La Nutrivigilance: enfin un système de surveillance des aliments en Belgique


Les autorités viennent de lancer nouveau système de surveillance des aliments baptisé "Nutrivigilance" afin de mieux identifier les effets indésirables de quatre types d'aliments: les compléments alimentaires, les "nouveaux" aliments, les aliments destinés à des groupes spécifiques et ceux enrichis en vitamines ou minéraux.
Qu'est-ce que la Nutrivigilance?
La Nutrivigilance est un système de vigilance alimentaire géré par le SPF Santé Publique dont l’objectif principal est de protéger la santé des consommateurs.
Elle sert à recueillir des informations concernant des effets indésirables survenus suite à l’ingestion de denrées alimentaires mises dans le commerce en Belgique et conformes à la législation. Ce système a pour but de collecter et gérer ces informations afin de garantir une meilleure sécurité des aliments et de détecter des signaux pour éviter des crises.
La Nutrivigilance s’applique pour les denrées alimentaires suivantes :
- les compléments alimentaires
- les denrées enrichies en vitamines et minéraux comme les céréales pour petit-déjeuner, par exemple
- les aliments pour groupes spécifiques tels que les laits pour bébés, l'alimentation destinée à des fins médicales spéciales, etc.
- les nouveaux aliments ou « Novel Food » qui sont « des aliments ou ingrédients alimentaires qui n’étaient pas consommés en quantité significative avant le 15 mai 1997 dans l'Union européenne ». C’est le cas par exemple des graines de chia, des stérols végétaux qu’on retrouve dans certains produits pour faire baisser le cholestérol, des insectes, etc.
Tout savoir sur les vitamines et minéraux
Ces produits sont de plus en plus consommés en Belgique. Ils peuvent être disponibles en pharmacie, parapharmacies, grandes surfaces, dans des magasins spécialisés en diététique, des magasins d’aliments « naturels », mais peuvent également être achetés sur internet. Selon le SPF Santé Publique « bien que la sécurité alimentaire soit très surveillée, ces aliments peuvent exposer les consommateurs à certains risques ».
Comment fonctionne le système de Nutrivigilance?
Les industriels sont responsables de la sécurité des produits qu’ils mettent sur le marché. Cependant, même si ces produits sont commercialisés conformément à la législation, ils peuvent tout de même induire des effets indésirables provoqués par une quantité d’ingrédients trop élevée, ou encore par l’interaction entre ingrédients du même produit, etc.
Grâce au système de Nutrivigilance, les fabricants, distributeurs, détaillants ou toute société impliquée de la fabrication à la mise à disposition du produit au consommateur ont l’obligation de notifier les effets qui leur sont rapportés. Les professionnels de la santé et les citoyens ont également la possibilité de signaler des effets indésirables mais sans obligation.
Quels effets indésirables à signaler?
Les effets indésirables peuvent être des rougeurs, des crampes intestinales, une perte de poids, de l’hypertension, une hépatite, de la fièvre, des maux de tête, des marqueurs sanguins altérés, une défaillance rénale, un reflux gastro-œsophagien, de la constipation... peu importe leur nature et leur niveau de gravité.
Le signalement de ces effets doit concerner des produits achetés sur le territoire belge ainsi que les produits achetés via internet et livrés en Belgique.
Les effets indésirables peuvent être déclarés auprès du SPF Santé publique via un formulaire en ligne ou un formulaire PDF disponible ici.
Quelles sont les suites de ces signalements?
Une fois signalés, les effets secondaires sont examinés par des médecins lors d’une étude d’imputabilité. Cette étude a pour but d’estimer le degré de cause à effet d’un produit dans l’apparition d’un effet indésirable. Les résultats sont ensuite discutés dans la Commission de Nutrivigilance composée de différents experts, médecins et professionnels de santé.
Si cela s’avère nécessaire, la Direction Générale Animaux, Végétaux et Alimentation (DGAPF) peut décider de modifier la règlementation dans le cas où un ingrédient particulier a été mis en cause, après évaluation scientifique (notamment par le Conseil Supérieur de Santé) et discussion avec les parties prenantes.
Testachats approuve la mise en place de la Nutrivigilance
En tant qu’association de défense des consommateurs, nous sommes heureux que ce système voit enfin le jour en Belgique comme c’est le cas depuis plusieurs années pour d’autres pays européens comme la France, la Tchéquie, l’Italie, etc.
Les signalements peuvent aider à identifier des risques et conduire à la mise en place de mesures préventives afin d’éviter d'autres incidents et protéger la santé des consommateurs. Cela incite également les fabricants à améliorer la qualité de leurs produits.
Un système de surveillance alimentaire efficace
Depuis la création du dispositif en 2009 en France, l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié des évaluations des risques concernant une large gamme de produits suivis par la Nutrivigilance. C’est le cas par exemple pour les compléments alimentaires contenant de la mélatonine.
Des signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de ces compléments alimentaires ont été rapportés à l’Anses. Suite à l’analyse rétrospective de ces signalements, l’Agence a mis en évidence l’existence de populations et de situations à risque pour lesquelles la consommation de mélatonine sous forme de complément alimentaire doit être évitée ou soumise à l’avis d’un médecin.
Un exemple parmi d’autres qui montre l’avantage, pour les consommateurs, d’avoir un système de Nutrivigilance.
Que penser des compléments alimentaires?
Nous espérons toutefois qu’il y aura des campagnes d’informations régulières, sans quoi les autorités ne collecteront pas beaucoup de signalements. Nous déplorons d’autant plus que pour les professionnels de la santé la notification d’effets indésirables est facultative, et non obligatoire. Or, ces professionnels de santé sont la clé d’un dispositif dynamique et efficace.