Les prosumers wallons devraient être, dans le futur, indemnisés pour les décrochages de leur installation photovoltaïque
En quoi consiste le projet d’indemnisation des prosumers wallons?
La proposition de la CWaPE est la suivante: le gestionnaire de réseau (GRD) paie un montant forfaitaire annuel, 4 mois après l’introduction d’une demande d’indemnisation, tant qu’il n’a pas résolu le problème lié au réseau causant le décrochage de l’installation photovoltaïque.
Comment se fera-t-on indemniser?
Le demande d’indemnisation se fera au moyen d’un formulaire mis à disposition par le gestionnaire de réseau. La demande d’indemnisation devra être introduite par le producteur auprès du GRD dans les 15 jours suivant la détection du problème potentiel, afin de lui permettre d’entreprendre les démarches de vérification dans des conditions similaires. Le gestionnaire de réseau de distribution devra accusé réception de la demande d’indemnisation et acté sa complétude au plus tard dans les 5 jours suivant sa réception. Bien sûr, nous reviendrons sur ces modalités pratiques dès qu’elles seront fixées dans les détails.
Quel sera le montant de l’indemnisation?
Celui-ci n’est pas encore connu avec certitude. Dans le projet, le montant de l’indemnisation forfaitaire donné en exemple pour la première année est de 12,31€ par kW de puissance installée (pour la Flandre, le montant est de 7,5€ par kVA, en 2022) et pourra être augmenté chaque année.
Ce montant est indépendant de la perte réelle liée au décrochage de l’onduleur, sachant par exemple que 10% de non-fonctionnement peut mener à une perte de 40€ et non de 12,31€ par kW.
L’idée est ici non seulement de compenser partiellement le manque à gagner des prosumers mais aussi et surtout d’inciter le GRD à réagir.
Ce projet d’indemnisation des prosumers wallons nous satisfait-il?
En juin dernier, devant la recrudescence des plaintes, nous avions écrit au Ministre Henry pour lui demander de traiter la problématique des décrochages de façon structurelle. Nous déplorions en outre que les GRD wallons n’étaient pas soumis à des délais d’intervention clairs et nous proposions une procédure d’indemnisation telle que la Flandre l’avait déjà mise en œuvre.
Une première mouture du projet répondait au deuxième point et partiellement au premier sachant que les GRD ne sont toujours pas obligés d’informer les prosumers de délais d’intervention et de s’y tenir. Le GRD peut ainsi indéfiniment payer un forfait dont le coût sera transféré aux autres consommateurs, sans mener d’actions, ni fournir de garantie de travaux sur le réseau.
La CWaPE reprend l’une de nos propositions pour améliorer le système d’indemnisation
Intégrés à la concertation, nous avions alors proposé d’adapter les modalités relatives à l’indemnité pour améliorer le projet comme suit:
- Multiplier l’indemnité par un coefficient augmentant chaque année pour faire pression sur le GRD afin qu’il intervienne. C’est cette proposition qui vient d’être acceptée par la CWaPE. Une augmentation de 25% de l’indemnité est ainsi prévue la seconde année s’il n’y a pas de solution apportée par le GRD, 50 % la troisième année et ainsi de suite pour les années suivantes.
- Rendre l’indemnité proportionnelle à la gravité du problème pour atteindre le montant du tarif prosumer (85€ par kVA) dans les cas les plus sévères. Cette proposition-ci a été recalée. La CWaPE juge, en effet, la mise en œuvre d'un régime d'indemnisation sur mesure trop compliqué, en raison de la difficulté d’estimer le volume d’énergie perdu lors des décrochages.
Un argument que nous entendons. Mais cela n’exclut pas d’envisager des forfaits différents répondant à de grandes catégories de problèmes, définies en fonction de leur sévérité. Quelques décrochages par an sont en effet difficilement assimilables à des décrochages quotidiens pendant des dizaines de minutes voire des heures.
