Faut-il s'inquiéter des nanotechnologies ? Voici leurs applications et les risques potentiels

On trouve désormais des nanotechnologies dans de nombreux objets du quotidien. Découvrez quels produits en contiennent, quels sont les avantages des nanoparticules, mais aussi les risques pour votre santé et l'environnement.

Sur cette page
- Les nanoparticules et les nanotechnologies, c’est quoi ?
- Dans quels objets du quotidien retrouve-t-on des nanoparticules?
- Quels sont les avantages des nanoparticules?
- Quels sont les dangers des nanoparticules ?
- Comment savoir si un produit contient des nanoparticules ?
- Notre avis et nos exigences sur les nanoparticules
Les nanoparticules et les nanotechnologies, c’est quoi ?
Les nanotechnologies désignent à la fois un domaine scientifique et une technique dont l'objectif est de manipuler la matière à l'échelle nanométrique. Besoin d‘un point de repère ? Pour vous donner une idée, un nanomètre, est environ 100 000 fois plus petite qu’un grain de sel fin.
À cette échelle infiniment petite, les propriétés physiques, chimiques et biologiques des matériaux peuvent changer radicalement. Ce sont ces changements de propriétés qui rendent les nanoparticules aussi fascinantes et potentiellement utiles. En raison de leur taille infime, les nanoparticules possèdent une surface spécifique très élevée par rapport à leur volume, ce qui les rend extrêmement réactives. C‘est aussi pour cette raison qu‘elles possèdent des propriétés uniques et souvent inattendues.
Elles peuvent être fabriquées à partir de divers matériaux, comme les métaux (or, argent, titane), les oxydes métalliques, le carbone (nanotubes de carbone, fullerènes) ou encore des polymères.
Pourquoi est-il important pour vous de bien comprendre les nanotechnologies ?
Le terme "nanotechnologies" décrit non seulement la création et la manipulation de ces matériaux à l'échelle nanométrique, mais aussi l'ingénierie qui se cache derrière. Elles ouvrent un champ d'applications extrêmement vaste. On retrouve aujourd’hui les nanotechnologies en médecine, dans l'électronique, l'énergie ou encore l'alimentation.
Bref, les nanotechnologies sont un ensemble d'outils et de techniques qui nous permettent de concevoir, de caractériser et d'utiliser des matériaux d'une taille incroyablement petite, avec des propriétés souvent inédites.
Vous ne vous en rendez pas compte, mais elles sont déjà présentes dans de nombreux produits du quotidien : produits cosmétiques, alimentation, vêtements, dispositifs médicaux, etc. En tant que consommateur, il est important de bien comprendre les nanotechnologies, leurs utilisations, les risques ou encore leurs avantages et inconvénients. Car si ces nanoparticules peuvent interagir de manière inédite avec d'autres substances, qu'en est-il de leurs interactions avec notre corps ou l'environnement ?
Vers le haut de la pageDans quels objets du quotidien retrouve-t-on des nanoparticules?
Les industriels intègrent aujourd’hui les nanoparticules dans une multitude de produits. L‘objectif : améliorer leurs propriétés.
Mais leur présence n'est pas toujours clairement indiquée sur les étiquettes des produits. En tant que consommateur, il est utile de savoir où les chercher pour pouvoir faire des choix éclairés.
1. Les cosmétiques et les produits d’hygiène
C’est sans doute l’un des domaines qui utilise le plus les nanoparticules.
- Crèmes solaires. Les nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) et d'oxyde de zinc (ZnO) sont très utilisées comme filtres UV minéraux. Leur petite taille les rend transparentes sur la peau, évitant l'effet blanc des anciennes crèmes solaires.
- Dentifrices. Le dioxyde de titane (TiO2) sous forme de nanoparticules est utilisé pour la blancheur, alors que la nanosilice (SiO2) est présente pour l'abrasion douce et la texture. Quant à l'hydroxyapatite nano, elle permet de reminéraliser l'émail et de réduire la sensibilité.
