
- Les gouttes les plus grosses que nous émettons tombent très rapidement sur les surfaces et sur le sol.
- Les gouttes plus fines (microgouttelettes) restent, en revanche, plusieurs heures en suspension dans l’air : c’est ce qu’on appelle « les aérosols ».
- Dans une pièce, ces aérosols se répandent progressivement dans tout l’espace : leur diffusion est comparable à celle des parfums ou de la fumée de cigarette.
- Plus la concentration en aérosols dans une pièce est importante, plus le risque de contamination est élevé.
Les vêtements que nous portons et les différents produits cosmétiques que nous utilisons (notamment les parfums) sont aussi des vecteurs de pollution.
Les activités humaines
Le tabagisme, les travaux, le ménage, la cuisine, l’utilisation d’appareils de combustion génèrent des polluants qui peuvent se retrouver dans l’air et dont la présence doit être contrôlée.
Dans certains lieux, les produits et procédés spécifiques utilisés peuvent également libérer des contaminants dans l’air intérieur. C’est par exemple le cas des salons de coiffure, des pressings ou des établissements de soins (où l’on recourt à certains procédés médicaux – tels que l’anesthésie, la chirurgie, les traitements divers et les analyses – qui impliquent la manipulation de substances chimiques et biologiques).
Les bâtiments
Un bâtiment et ses infrastructures sont aussi susceptibles d’émettre des contaminants dans l’air. Ceux-ci peuvent, entre autres, provenir des matériaux utilisés (par exemple de l’amiante, des peintures ou des vernis), des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation, ou des installations de plomberie.
Une conception ou un entretien inadéquat peut également être source de prolifération ou de propagation de micro-organismes (comme la bactérie legionella pneumophila) ou de moisissures, par exemple en cas de problèmes chroniques d’infiltration d’eau ou de dégâts des eaux.
L’air extérieur
S’il est pollué – par les gaz d’échappement de véhicules ou des activités agricoles et industrielles, par exemple – l’air extérieur peut avoir des effets néfastes sur la qualité de l’air intérieur (notamment près des ouvertures et des prises d’air).
Nous sommes nombreux à passer l’essentiel de nos journées dans des lieux clos ou semi-clos, que ce soit dans notre logement, au travail, à l’école, à la crèche ou dans les transports en commun. Il est donc essentiel d’assurer une bonne qualité de l’air dans ces espaces intérieurs, d’autant plus que, comme nous l’avons dit, celle-ci est impactée par de nombreuses sources de polluants et de contaminants.
Lien entre la qualité de l’air et certaines maladies
Dans une de ses publications, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) liste les problèmes de santé les plus fréquemment signalés en cas de mauvaise qualité de l’air : comme les symptômes respiratoires, la fatigue, les allergies, l’irritation des muqueuses, des yeux, de la peau, les maux de tête, les vertiges.Par ailleurs, des recherches internationales établissent un lien entre l'exposition à une mauvaise qualité de l'air et un certain nombre de pathologies comme l’asthme, le cancer du poumon, les maladies cardiovasculaires ou pulmonaires allergiques (lorsqu’il y a des moisissures dans l’air) ou les infections des voies respiratoires supérieures et inférieures (toux, irritations du nez).
L’air contaminé favorise également la propagation de virus respiratoires, qui peuvent entraîner un covid, un rhume ou une pneumonie, par exemple.
Le meilleur moyen pour réduire les contaminants dans l’air intérieur est de bien aérer et ventiler les espaces clos. Pour savoir quand il est nécessaire de le faire, la méthode actuellement privilégiée est de mesurer la concentration en CO2 (dioxyde de carbone). Mais en fait, quel est le lien entre la qualité de l’air et le CO2 ?
Mesurer la concentration en CO2 présente dans l’air
Il est compliqué de mesurer la concentration de particules virales et microbes et des différents polluants dans l’air. En revanche, le CO2 est beaucoup plus facile à détecter et à mesurer.
Lorsque nous respirons, nous produisons du CO2 : sa quantité dans l’air intérieur indique donc la qualité du renouvellement de l’air. Ainsi, une concentration élevée de CO2 dans un espace clos signifie qu’il n’est pas suffisamment aéré ou ventilé. Mais attention, une concentration élevée en CO2 ne signifie pas nécessairement que l’air est chargé de microbes et polluants. Elle signifie :
- Une concentration importante en aérosols (microgouttelettes produites par la respiration), pouvant être contaminés par des micro-organismes, des bactéries, des virus et divers autres polluants.
- Que l’air doit être renouvelé, car il y a un risque plus élevé de transmission de maladies par l’air et de contamination par divers polluants.
Capteur de CO2. Dispositif de mesure du dioxyde de carbone.
La concentration en CO2 dans l’air dépend du nombre de personnes dans une pièce et de l’activité physique qui y est pratiquée, ainsi que du débit de ventilation effectif et du renouvellement d’air.
Aux Etats-Unis, lors de la pandémie de Covid-19, des experts ont ainsi utilisé des capteurs de dioxyde de carbone (CO2) dans les écoles pour fournir un retour visuel en temps réel sur la qualité de l'air. Ce dispositif indiquait aux professeurs quand les fenêtres devaient être ouvertes afin d'améliorer la qualité de l’air.
En Belgique, les enseignements tirés de la crise COVID-19 ont mené à la mise en place d’une législation transversale visant à améliorer la qualité de l’air intérieur dans les espaces clos accessibles au public.
La qualité de l’air dans le Code du bien-être au travail (Codex)
Toutes les entreprises et organisations qui emploient du personnel doivent respecter le Code du bien-être au travail (ou Codex). Celui-ci détermine notamment des normes de qualité de l'air en termes de seuils de concentration en CO2 et de débits de ventilation.
Il y est indiqué que « L'employeur prend les mesures techniques et/ou organisationnelles nécessaires pour veiller à ce que la concentration de CO2 dans les locaux de travail soit généralement inférieure à 900 ppm ou qu'un débit minimal de ventilation de 40 m3/h par personne présente soit respecté. »
La loi sur la qualité de l'air intérieur de 2022
Grâce à l’expertise acquise durant la pandémie du COVID-19 et à la prise de conscience de l’importance d’une bonne qualité de l’air intérieur pour la santé, le ministère de la Santé publique a instauré un cadre légal afin d’améliorer celle-ci également dans les lieux clos non limités à la sphère professionnelle.
Entrée en vigueur en décembre 2022, la loi sur la qualité de l'air intérieur (QAI) a pour objet d’améliorer la qualité de l’air intérieur dans tous les lieux fermés accessibles au public, c’est-à-dire tous les locaux fermés par des portes ou des parois, et équipés d’un plafond ou d’un plancher, qui ne sont pas limités à la sphère familiale ou purement la sphère professionnelle (comme les établissements Horeca, les cinémas, les clubs de sports, les discothèques, etc.). L’objectif final étant bien entendu de préserver la santé de toutes les personnes qui fréquentent les lieux concernés.
Elle se focalise sur la limitation de la présence de polluants dans l’air intérieur, y compris les virus. Ceci en vue de limiter l’impact de futures pandémies respiratoires et de renforcer la protection de la santé publique. Elle fixe un cadre juridique qui sera complété par des arrêtés royaux pour la mise en application.
Les normes de référence en matière de qualité de l’air
La loi QAI établit deux niveaux de référence, indicatifs de la qualité de l’air intérieur mais non-obligatoires, qui sont repris du Codex.
- Dans les locaux bien ventilés, les valeurs maximales de concentration CO2 doivent être inférieures à 900 ppm ce qui correspond à un débit minimal de ventilation de l’air de 40 m3 par heure et par personne (au moins 25 m3/heure/personne issu de la ventilation avec de l’air extérieur).
- Les valeurs comprises entre 900 et 1200 ppm ce qui correspond à un débit minimal de ventilation avec de l’air extérieur est de 25 m3 par heure et par personne. Elles indiquent un espace moins bien ventilé qui nécessite un apport d'air frais extérieur par aération par exemple.
A partir de 1200 ppm, la qualité de l'air dans une pièce est insuffisante et des actions de ventilation efficace et de purification de l’air à l’aide d’appareils doit être entreprises.
Légalement, il devait être obligatoire, à partir du 10 décembre 2023, de mesurer la qualité de l’air à l’intérieur des cafés, restos, salles de sport, lieux culturels, etc. en utilisant des appareils de mesure de CO2, mais aussi d’élaborer et de mettre à disposition une analyse de risque et un plan d’action pour une ventilation efficace des lieux, en vue d'une certification.
