Faut-il bannir le lait, " trop riche ", de son alimentation à l'âge adulte?


« Le lait, c'est pour les veaux, pas pour nous ». « Le lait contient beaucoup de graisse et d'hormone de croissance car le veau doit grandir plus vite que nous. Il doit pouvoir suivre le troupeau ». « Les hormones de croissance déclenchent une division cellulaire incontrôlée »...
Nos experts du département Alimentation en entendent parfois des vertes et des pas mûres au sujet du lait. Vous aussi, peut-être, vous posez-vous des questions après avoir entendu ou lu certaines rumeurs... Alors, faut-il faire une croix sur le lait ?
Des nutriments essentiels
« Le lait contient de nombreux nutriments essentiels : protéines, calcium, potassium, magnésium, phosphore, zinc, vitamine A, B2, B12 et D », précise, d'emblée, Véronique Demierbe, notre experte en Alimentation & Nutrition. « Mais c’est surtout pour sa teneur élevée en calcium qu’il est recommandé de consommer 2 à 3 portions de produits laitiers par jour. Le calcium est important pour le développement et l'entretien des os et des dents, la coagulation sanguine et la contraction musculaire. »
Et quid des graisses ? « La teneur en graisses, dont les acides gras saturés, varie d’un produit laitier à l’autre. Les produits laitiers entiers sont plus riches que les versions demi-écrémées et écrémées », poursuit notre experte. On lit souvent - notamment sur des blogs de naturopathes et autres thérapeutes non conventionnels - que le lait de vache 'empoisonne notre organisme', qu’il est 'trop riche pour les humains' car un veau multiplie par huit son poids de naissance en un an, qu’il contient 'des hormones de croissance dangereuses pour l’homme', etc. Qu'en est-il réellement ? « Il est vrai que le lait de vache (tout comme celui d’autres mammifères) contient différentes hormones, naturellement présentes, mais l'activité biologique sur l'homme des hormones naturelles du lait de vache est considérée comme nulle. D’ailleurs, la plupart de ces hormones sont détruites dans le tube digestif de l'homme. »
Non, le lait n'est pas réservé qu'aux seuls veaux.
Hormone de croissance et risque cancérigène
Une des hormones particulièrement pointées du doigt est l’IGF-1 (Insulin-like Growth Factor 1 ou facteur de croissance insulinomimétique de type 1). Cette hormone de croissance se trouve dans les tissus et les fluides de l'organisme, notamment dans le sang et le lait. Cette hormone étant active sur la croissance des cellules, leur différenciation et leur métabolisme, elle est réputée augmenter le risque de développer des cancers. « Il existe bien, chez l'homme, des associations positives entre la concentration sanguine en IGF-1 et l'incidence de certains cancers fréquents (colorectal, sein, prostate), corrobore Véronique Demierbe. Toutefois, selon l’ANSES (Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), si de l'IGF-1 d'origine laitière rejoint la circulation sanguine, cette quantité est faible par rapport aux quantités circulantes d'IGF-1 produites naturellement par l'organisme. Sur cette base, l'ANSES considère que la contribution de l'IGF-1 d'origine laitière au risque de cancer, si elle existe, est faible. »
Le lait cru subit de nombreuses transformations technologiques avec, comme conséquence, une réduction des teneurs en facteurs de croissance. Le taux d’IGF-1 n'est ainsi plus détectable après traitement thermique élevé, passage obligé des laits UHT. De plus, les facteurs de croissance subissent des dégradations au cours des différentes phases de digestion.
Chez nous, dans le sillage des discours anti-lait à cause de son supposé lien avec le cancer du sein, le Conseil supérieur de la Santé a publié des avis sur la place du lait et des produits laitiers dans une alimentation saine. Ces experts confirment qu'il n'y a aucune raison scientifique de soutenir ni diffuser un discours anti-lait et produits laitiers en ce qui concerne la prévention du cancer du sein. Pour rappel, les recommandations de la Fondation contre le Cancer en matière de prévention du cancer sont de ne pas fumer, d'éviter les kilos superflus, de pratiquer une activité physique régulière, de manger sainement et de modérer sa consommation d’alcool.
Il existe une hormone de synthèse, la somatotropine bovine recombinée, qui peut être administrée aux vaches pour augmenter leur production laitière. Celle-ci se retrouve dans le lait et fait débat aux Etats-Unis où cette pratique est autorisée. Ce n'est cependant pas le cas en Europe, où c'est interdit pour préserver la santé des vaches (augmentation du risque de mammites, troubles de la reproduction).
Quelles alternatives ?
Si, pour différentes raisons, notamment à cause du lactose, vous ne souhaitez pas consommer de produits laitiers, il existe des substituts intéressants, à condition qu’ils soient enrichis en calcium. Certaines eaux en bouteille sont aussi riches en calcium. Un litre d'eau Hepar apporte par exemple 550 mg de calcium et Contrex, 470 mg. Certains légumes, comme les choux, apportent également du calcium. Il faut cependant savoir que notre organisme assimile mieux le calcium contenu dans les produits laitiers que dans les autres aliments.
Que boire et en quelle quantité au quotidien ? Consultez la goutte des boissons, un outil clair et utile: