Quel système de chauffage choisir ?

Chauffage central ou assimilé
Nouveau bâtisseur ou propriétaire d’un système à bout de souffle, vous vous demandez quel type de chauffage choisir pour votre habitation ? Il n’est pas aisé de répondre à cette question. Impossible, en effet, de prédire avec certitude quel sera le meilleur choix à 30 ans, durée de vie d’un tel système. . Depuis fin 2021 nous traversons une crise des prix du gaz et de l’électricité qui modifie certains avis qui faisaient habituellement consensus. Néanmoins, nous tentons ici d’éclairer vos choix.
Nous passons ainsi en revue les différentes options disponibles sur le marché avant de les classer, en toute fin de dossier, en fonction de leurs coûts globaux du moment.
Nous ne considérons ici que les systèmes susceptibles de diffuser, sans manutention, la chaleur dans toutes les pièces, soit un chauffage central ou assimilé. Nous partons en outre de l’hypothèse qu’il faut tout installer: le système de production (chaudières à gaz, à mazout, à pellets, chauffage électrique, pompes à chaleur) avec tout ce qu’il suppose, mais aussi le système d’émission (radiateurs ou chauffage au sol).
De nombreux facteurs à considérer
Pour choisir un système de chauffage, les paramètres à prendre en compte sont nombreux et concourent, pour la plupart, au coût global de la facture tant à l’installation qu’à l’usage.- Prix de l’énergie. Une foule de choses peut influencer le prix des différentes énergies: disponibilité, offre/demande, contexte géopolitique, fiscalité incitative ou dissuasive, etc.
- Coûts d’accès. Soit les coûts nécessaires à la mise à disposition de chaque énergie : raccordement, compteur, redevance, silo, citerne,…
- Coûts d’entretien.
- Prix de l’installation complète. Il faut savoir que pour un même type de chaudières, les choix individuels - selon que l’on mise sur l’entrée, le moyen ou le haut de gamme - peuvent multiplier les coûts de chaque composant. Sans oublier le placement.
Rappelez-vous aussi que le profil particulier de votre installation a toute son importance : une maison peu isolée réclame une installation de plus grande puissance et davantage de radiateurs. - Profil de consommation. De la demande de chaleur induite va grandement dépendre la facture de régularisation, chaque année. Mer ou Ardennes, forte ou moindre isolation, volume à chauffer, présence ou absence, température demandée, contrôle de la température pièce par pièce, peuvent significativement changer la donne.
- Primes disponibles. Elles sont fluctuantes et varient selon les Régions. Mais elles peuvent donner un coup de pouce à telle ou telle option. A vérifier absolument.
- Impact environnemental. Certains choix valent mieux que d’autres.
Isoler, toujours gagnant
Dernière chose avant d’entreprendre ce tour d’horizon. Rappelez-vous que l’énergie la moins chère est celle que vous ne consommez pas. Mettez donc le paquet sur l’isolation et l’étanchéité à l’air de votre habitation. Dans le cas d’une construction neuve, évitez d’augmenter inconsidérément volume et surface, pensez à la compacité, à la récupération de chaleur sur la ventilation, à l’orientation de vos fenêtres et baies pour profiter de la chaleur gratuite du soleil.
Avant le début la crise du gaz en octobre 2021, compte tenu de tous les coûts directs et indirects associés au système de chauffage, c’était la chaudière à condensation au gaz naturel qui constituait généralement la solution la plus intéressante. Ceci, dans quasi tous les cas, que vous consommiez peu ou beaucoup d’énergie pour chauffer votre habitation.
Prix
Le prix du gaz naturel était l’un des plus bas avant fin 2021. En octobre 2022, le prix moyen de presque 25 cents pas kWh est très loin des 5 cents des années avant la crise.
Environnement
Comme toutes les énergies fossiles, le gaz naturel produit du CO2, mais dans une mesure moindre que le mazout : 25 à 30 % à la sortie de la cheminée. Du méthane, encore plus dommageable pour l’effet de serre, est également dégazé lors de son extraction et de son transport. Et le biogaz ou l’ajout d'hydrogène d'origine renouvelable ne pourront pas rendre massivement plus vert le gaz naturel à court ou moyen terme. Bref, il n'est pas la solution ultime contre le réchauffement climatique.
Le pour
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Le contre
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Passer au gaz propane, qui est plus cher que le gaz naturel, est une solution qui - toujours compte tenu des coûts globaux - demeure concurrentielle.
L’installation au propane est moins coûteuse que celle au mazout, mais le mazout de chauffage est généralement moins cher que le propane.
Prix
Le prix du propane suit de près les variations du mazout en restant généralement un peu plus cher.
Environnement
Le propane est aussi une énergie fossile, dérivée du pétrole et émettant du CO2. Il existe aussi du biopropane.
Le pour
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Le contre
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Le prix du mazout reste relativement plus bas actuellement que ceux des autres énergies et pousse à opter pour ce système si le gaz naturel n’est pas disponible, même s’il faut ajouter le coût de la chaudière (plus chère que celles au gaz) et ceux afférents à la citerne et aux entretiens annuels obligatoires (brûleur, cheminée).
D’un point de vue financier, la chaudière à mazout reste actuellement un choix logique. Elle s’avérera plus avantageux que le propane pour une consommation plus importante, mais moins avantageux que le gaz naturel.
Il faut tenir compte des incertitudes de l’évolution des prix de l’énergie et d’une possible fiscalité future plus dissuasive. A terme la vente des chaudières à mazout serait interdite.
Prix
Le mazout est la moins chère des énergies en automne 2022. Il est soumis à un prix maximum.
Environnement
C'est bien sûr une énergie fossile et il produit du CO2. On pourrait imaginer qu'il se "verdisse" par l'usage de biocombustible ("biomazout"). Mais la priorité de ces combustibles liquides va au transport.
Le pour
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Le contre
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Pour rendre la comparaison, en terme de confort, possible entre les différents système de chauffage, les chaudières à pellets doivent être au minimum munies ou complétées de trois dispositifs évitant les manipulations :
- un réservoir à pellets de 2000 kg (équivalent à 1000 litres de mazout) ;
- un système d'alimentation en pellets automatique (une vis ou un système d’aspiration) ;
- un système réduisant la fréquence de décendrage (automatique avec un grand cendrier).
Il existe en outre des différences de prix notables entre les chaudières à pellets « premier prix » et « haut de gamme » (de 6 000 à 15 000 € hors TVA).
Prix des pellets
Le prix des pellets de bois a considérablement augmenté depuis septembre 2021 et se situe au niveau de mazout et du propane. Leur prix peut significativement varier selon les quantités commandées et la distance de livraison.
Environnement
Le chauffage aux pellets est en soi polluant et émetteur du CO2. Mais quand le bois vient d'une forêt exploitée de manière durable, le CO2 de la combustion peut toutefois s’insérer dans un cycle de carbone au bilan neutre.
Si nous devions répondre à la demande de chauffage des habitations belges avec du bois, notez qu’il faudrait couvrir de forêt 3 fois la surface du pays. On devrait donc augmenter les importations de pellets avec un impact environnemental plus difficilement maîtrisable. Les pellets ne sauraient donc constituer une solution généralisée pour se chauffer à bilan carbone neutre.
Le pour
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Le contre
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Le chauffage électrique direct implique l’utilisation de convecteurs placés dans toute la maison ; le chauffage électrique à accumulation est composé d’un mix d’accumulateurs (dans les pièces de séjour) et de convecteurs (dans les chambres et salle de bain),
Tous les deux devraient fonctionner sur compteur bihoraire ou exclusif nuit, avec thermostat électronique.
En dépit du faible coût des appareils et de leur installation, le prix extrêmement élevé de l’électricité rendent ces deux choix très chers. Au point que les règlementations wallonnes relatives à la performance énergique des bâtiments limitent la puissance électrique (15 W/m²), ce qui revient de facto à interdire toute nouvelle installation de ce type.
Prix de l’électricité
L’électricité est la source d’énergie la plus chère, quelle que soit la formule tarifaire choisie (jour, heures creuses, tarif exclusif nuit). par raport au prix actuellement élevé du gaz, l’électricité reste au moins deux à trois fois plus chère.
Environnement
La production d’électricité dépend d’un mix d’énergies primaires et nous sommes encore très loin d'une électricité à 100 % verte. Les émissions de CO2 devraient même augmenter dans les années qui viennent si l'on ferme les centrales nucléaires et on les remplace par des centrales au gaz. Même les propriétaires de panneaux photovoltaïques ne peuvent prétendre à un chauffage électrique vert, puisqu’ils font appel au réseau en hiver, alors que la demande de chauffage est au plus haut et leur production au plus bas.
Reste que le potentiel de décarbonation de l’électricité est a priori élevé.
Le pour
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Le contre
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Si vous voulez opter pour un chauffage utilisant l'électricité et contrôler votre impact sur l'environnement, il vaut mieux aller vers la pompe à chaleur en réduisant au maximum votre demande d'énergie. En effet, les pompes à chaleur réussissent à produire plusieurs kWh de chaleur à partir d’1 kWh d’électricité.
Nous étudions ici le coût de 2 systèmes :
- soit une pompe à chaleur air/eau puisant la chaleur dans l'air et la diffusant par un chauffage par le sol ou des ventilo-convecteurs ;
- soit une pompe à chaleur air/air puisant la chaleur dans l'air et la diffusant par des unités intérieures brassant l’air (« climatiseurs »).
Si l’on souhaite bénéficier d’un coefficient de performance optimal et limiter la puissance qui coûte, il vaut donc mieux chauffer à très basse température, ce qui convient particulièrement aux maisons très bien isolées.
Prix de l’électricité
L’électricité est la source d’énergie la plus chère, quelle que soit la formule tarifaire choisie (jour, heures creuses, tarif exclusif nuit). Même à son prix le plus bas, l’électricité reste au moins deux à trois fois plus chère que les autres. Seul l’excellent rendement des pompes à chaleur peut permet dès lors de rivaliser avec les autres types de chauffage.
Environnement
La production d’électricité dépend d’un mix d’énergies primaires et nous sommes encore très loin d'une électricité à 100 % verte. Les émissions de CO2 devraient même augmenter dans les années qui viennent si l'on ferme les centrales nucléaires et on les remplace par des centrales au gaz. Même les propriétaires de panneaux photovoltaïques ne peuvent prétendre à un chauffage électrique vert, puisqu’ils font appel au réseau en hiver, alors que la demande de chauffage est au plus haut et leur production au plus bas. Reste que le potentiel de décarbonation de l’électricité est a priori élevé. Et les performances de la pompe à chaleur réduisent fortement les émissions par rapport à du chauffage électrique classique.
Le pour
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Le contre
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Pour notre comparaison, nous utilisons les prix moyens de l'énergie sur un an, entre juin 2021 et 2022. Les prix des énergies, particulièrement du gaz et de l'électricité avaient déjà connu une forte hausse pendant cette période. Après juin 2022, nous connaissons encore des pics de prix inédits et douloureux. Toutefois, le choix d'installer un système de chauffage ne peut se faire sur base de ces prix record et nous gardons cette référence.
Nous partons ici de l’hypothèse que tout doit être installé : le générateur de chaleur (la chaudière, la pompe à chaleur …) avec tout ce que cela implique, ainsi que le système d’émission de chaleur (comme les radiateurs ou le chauffage par le sol). Nous considérons également que le système doit pouvoir assurer le chauffage de toutes les pièces en hiver et dans l’entre-saison.
En additionnant l’ensemble des coûts pour chaque système de chauffage, nous obtenons le graphique suivant.
Le chauffage au gaz a des concurrents
En raison des prix élevés du gaz naturel, la chaudière à condensation au gaz naturel n’est plus, comme naguère, le vainqueur incontestable de notre comparaison. Pour une consommation moyenne équivalent à 1 500 litres de mazout ou autant de m³ de gaz, elle reste néanmoins dans le trio de tête aux côtés de la chaudière à mazout et de la chaudière au propane.
Pour une même consommation, la pompe à chaleur air-air ou la chaudière à pellets coûtent quelques centaines d’euros de plus par an.
Dans une maison très bien isolée
Dans une maison très bien isolée avec une consommation annuelle inférieure à 1 500 m³ de gaz ou 1 500 l de mazout, une pompe à chaleur air-air peut être envisagée comme chauffage principal. Ce sera plus vrai encore si vous envisagez d’utiliser cette pompe à chaleur en tant qu’airco les jours de forte chaleur.
La pompe à chaleur air-eau, avec circulation d’eau chaude dans des tuyaux, par chauffage au sol ou radiateurs, reste plus chère que tous les autres systèmes déjà cités, même dans une habitation très bien isolée.
Pour une consommation plus importante
Pour une consommation plus importante — plus de 2 000 m³ de gaz ou 2 000 l de mazout de chauffage — une chaudière à pellets peut se révéler plus avantageuse à un tarif relativement favorable pour les pellets comme pendant la période juin 2021-juin 2022.
Pour une consommation aussi importante, on peut même envisager un chauffage central à mazout, pour autant que cela reste légalement autorisé et qu’il n’y ait pas de gaz naturel disponible.
Le chauffage électrique classique est à déconseiller (chauffage direct ou avec radiateurs à accumulation) en raison de son coût plus que jamais exorbitant.
Mon système de chauffage est assez récent et fonctionne encore bien. Vaut-il quand même mieux en changer ?
A chaque crise des prix de l’énergie, on se demande s’il n’est pas préférable de passer rapidement à un système qui coûte moins, même si le chauffage actuel n’est pas très ancien— moins de 15 ans — et fonctionne encore convenablement. Mais est-ce une bonne décision ?
Si vous passez à un autre système, ne perdez pas de vue que vous ferez sans doute des économies sur la facture, mais que vous devrez encore amortir une partie de l’installation actuelle, devenue soudain superflue. Si, par exemple, vous passez du mazout aux pellets, vous aurez payé pour une citerne à mazout qui n’est pas encore amortie. En outre, vous devrez consentir des frais supplémentaires pour vous débarrasser de votre citerne ou la mettre hors service. Sans doute allez-vous économiser quelques centaines d’euros sur votre facture annuelle d’énergie, mais vous devrez investir des milliers d’euros dans du nouveau matériel.
Reste en outre à savoir combien de temps vous durera cette économie, en fonction de la variation des prix des différents combustibles.
C’est pourquoi nous conseillons de ne pas abandonner précipitamment un système de chauffage qui fonctionne encore bien au profit d’un autre. A tout le moins, commencez par faire un calcul sérieux sur base des devis avant de franchir le pas.
Sauf si vous vous chauffez à l’électricité. En effet, il y a un scénario particulier dans lequel il s’impose d’anticiper le changement de système. Vu les factures exorbitantes d’un système de chauffage électrique classique (quel qu’en soit le type, direct, à accumulation, à inertie, à infrarouge, etc.), le changement est rentable. La solution la plus évidente est généralement l’installation d’une pompe à chaleur air-air (voir aussi la question 3 ci-dessous). Dans ce cas, vous pouvez éventuellement conserver quelques radiateurs électriques comme appoint et les faire intervenir quand la température extérieure chute fortement et que la pompe à chaleur ne suffit plus à assurer une chaleur suffisante dans l’habitation.
En combinant un système de chauffage électrique classique avec une telle pompe à chaleur, ou en le remplaçant par cette pompe, vous pouvez réaliser une économie appréciable : on est vite à 1 000 ou 2 000 € par an, selon vos besoins en chauffage, les dimensions et le degré d’isolation de l’habitation, de sorte que l’investissement peut être récupéré en 2 à 5 ans.