La mise en application retardée de la législation sur la qualité de l’air
Malheureusement, le lobbying de certains secteurs concernés a fait postposer la mise en application de la législation. Donc à ce jour, aucun arrêté royal d’application n’a été pris et il n’y a encore aucune obligation d’appliquer la nouvelle loi pour une ventilation efficace des lieux en vue d'une certification. En revanche, les établissements qui emploient des travailleurs sont tenus de respecter le code du bien-être au travail et ses normes de ventilation.
Pour limiter la circulation et la transmission dans l’air de contaminants en diluant leurs concentrations, la solution consiste à aérer et à ventiler. Plus les débits de ventilation sont élevés, plus le renouvellement de l’air est important, et plus les concentrations de virus et d'autres polluants dans la pièce diminuent.
Ventilation et aération
La ventilation et l’aération permettent d’obtenir une meilleure qualité de l’air. Même s’ils semblent dire la même chose, ces deux termes ont en réalité des significations différentes.
- La ventilation : un renouvellement continu de l’air
La ventilation d’une pièce permet de renouveler en continu l’air qui s’y trouve. Elle peut être naturelle ou mécanique.
- La ventilation naturelle : Par cette méthode, de l'air « propre » (normalement de l'air extérieur) est intentionnellement, continûment et naturellement fourni à un espace intérieur (par exemple par le biais de bouches d’aération), pendant que l'air vicié en est éliminé via des amenées d’air (grilles réglables, conduits, vasistas).
- La ventilation mécanique : Elle nécessite l’installation d’un système de ventilation qui pulse de l’air extérieur à l’intérieur du local ou du bâtiment, et/ou qui, en parallèle, évacue l’air intérieur vers l’extérieur. Un tel système peut être installé soit dans un local spécifique (WC, par exemple), ou bien à l’échelle de tout un bâtiment (système automatiquement contrôlé). Plus la ventilation sera intense et régulière, plus le risque de contamination par les polluants de l’air intérieur sera réduit.
- L’aération : un renouvellement ponctuel de l’air
L’aération naturelle consiste à ouvrir portes et/ou fenêtres pendant un certain laps de temps (elle est donc ponctuelle, alors que la ventilation est continue) pour permettre une circulation d’air à l’intérieur du bâtiment, et le remplacement d’une partie de l’air intérieur par de l’air venant de l’extérieur.
Découvrez les systèmes de ventilation
Comment obtenir un bon renouvellement de l’air ?
La ventilation se fait de préférence au moyen de systèmes de ventilation mécanique qui renouvellent de manière contrôlée les flux d'air dans le local. En complément ou en l’absence de tels systèmes, il est toujours judicieux d’ouvrir les fenêtres autant que possible en hiver, au moins 1/4h matin et soir.
Idéalement, les ouvertures seront situées les unes en face des autres pour augmenter la circulation de l’air et réduire le risque d’une accumulation locale d'air contaminé.
Quel est l’intérêt d’un purificateur d’air ?
Le CSS (Conseil Supérieur de la santé) préconise l’installation de systèmes de filtration supplémentaires (purificateurs d’air) :
- Lorsqu’on ne peut pas favoriser le renouvellement de l'air (par exemple en hiver, quand on ne peut pas ouvrir les fenêtres pour des raisons de chauffage).
- Dans les locaux présentant un risque de charge virale élevée (par exemple dans la salle d’attente d’un hôpital).
Il recommande de le faire de préférence via une filtration centrale avec des filtres HEPA ou des précipitateurs électrostatiques. Toutefois, lorsque cela n’est pas possible techniquement, on peut travailler avec des systèmes de filtration autonomes mobiles (purificateurs d’air), équipés de filtres HEPA.
Les systèmes de purification de l'air à base d’UV ne sont recommandés que pour les hôpitaux et des environnements hautement contrôlés. Nous vous déconseillons aussi de recourir à des systèmes à base d'ozone.
Le dimensionnement et le positionnement de ces appareils par rapport à la taille du local sont très importants. Il est ainsi plus judicieux de placer plusieurs petites unités qu'une seule grande.
Notez que les appareils de purification d’air ne vont pas faire baisser le niveau de CO2. Ils vont faire descendre le niveau des polluants comme les particules fines et les aérosols qui peuvent transporter des virus, bactéries, etc.
En savoir plus sur les purificateurs d’air