Gacha, Battle Pass ou Lootbox : attention aux microtransactions dans les jeux vidéo

Qu'est-ce qu'une microtransaction ?

Définition des microtransactions 

Les microtransactions sont des achats de contenus numériques réalisés au sein d'une application ou d'un jeu vidéo. Le terme « micro » laisse croire qu’il s’agit de petites sommes, mais les dépenses peuvent parfois atteindre plusieurs centaines d’euros.  

Ce modèle économique est particulièrement courant dans les jeux « free-to-play » (F2P), accessibles gratuitement mais financés par les achats intégrés.  

Bien que l’accès soit gratuit, les développeurs sont ainsi incités à maximiser les achats intégrés pour compenser la gratuité du jeu. Ce modèle peut amener à des pratiques commerciales déloyales, certaines incitant directement les joueurs, notamment les plus jeunes, à effectuer des achats impulsifs et à dépenser le plus d’argent possible. 

 Microtransaction dans les jeux vidéo 

 Dans de nombreux jeux vidéo, en particulier les jeux free-to-play, les microtransactions permettent d'acheter des éléments esthétiques ou fonctionnels.  

Les joueurs peuvent : 

• Acquérir des « skins » (apparence) pour personnaliser leurs personnages. 

 Exemple de “skins” dans un jeu vidéo

• Acheter des objets virtuels pour progresser plus rapidement (boost d’énergie). 
• Ou encore obtenir des personnages inédits.
• Et encore plein d’autre choses…  

Microtransaction dans les app de rencontre et réseaux sociaux 

Les microtransactions s'invitent aussi dans d’autres applications. Sur Tinder, par exemple, les utilisateurs peuvent acheter des « superlikes » pour augmenter leur visibilité.  

Sur TikTok, des pièces virtuelles permettent d’offrir des cadeaux aux créateurs de contenu, un modèle qui attire particulièrement les jeunes utilisateurs. 

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Que sont les lootboxes ?

Exemple de lootbox dans un jeu vidéo

Une lootbox est une microtransaction aux résultats incertains : le joueur achète une « boîte à trésors » sans savoir ce qu'elle contient. Cela peut aller de l’objet très prisé à des récompenses mineures.  

Le joueur espère naturellement gagner un prix rare et précieux, mais le coffre peut tout aussi bien contenir des objets moins désirables. Les chances de gagner le premier prix sont évidemment faibles, et le joueur est tenté d'acheter de plus en plus de boîtes à trésors, jusqu'à ce qu'il y parvienne un jour. 

Dans le cas où les lootboxes sont payants, le fonctionnement de ce système est comparable aux jeux de hasard, car l’utilisateur dépense de l’argent pour espérer obtenir une récompense de grande valeur.   

Les lootboxes sont particulièrement critiquées, car elles encouragent les joueurs à dépenser encore et encore pour obtenir les meilleurs objets. 

Les lootboxes des jeux vidéo interdites en Belgique 

En Belgique, les lootboxes payantes sont interdites. Malheureusement, l’interdiction n’est pas toujours appliquée efficacement.   

A titre d’exemple, en 2022, une étude a montré que 82 % des jeux iPhone populaires en Belgique contiennent encore des lootboxes payantes. 

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Que sont les jeux de gacha ?

Un distributeur automatique de jouets ou un "gacha"

Originaire du Japon, le gacha (« gachapon ») est un mécanisme similaire aux lootboxes. Inspiré des distributeurs automatiques de jouets, le joueur paie pour obtenir un objet aléatoire.  

Ce modèle de microtransaction est fréquent dans les jeux asiatiques et pousse souvent les joueurs à dépenser des sommes importantes pour obtenir un personnage ou un équipement rare. 

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Le Battle Pass : une formule de récompenses incitative

Exemple de battle pass dans un jeu vidéo

Le Battle Pass est un système de récompenses qui encourage les joueurs à jouer régulièrement pour débloquer des objets. Ce pass existe en version gratuite, mais une version payante propose des récompenses plus nombreuses et de meilleure qualité.  

Le Battle Pass est une microtransaction limitée dans le temps, obligeant les joueurs à jouer régulièrement s’ils souhaitent profiter de toutes les récompenses sans avoir à payer davantage. 

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Quels sont vos droits en matière de microtransactions ?