Envisager des mesures de prévention pour éviter le décrochage des installations photovoltaïques
Nous avions également proposé au Ministre Henry d’envisager des mesures susceptibles de prévenir les problèmes et de rassurer les futurs prosumers. Permettre, par exemple, aux futurs propriétaires de panneaux de demander au GRD si le réseau peut supporter actuellement une nouvelle installation sur leur habitation et si oui, jusqu’à quelle puissance. En cas de réponse négative, demander au GRD d’informer les candidats prosumers des délais dans lesquels il compte effectuer les travaux nécessaires.
Là encore, nous restons sur notre faim, le Ministre Henry répondant à la première suggestion en arguant que ce n’est pas aux prosumers de s’adapter à l’état du réseau mais l’inverse.
Ce type de prévention permettrait cependant d’encourager les installations avec d’autres orientations, à l’Ouest ou l’Est qui décalent la production maximale à des heures de plus forte consommation.
Pourquoi les installations photovoltaïques décrochent? Le nombre de décrochages augmente-t-il?
Si les productions photovoltaïques sont trop importantes et que les consommations proches de ces productions sont insuffisantes, le réseau local a du mal à absorber le surplus. La tension du courant augmente et c’est là que l’onduleur « décroche ». Il se met en sécurité afin de protéger à la fois l’installation électrique de l’habitation mais aussi le réseau public, avec une perte de production à la clef pour les prosumers concernés.
Ce problème surgit généralement en été lors des pics d’ensoleillement et le nombre important d’installations photovoltaïques mises en place cette année en Wallonie avant la date butoir de fin 2023 (pour profiter du compteur tournant à l’envers jusqu’en 2030) n’est sans doute pas étranger à la demande accrue d’interventions auprès des gestionnaires de réseau (GRD). Mais il n’existe actuellement pas de recensement précis de ces décrochages. C’est pourquoi les GRD développent et déploient des outils pour mieux prendre la mesure du phénomène, en attendant de l'objectiver clairement grâce à la généralisation des compteurs communicants chez les prosumers.
Que faire en cas de décrochage de l’installation photovoltaïque?
Identifier le problème avec certitude
En l’état actuel de la situation, les GRD recommandent de contacter d’abord votre électricien pour qu'il vérifie votre installation et le réglage de l'onduleur. En pratique, vous pouvez cependant vous renseigner auprès d’eux pour savoir si d’autres personnes, dans votre secteur, connaissent les mêmes soucis. S’ils sont déjà au courant de décrochages à proximité de chez vous, ceci constituera une première indication sur la source du problème.
Des réponses du GRD au cas par cas
Si le problème est avéré, les GRD disposent de plusieurs réponses possibles. Des plus rapides (par ex : répartir le branchement de l’habitation sur une autre phase de tension moins élevée si l’installation est en monophasé) aux plus longues et coûteuses (par ex : rajouter une cabine dans le réseau quand la ligne est trop longue), avec la difficulté consistant à gérer des plaintes qui affluent aux mêmes périodes.
Augmenter votre consommation électrique en milieu de journée
La seule solution que vous-même pouvez rapidement mettre en place c’est augmenter votre autoconsommation en milieu de journée, moment où les risques de décrochages sont les plus importants. A moyen terme, vous pouvez également envisager le partage d’énergie à l’échelle locale. Voir notre dossier Tout savoir sur le partage d’énergie.
Une batterie, un moyen peu susceptible d’éviter les décrochages
En revanche, le placement d’une batterie a peu de chance de solutionner le problème des décrochages. Avec une installation de 5kWc et une batterie conséquente de 10kWh, le chargement complet de la batterie, par une belle journée ensoleillée, est atteint en fin de matinée, donc avant les pics de milieu de journée. L’électricité produite non consommée sera alors dirigée vers le réseau, ce qui ne résoudra pas le problème de congestion. Voir notre news Des batteries pour éviter les décrochages d’onduleur en Wallonie, une fausse bonne idée.
En savoir plus sur les installations de panneaux photovoltaïques
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