- Maquillage. Que ce soit dans les fonds de teint, poudres, mascaras ou autres rouges à lèvres, de nombreux produits contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane, d'oxydes de fer (pour les couleurs) ou de silice pour améliorer la couverture, la tenue ou la texture des produits.
- Déodorants. Dans certains déodorants, on retrouve des nanoparticules d'argent pour leurs propriétés antibactériennes et anti-odeurs.
- Crèmes pour le visage. Certains fabricants utilisent les nanoparticules pour encapsuler des actifs, améliorer leur pénétration dans la peau ou pour des effets optiques.
2. L’alimentation et les emballages alimentaires
Les nanoparticules peuvent être utilisées comme additifs pour modifier la texture, la couleur, la durée de conservation des aliments ou pour améliorer les emballages.
Les additifs alimentaires
Comme le dioxyde de silicium (E551, un anti-agglomérant que l'on retrouve dans certains produits pour éviter la formation de grumeaux) ou les oxydes de fer (E172, des colorants qui peuvent être présents sous forme nanométrique dans certaines confiseries).
Le dioxyde de titane (E171) était un colorant blanc très utilisé dans les confiseries, les produits laitiers, les chewing-gums pour son pouvoir blanchissant et opacifiant. Son utilisation comme additif alimentaire y compris sous forme nanométrique a été interdite dans l'UE à partir de 2022 en raison de préoccupations sanitaires, mais des stocks peuvent encore circuler. Cela signifie que les produits fabriqués ou importés dans l'Union européenne après cette date ne devraient plus en contenir. Cependant, des produits fabriqués avant cette date et déjà sur le marché ont pu être vendus jusqu'à leur date de durabilité minimale ou leur date limite de consommation. Il est donc possible que des traces de cet additif aient encore circulé pendant un certain temps après l'interdiction de mise sur le marché.
On peut ainsi retrouver des additifs sous forme nanoparticulaires dans nombreuses catégories d’aliments comme les laits infantiles, les confiseries, les céréales du petit-déjeuner, les barres de céréales, les viennoiseries et desserts surgelés, etc. Bref, beaucoup de produits destinés aux jeunes enfants, ou très prisés par ces derniers.
Les emballages alimentaires
Des nanoparticules (par exemple d'argent ou de silice) peuvent être incorporées dans les films d'emballage pour améliorer la conservation des aliments en agissant comme barrière aux gaz, ou pour leurs propriétés antimicrobiennes.
C’est par exemple le cas des nanoparticules d’argile (nanoclays). La nanoargile incorporée dans les matériaux des emballages peut améliorer leurs propriétés mécaniques, telles que la résistance, la rigidité et la ténacité.
3. Les vêtements et textiles
Les nanotechnologies apportent des fonctionnalités intéressantes aux textiles.
- Vêtements de sport et sous-vêtements. Ils sont souvent traités avec des nanoparticules d'argent pour leurs propriétés antibactériennes et anti-odeurs.
- Les textiles "intelligents". On entend par là les vêtements antitaches, imperméables, hydrophobes, infroissables ou avec une protection UV accrue. Il existe même des t-shirts connectés, grâce à des nanotubes de carbone, qui permettent à des sportifs de suivre en temps réel leur rythme cardiaque.
On retrouve ainsi souvent des nanoparticules d’argent. Sous forme nanométrique, elles possèdent de puissantes propriétés antibactériennes et antifongiques. Les nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) ou d'oxyde de zinc (ZnO) peuvent être appliquées sur les tissus pour leur conférer une protection UV accrue, idéale pour les vêtements de protection solaire. Quant aux nanoparticules de silice (SiO2), elles sont utilisées pour rendre les textiles hydrophobes, créant des vêtements "antitaches" ou des revêtements qui empêchent les liquides de pénétrer.
Les vêtements de sport sont souvent traités avec des nanoparticules d'argent.
Contrairement aux cosmétiques, il n'existe pas encore de réglementation spécifique et obligatoire au niveau européen exigeant un étiquetage clair des nanoparticules dans les textiles. Cela signifie qu'il est souvent très difficile, voire impossible, pour le consommateur d'identifier la présence de nanoparticules sur l'étiquette d'un vêtement.
4. Santé et médecine
Les nanotechnologies sont non seulement utilisées dans plusieurs appareils, mais aussi dans des médicaments que vous ingurgitez.
Les médicaments contenant des nanomatériaux sont considérés comme des "produits de santé" et sont évalués selon les mêmes normes élevées que tous les autres médicaments. Cela inclut des études approfondies sur leur toxicité, leur devenir dans l'organisme (distribution, métabolisme, excrétion) et leur efficacité clinique.
Médicaments
Les nanoparticules sont utilisées pour transporter des médicaments directement aux cellules cibles, améliorant ainsi l'efficacité du traitement et réduisant les effets secondaires. Par exemple, des nanoparticules sont utilisées dans les vaccins à ARN messager et dans les traitements contre le cancer.
Elles peuvent aussi améliorer la biodisponibilité des médicaments peu solubles ou difficiles à absorber par l'organisme. Elles peuvent augmenter leur solubilité et leur absorption, rendant le traitement plus efficace.
Les nanoparticules sont également utilisées comme source de chaleur pour améliorer considérablement l’efficacité de la radiothérapie contre le cancer, et ainsi réduire le nombre de séances ou le dosage.
Enfin, elles peuvent aussi améliorer la stabilité des vaccins, augmenter la réponse immunitaire et potentiellement permettre des modes d'administration plus innovants comme la voie nasale.
Améliorer les diagnostics
Les nanoparticules peuvent améliorer les techniques d'imagerie médicale, permettant une détection plus précoce des maladies, comme le cancer. Elles peuvent servir de marqueurs pour des examens comme l'IRM. Elles peuvent augmenter la résolution et la spécificité des images en imagerie médicale.
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5. Les matériaux de construction et les peintures
Les nanoparticules sont présentes dans plusieurs catégories de produits fréquemment utilisés.
- Peintures. Les peintures dites "autonettoyantes" ou "antigraffitis" contiennent du dioxyde de titane qui, sous l'effet de la lumière, dégrade les polluants organiques. D'autres peuvent améliorer la résistance ou la durabilité.
- Ciments et bétons. L'ajout de nanomatériaux peut les rendre plus résistants, plus légers ou leur conférer des propriétés d'autonettoyage.
- Revêtements et vernis. Des surfaces plus résistantes aux rayures, à l'usure ou aux salissures peuvent être obtenues grâce à des nanoparticules.
6. L’électronique et les équipements sportifs
Ces produits, bien que moins en contact direct avec notre corps, sont bel et bien présents dans notre quotidien.
- Smartphones et ordinateurs. Les puces électroniques, écrans et batteries bénéficient de la miniaturisation et des performances accrues permises par les nanotechnologies.
- Équipements sportifs. Raquettes de tennis, clubs de golf et autres cadres de vélos peuvent être renforcés avec des nanomatériaux pour les rendre plus légers et plus résistants.
- Pneumatiques. L'intégration de nanomatériaux peut améliorer la résistance à l'usure et la performance des pneus.
7. Les détergents
Ici, les nanoparticules sont utilisées pour augmenter l’efficacité des produits.
- Amélioration du nettoyage à basse température. Les nanoparticules peuvent potentiellement permettre aux détergents de mieux fonctionner, même à des températures plus basses.
- Renforcement de l'action détachante. Certaines nanoparticules peuvent aider à mieux dissoudre les taches tenaces en agissant directement sur les molécules de saleté à une échelle microscopique.
- Protection des surfaces. Des nanoparticules peuvent être intégrées pour former un film protecteur sur les surfaces lavées (vaisselle, carrelage, etc.), réduisant l'adhérence des saletés futures.
- Agents antimicrobiens. À l'instar des textiles, des nanoparticules d'argent peuvent être utilisées pour leurs propriétés désinfectantes dans certains détergents pour salles de bain, toilettes ou détergents pour le linge, afin de réduire la présence de bactéries.
- Optimisation de la dissolution et de la dispersion. Les nanoparticules peuvent aider à mieux disperser les ingrédients actifs du détergent dans l'eau, assurant une efficacité homogène.
Actuellement, la réglementation européenne n'impose pas d'étiquetage obligatoire spécifique pour les nanoparticules dans les détergents, comme c'est le cas pour les cosmétiques. Cela signifie que le consommateur ne peut pas facilement savoir si un détergent contient des nanoparticules en lisant simplement l'étiquette.
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Vers le haut de la pageQuels sont les avantages des nanoparticules?
Propriétés améliorées et uniques
Les nanoparticules possèdent des propriétés physico-chimiques modifiées qui sont bien souvent supérieures à celles des matériaux macroscopiques. En effet, à l'échelle nanométrique, les lois de la physique classique cèdent la place aux effets quantiques. Leurs principaux avantages sont :
- Une réactivité accrue. Grâce à leur surface spécifique très élevée, les nanoparticules ont plus de points de contact pour déclencher des réactions chimiques. Elles sont donc des catalyseurs plus efficaces ou des agents antibactériens plus puissants. Les nanoparticules d'argent sont par exemple capables de tuer les bactéries même à de très faibles concentrations.
- De nouvelles propriétés optiques. Des matériaux transparents en taille normale peuvent devenir opaques aux UV sous forme nano ou changer de couleur. Par exemple, l'or est habituellement jaune. Mais sous forme de nanoparticules, il peut apparaître rouge ou bleu.
- Une résistance et une légèreté accrue. Certains nanomatériaux, comme les nanotubes de carbone, sont incroyablement résistants tout en étant extrêmement légers. Cela offre des perspectives pour des matériaux de construction plus robustes, des équipements sportifs plus performants ou des composants automobiles plus économes en carburant.
- Une conductivité améliorée. Les nanomatériaux peuvent présenter une conductivité électrique ou thermique supérieure. Une propriété essentielle pour les batteries, les puces électroniques ou les cellules solaires.
Efficacité et précision
La capacité de travailler à l'échelle nanométrique permet une précision et une efficacité inégalées dans de nombreuses applications :
- En médecine, elles permettent un ciblage spécifique. Les nanoparticules peuvent être conçues pour reconnaître et se fixer uniquement aux cellules malades (par exemple, des cellules cancéreuses) ou à des tissus spécifiques. Cela permet de délivrer des médicaments directement là où ils sont nécessaires, augmentant l'efficacité du traitement tout en réduisant les effets secondaires sur les cellules saines.
- Toujours en médecine, elles permettent une détection précoce. Grâce à leur taille et leur réactivité, les nanoparticules peuvent servir de capteurs ultra-sensibles, capables de détecter des biomarqueurs de maladies à des concentrations extrêmement faibles et à un stade très précoce, ce qui est crucial pour un diagnostic rapide et un meilleur pronostic.
- Dans le domaine environnemental, des filtres à base de nanomatériaux peuvent capturer des polluants de taille nanométrique (virus, bactéries, produits chimiques) que les méthodes de filtration traditionnelles ne peuvent pas arrêter, offrant des solutions pour l'eau potable ou la dépollution de l'air.
Innovation et nouvelles fonctionnalités
Enfin, les nanotechnologies ne permettent pas seulement d’améliorer les produits existants. Elles peuvent également de développer des fonctionnalités nouvelles, voire de véritables innovations.
C’est par exemple le cas, comme expliqué précédemment, pour les vêtements "intelligents", les technologies miniatures dans les produits électroniques, les peintures autonettoyantes ou pour des systèmes de stockage d’énergie plus efficace.
Bref, les nanotechnologies représentent un formidable levier d'innovation, avec le potentiel de transformer de multiples secteurs. Elles promettent des solutions à la fois plus efficaces, plus durables et plus précises. Cependant, ces avantages ne doivent pas éclipser la nécessité d'une évaluation rigoureuse des risques potentiels associés.
Vers le haut de la pageQuels sont les dangers des nanoparticules ?
Tout n’est pas rose pour autant. Les nanoparticules soulèvent de sérieuses interrogations et préoccupations quant à leurs potentiels dangers pour la santé humaine et l'environnement.
Leur taille minuscule, qui est leur atout principal, est aussi ce qui les rend potentiellement risquées. Les mécanismes d'interaction de ces particules sont encore loin d'être entièrement compris, ce qui justifie une approche prudente.
Les risques pour votre santé
Chaque nanomatériau possède un profil toxicologique qui lui est propre. Les effets indésirables peuvent varier en fonction de plusieurs facteurs comme :
- le type de nanoparticules ;
- sa composition chimique ;
- sa taille et forme ;
- sa solubilité ;
- la dose ;
- la voie d’exposition (ingestion, inhalation…).
Actuellement, nous ne disposons que de peu de connaissances sur la toxicité pour notre santé des nanomatériaux manufacturés. La plupart des données proviennent d’études expérimentales réalisées sur des cultures cellulaires ou chez l’animal. Les résultats sont difficilement extrapolables à l’homme.
Des études scientifiques ont montré des risques en cas d’exposition chronique et prolongée chez l’animal. Certaines nanoparticules peuvent s’accumuler dans différents organes et avoir plusieurs conséquences comme :
- des retards de croissance ;
- des anomalies dans le développement ;
- des allergies ;
- des effets délétères sur le système nerveux ;
- des cancers.
Des particules si petites que le corps peine à les filtrer
De nombreuses études semblent indiquer que, pour une même nature chimique, les nanoparticules ont une plus grande toxicité que les particules de taille micro- ou macroscopique. Contrairement aux particules de plus grosse taille, le corps a plus de difficultés à filtrer ou éliminer les nanoparticules. Elles peuvent alors potentiellement traverser des barrières biologiques (peau, poumons, barrière hémato-encéphalique, intestin) et se propager dans tout l'organisme. Une fois à l'intérieur, elles pourraient s'accumuler dans des organes comme les poumons, le foie, les reins, la rate, voire le cerveau.
Des études montrent aussi que certaines nanoparticules peuvent :
- provoquer un stress oxydatif, c‘est-à-dire un déséquilibre entre la production de radicaux libres et la capacité du corps à les neutraliser ;
- endommager l'ADN ;
- interférer avec le fonctionnement cellulaire normal ;
- déclencher des réponses inflammatoires.
La présence de nanoparticules étrangères dans l'organisme pourrait perturber le système immunitaire. Il pourrait tantôt devenir plus agressif (provoquant alors allergies et maladies auto-immunes), et tantôt s’affaiblir. La diffusion et l’accumulation de nanomatériaux inhalés dans l’ensemble de l’organisme pourrait jouer un rôle majeur dans le développement de certaines pathologies cardiaques ou du système nerveux central.
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Comment pouvez-vous être exposé aux nanoparticules ?
Vous l’avez compris, les nanoparticules sont déjà présentes partout autour de nous. Elles peuvent donc pénétrer dans votre corps de diverses manières, que ce soit l’inhalation, l’ingestion ou par contact cutané.
Le recul scientifique sur les effets à long terme de l'exposition chronique aux nanoparticules est encore limité. De nombreuses études sont en cours, mais des décennies pourraient être nécessaires pour comprendre pleinement les répercussions potentielles sur la santé humaine.
Les risques pour l’environnement
De la même manière, les nanoparticules sont une source d’inquiétudes pour l'environnement.
- Libération dans l'environnement. Les nanoparticules peuvent être libérées dans l'air, l'eau et les sols tout au long du cycle de vie des produits, de la fabrication à l'utilisation jusqu'à l'élimination des déchets.
- Persistance et transport. Certaines nanoparticules (notamment métalliques) sont très stables et ne se dégradent pas facilement. Autrement dit, elles peuvent persister longtemps dans l'environnement et être transportées sur de longues distances, contaminant aussi les sols, les rivières et les océans.
- Toxicité pour les écosystèmes. Une fois dans l'environnement, les nanoparticules peuvent affecter la faune et la flore. Des études ont montré qu'elles peuvent être toxiques pour les organismes aquatiques, les invertébrés du sol, et perturber les micro-organismes essentiels aux écosystèmes. Par exemple, les nanoparticules d'argent pourraient perturber les bactéries bénéfiques des sols ou des stations d'épuration.
- Bioaccumulation et biomagnification. Il existe des préoccupations concernant la capacité des nanoparticules à s'accumuler dans les tissus des organismes, ce qu’on appelle la bioaccumulation. Elles peuvent alors se concentrer le long de la chaîne alimentaire (biomagnification), affectant potentiellement les prédateurs supérieurs, y compris l'homme.
L’argent provenant de textiles de sport est la plus grande source connue d’argent dans les stations de traitement de l’eau.
En 2018, le syndicat suédois des eaux et des eaux usées a alerté sur l’argent antibactérien et anti-odeur provenant de textiles de sport. Il s’agit tout bonnement de la plus grande source connue d’argent dans les stations de traitement de l’eau. Cela représente une menace pour les lacs et les mers, ainsi qu’un risque de propagation de la résistance aux antimicrobiens.
Des chercheurs brésiliens ont récemment montré que les nanoparticules de dioxyde de titane ou d’oxyde de zinc peuvent également se détacher des textiles lors du lavage ; de là, elles peuvent ensuite se diffuser dans les écosystèmes, ajoutant à notre environnement des contaminants supplémentaires pourtant non nécessaires.
Même si les nanoparticules offrent des perspectives d'innovation considérables, les risques associés à leur taille et à leurs propriétés uniques ne peuvent être ignorés. Une recherche continue, une réglementation adaptée et une information transparente pour les consommateurs sont essentielles pour gérer ces dangers et garantir un développement responsable des nanotechnologies.
Vers le haut de la pageComment savoir si un produit contient des nanoparticules ?
Sans les connaissances nécessaire, difficiles pour un consommateur d’identifier la présence de nanoparticules dans les produits du quotidien.
L'Union européenne est l'une des régions du monde les plus avancées en matière de réglementation des nanomatériaux. Mais cette réglementation n'est pas uniforme pour toutes les catégories de produits. Pour l’instant, la présence de nanoparticules ne doit être obligatoirement signalée que sur l’étiquetage des cosmétiques et des produits alimentaires.
Produits pour lesquels il existe une obligation d’étiquetage
Depuis 2013, l'Europe impose une obligation d'étiquetage spécifique pour les produits cosmétiques. Si un ingrédient est présent sous forme de nanomatériau manufacturé, son nom doit être suivi de la mention "[nano]" entre parenthèses dans la liste des ingrédients. Par exemple, si votre crème solaire contient du dioxyde de titane sous forme nanométrique, vous devriez lire dans la liste des ingrédients : "Titanium Dioxide [nano]".
Une autre réglementation européenne oblige les fabricants à indiquer la présence d‘additifs alimentaires sous forme nanométrique. Pour les additifs, recherchez les codes E suivis de la mention "[nano]".
Malheureusement, la transparence n'est pas toujours totale dans ce domaine pour le consommateur. La mise en œuvre pratique et la lisibilité de cette information sur l'étiquetage restent souvent difficiles pour le consommateur moyen. La mention "[nano]" n'est pas systématique pour tous les additifs qui pourraient contenir une fraction nanométrique.
Si un médicament contient des nanomatériaux, cette information est détaillée dans la notice d'information du patient et dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) destiné aux professionnels de santé. Cependant, vous ne verrez pas une mention "[nano]" explicite sur la boîte du médicament, car la priorité est donnée à l'information sur la substance active et son utilisation sûre.
Produits pour lesquels il n’existe pas d'obligation d'étiquetage
Que ce soit pour les textiles, les détergents et produits d’entretien, les matériaux de construction, les peintures ou encore les emballages non alimentaires, il n’existe pas de réglementation suffisante sur l’étiquetage des nanoparticules.
Alors comment les repérer ? Si un produit se vante d'être "anti-odeur", "antibactérien", "autonettoyant", "anti-taches" ou encore "anti-UV haute performance" sans être une protection physique, il y a une probabilité que des nanotechnologies soient utilisées. Ce n'est pas une preuve irréfutable, mais un bon indice.
En dernier recours, vous pouvez contacter le service consommateur du fabricant pour poser la question directement. Cependant, ils ne sont pas toujours tenus de divulguer cette information s'il n'y a pas d'obligation légale.
Vers le haut de la pageNotre avis et nos exigences sur les nanoparticules
En tant qu'association belge de défense des consommateurs, nous constatons que les nanotechnologies et les nanoparticules représentent à la fois une opportunité d'innovation majeure et une source de préoccupations légitimes.
Leurs applications diversifiées sont déjà présentes partout dans notre quotidien, des cosmétiques aux médicaments en passant par les textiles et l'alimentation. Si les avantages potentiels sont indéniables, les risques potentiels pour la santé et l'environnement ne peuvent et ne doivent pas être ignorés.
Notre position est claire : les consommateurs ont le droit d'être pleinement informés et protégés face à ces technologies émergentes. L'opacité actuelle autour de la présence des nanoparticules dans de nombreux produits est inacceptable et entrave la capacité des citoyens à faire des choix éclairés.
Nos exigences en matière de nanoparticules
- L’obligation de la mention [nano]. Nous demandons une transparence totale et un étiquetage clair et obligatoire pour tous les produits : la mention "[nano]" doit devenir obligatoire et systématique sur les étiquettes de tous les produits de consommation contenant des nanomatériaux manufacturés, quelle que soit leur catégorie (textiles, détergents, emballages alimentaires, etc.). Cette information doit être visible, compréhensible et facile d'accès pour que les consommateurs puissent rapidement identifier la présence de nanoparticules.
- Des évaluations de sécurité rigoureuses et indépendantes. Avant toute mise sur le marché d'un produit contenant des nanoparticules, des études de toxicité et d'empreinte environnementale complètes doivent être menées par des organismes indépendants. Ces évaluations doivent prendre en compte les différentes voies d'exposition (inhalation, ingestion, contact cutané) et les potentiels effets combinés.
- Le principe de précaution. En cas de doute ou de risque avéré, le principe de précaution doit être appliqué. Cela signifie que l'absence de preuve de nocivité ne doit pas être interprétée comme une preuve d'innocuité. Lorsque des incertitudes subsistent sur les effets à long terme, la prudence doit prévaloir, y compris par des restrictions ou interdictions si nécessaire, comme cela a été le cas pour le dioxyde de titane (E171) dans l'alimentation.
- Un soutien accru à la recherche sur les risques et les alternatives. Il est crucial d'investir davantage dans la recherche indépendante pour mieux comprendre les effets des nanoparticules sur la santé humaine et les écosystèmes. Parallèlement, le développement d'alternatives sûres et durables aux nanomatériaux potentiellement problématiques doit être encouragé.
Les nanotechnologies sont un domaine en évolution rapide. Il est impératif que l'encadrement réglementaire suive cette évolution pour garantir que l'innovation serve le bien-être des consommateurs et la protection de notre planète.
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