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Mélatonine et cœur : un risque sous-estimé ? Ce que révèle une étude américaine

Une récente étude présentée lors d’un congrès de l’American Heart Association (AHA) lance le débat sur la sécurité de la mélatonine. Selon ces données, une utilisation prolongée de ce complément pourrait augmenter le risque d’insuffisance cardiaque et de mortalité. Ces résultats doivent encore être confirmés, mais ils invitent à la prudence : les effets à long terme des compléments alimentaires restent encore mal connus.

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Rédaction:
16 novembre 2025
coeur rose pilule melatonine

Une hormone naturelle pas toujours sans danger ?

Souvent perçue comme un remède naturel pour favoriser le sommeil ou atténuer le décalage horaire, la mélatonine est une hormone produite naturellement par l’organisme dès la tombée de la nuit pour réguler le rythme veille-sommeil. Elle est en vente libre et considérée comme inoffensive par de nombreux consommateurs. 

Les versions synthétiques, disponibles sous forme de compléments alimentaires ou de médicaments (sur ordonnance), tentent d’imiter cet effet, généralement avec des résultats douteux ou limités, et selon une nouvelle étude, avec de nouveaux risques éventuels.

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Selon les chercheurs, la prise prolongée de mélatonine serait associée à un risque presque doublé d’insuffisance cardiaque, à trois fois plus d’hospitalisations, et à un taux de mortalité doublé par rapport à ceux qui n’en consomment pas.

Des chiffres qui interpellent, au vu de la popularité de ce complément parmi les personnes souffrant de troubles du sommeil qui recherchent une solution « douce » pour mieux dormir. Nous examinons de plus près ce que ces chiffres signifient réellement.

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Un risque cardiovasculaire presque doublé selon l'étude

L’étude, présentée aux Scientific Sessions 2025 de l’AHA à La Nouvelle-Orléans, s’appuie sur les données de plus de 130 000 adultes souffrant d’insomnie (âge moyen : 56 ans, 60 % de femmes), issues de la base internationale TriNetX Global Research Network, qui compile des millions de dossiers médicaux réels à travers le monde.

Les chercheurs ont comparé deux groupes : ils ont étudié cinq ans de dossiers médicaux électroniques, comparant les antécédents de quelque 65 000 personnes qui avaient pris de la mélatonine pendant au moins un an, avec autant de personnes n’en ayant jamais pris.

Les profils ont été appariés selon une quarantaine de critères (âge, sexe, poids, antécédents cardiaques ou neurologiques, traitements, etc.). Les personnes souffrant déjà d’insuffisance cardiaque ou utilisant d’autres somnifères (comme les benzodiazépines) ont été exclues.

Les résultats montrent que les consommateurs réguliers de mélatonine (et qui en consomment depuis plus d'un an) présentaient pendant la période d'observation :

  • Un risque presque doublé de développer une insuffisance cardiaque (4,6 % contre 2,7 %) ;
  • Un risque plus de trois fois supérieur d’être hospitalisés pour ce motif (19 % contre 6,6 %) ;
  • Un taux de mortalité doublé, toutes causes confondues (7,8 % contre 4,3 %).
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Des résultats à interpréter avec prudence

Ces chiffres impressionnants doivent toutefois être replacés dans leur contexte. L’étude n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique et n'a donc pas été évaluée par des pairs. Ce n’est qu’après publication que l’on pourra évaluer de façon objective ses limites et points forts.

De plus, il s’agit d’une étude observationnelle : elle ne permet pas d’établir un lien de cause à effet, mais plutôt de signaler des associations qui méritent d’être analysées de près. Il se peut donc que le lien mélatonine-problèmes cardiaques soit réel, mais aussi qu’il s’explique par d’autres facteurs.  Il est par exemple possible que les personnes prenant de la mélatonine sur le long terme aient déjà une santé plus fragile ou des troubles du sommeil plus sévères, eux-mêmes susceptibles d’augmenter les risques cardiovasculaires.

Les chercheurs ne disposaient pas d’informations sur la gravité de l’insomnie ni sur la présence de troubles psychiatriques. Il n'est pas non plus exclu que la mélatonine (non enregistrée dans le dossier médical) ait également été utilisée dans le groupe « sans mélatonine », car ce complément est facilement disponible sans ordonnance.

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Un signal d’alerte à ne pas ignorer

Même si l’étude demande confirmation, son ampleur et la gravité des événements observés soulignent un besoin de vigilance. Les effets des suppléments pris sur le long terme restent encore largement méconnus, alors qu’ils sont souvent utilisés comme des produits anodins.

Jusqu’à présent, les risques cardiovasculaires étaient à peine considérés parmi les effets secondaires possibles de la mélatonine. Ces nouvelles données pourraient conduire les médecins à reconsidérer leur prescription de ce complément, dont les bénéfices sur le sommeil restent minimales, et au mieux, modestes.

Si les résultats venaient à être confirmés, le rapport bénéfice-risque de la mélatonine pourrait clairement basculer en sa défaveur. Vers le haut de la page

Conclusion : pas une condamnation mais un signal d'alerte

En l’absence de confirmation scientifique définitive, ces résultats ne doivent pas être perçus comme une condamnation, mais comme un avertissement. Tant que l'étude complète n’aura pas été publiée et évaluée, la prudence reste de mise.

Une consommation prolongée de mélatonine ne peut être considérée comme totalement sans risque : mieux vaut en discuter avec un professionnel de santé, en particulier pour les personnes présentant des antécédents cardiaques ou suivant déjà un traitement.

Notre avis sur la mélatonine

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