Droit de rétractation pour les produits numériques 

Lorsqu'un consommateur achète un produit en ligne dans l'Union européenne, il dispose d’un délai de rétractation de 14 jours.  

Pour les microtransactions et les produits numériques non physiques, ce droit de rétractation ne s'applique plus dès lors que vous consentez expressément à la livraison immédiate et que vous reconnaissez que vous perdez ainsi votre droit de rétractation. Les plateformes demanderont ce consentement presque par défaut. Vous devriez également recevoir une confirmation de ce consentement. 

 La garantie légale pour les contenus numériques

Désormais, les contenus numériques bénéficient également de la garantie légale. Si un contenu acheté n'est pas conforme ou présente des défauts, le consommateur a le droit de se retourner contre le vendeur pour obtenir réparation.  

Les microtransactions sont donc également couvertes par cette garantie, bien que peu de consommateurs en soient informés.  Vers le haut de la page

Microtransactions : quels sont les risques pour les enfants et comment les protéger ?

Achats non autorisés par des enfants 

Les jeunes enfants jouent aussi souvent à des jeux qui impliquent des microtransactions, ce qui peut parfois entraîner des problèmes.   

Par exemple, les très jeunes enfants ne se rendent pas toujours compte qu'ils achètent quelque chose avec de l'argent réel. Il est donc préférable d'être très prudent lorsque vous confiez votre smartphone ou votre tablette à votre enfant, surtout si les données de votre carte de crédit y sont déjà enregistrées. 

Pour limiter ces risques, il est conseillé de mettre en place des contrôles parentaux, comme la demande de mot de passe pour chaque achat. 

Découvrez les meilleures applis de contrôle parental

Activer les contrôles parentaux 

Sur Apple : Allez dans Réglages > Temps d'écran > Restrictions et activez les restrictions sur les achats intégrés.  

Sur Android : Ouvrez le Play Store, allez dans Réglages > Vérification des achats > Toujours pour exiger un mot de passe. 

Demander un remboursement

En cas d’achat non autorisé, il est possible de demander un remboursement via le Play Store (Android) ou l’App Store (Apple).

Si votre enfant a quand même effectué un achat sans votre autorisation, vous pouvez demander un remboursement dans les 48h (avec Android). Chez Apple, vous pouvez demander un remboursement en vous connectant avec votre identifiant Apple via leur page d'assistance.  L'approbation du remboursement dépend, entre autres, du type de contenu que vous avez acheté et de la raison du remboursement. 

Pratiques commerciales agressives et leurs dangers pour les jeunes consommateurs 

Les microtransactions sont omniprésentes dans le monde numérique et les développeurs font tout ce qu'ils peuvent pour les rendre aussi attrayantes que possible, notamment pour les jeunes. Ainsi, ils n'hésitent pas à recourir à des pratiques commerciales déloyales. 

Par exemple, ils emploient des « minuteurs » pour créer un sentiment d’urgence ou proposent des monnaies virtuelles qui complexifient le calcul des dépenses réelles. 

C’est notamment le cas du jeu vidéo Fortnite qui utilisait des ”minuteurs” dans sa boutique en ligne, créant ainsi un sentiment artificiel de pénurie. Une fois le délai expiré, le produit était toujours disponible dans la boutique.  

Par conséquent, les créateurs du jeu se sont vu infliger une amende monstrueuse de plus d'un million d'euros par l'Autorité néerlandaise du marché et de la consommation. Ils se sont rendus coupables de pratiques commerciales agressives ciblant les enfants. 

Le rôle de la monnaie virtuelle 

Exemple de monnaies virtuelles dans un jeu vidéo

Beaucoup de jeux utilisent des monnaies virtuelles, comme les V-Bucks dans Fortnite ou les Riot Points dans League of Legends, rendant le coût réel des microtransactions difficile à estimer. Cette stratégie pousse les joueurs à dépenser plus, en créant une distance psychologique entre l'argent réel et la monnaie virtuelle. 

En remplaçant votre argent réel par une monnaie artificielle, il est plus difficile de calculer le prix réel de vos achats. De plus, cela joue également sur votre psychologie : dépenser de l'argent réel est moins agréable que de dépenser de l'argent factice. Il y a donc moins d'inhibitions psychologiques et vous dépenserez plus rapidement votre argent, une fois converti en fausse monnaie. 

De plus, les montants d’achat et les prix en monnaie virtuelle sont souvent conçus pour ne pas correspondre exactement, laissant souvent un reste inutile. Cette stratégie pousse les joueurs à acheter plus de monnaie pour éviter un sentiment de gaspillage.  

Les 7 principes européens pour encadrer les microtransactions

Le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) et Testachats désapprouvent ces pratiques, en raison de leur impact psychologique et économique sur les consommateurs. En septembre 2024, 21 membres du BEUC de 17 pays, dont Test Achats, ont adressé un avertissement à la Commission européenne et au Réseau de coopération pour la protection des consommateurs (Réseau CPC).

Cette mise en garde porte aujourd'hui ses fruits. Le réseau CPC, sous la coordination de la Commission européenne, a publié des lignes directrices énonçant 7 principes clés pour le secteur des jeux. La Commission européenne fera également la promotion de ces principes auprès du secteur des jeux, en l'encourageant à prendre des mesures concrètes pour les mettre en œuvre.

• 1. Le prix doit être transparent : Lorsqu'un contenu numérique, tel qu'un « skin » ou un « Battle Pass », est vendu, le prix doit être affiché en monnaie réelle à chaque fois, même si le consommateur doit payer par le biais d'une monnaie virtuelle.

• 2. Les pratiques qui rendent plus difficile la détermination du coût réel d'une transaction sont à éviter. Par exemple, si plusieurs monnaies virtuelles différentes sont proposées à la vente dans un même jeu.

• 3. Les pratiques qui obligent les consommateurs à acheter des quantités non désirées d'une monnaie virtuelle sont à éviter. Par exemple, si la quantité de pièces que vous pouvez acheter ne correspond jamais aux prix pratiqués dans la boutique, ce qui fait qu'il vous reste toujours des pièces.

• 4. Les consommateurs doivent recevoir des informations claires et compréhensibles lors de chaque microtransaction. L'entreprise doit informer les consommateurs, entre autres, des principales caractéristiques du produit numérique, des coordonnées du vendeur, du prix en argent réel et des droits du consommateur (droit de rétractation, garantie légale).

• 5. Les règles relatives au droit de rétractation doivent être respectées. Le consommateur doit donc être clairement informé que si le consentement est donné pour la livraison immédiate du produit numérique, le droit de rétractation devient caduc (voir ci-dessus).

• 6. Les conditions du jeu vidéo et/ou de la microtransaction doivent être rédigées dans un langage normal et compréhensible. En outre, certaines conditions peuvent être illégales. Par exemple, les conditions qui permettent au développeur du jeu de modifier unilatéralement la valeur des pièces virtuelles, ou de supprimer à tout moment le contenu acheté des produits numériques, ou de suspendre ou d'exclure les comptes des consommateurs sans aucune possibilité de recours.

• 7. La conception et le déroulement du jeu doivent tenir compte des vulnérabilités des différents groupes de consommateurs. Il s'agit, par exemple, des vulnérabilités des enfants.

Le réseau CPC a également pris des mesures immédiates contre le développeur de Star Stable pour d'éventuelles violations du droit de la consommation. C'est un début, mais il reste encore beaucoup à faire. De nombreuses autres sociétés de jeux vidéo ont des pratiques douteuses ou clairement déloyales.

Comment la monnaie virtuelle pousse à la consommation ?

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Nos conseils pour l’achat de microtransactions

• Calculer les coûts réels : Avant d'acheter des monnaies virtuelles dans un jeu ou une appli, évaluez le coût réel des objets souhaités. 

• Mise en place des contrôles parentaux : Pour éviter les achats non autorisés, activez des restrictions d’achat sur les appareils utilisés par des enfants.

• Dialoguer avec les enfants : Expliquez les risques et établissez des limites de dépenses pour les sensibiliser aux risques liés aux microtransactions. 

En conclusion, les microtransactions sont omniprésentes dans les jeux vidéo/applis, et bien qu’elles permettent d’enrichir l'expérience utilisateur, elles posent des défis pour la protection des jeunes et la transparence des coûts. Un consommateur averti pourra mieux évaluer ses dépenses et identifier les pratiques douteuses, aidant ainsi à éviter les excès. 

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