Ces médicaments contre le rhume, la toux et le nez bouché sont déconseillés

Pourquoi nous vous déconseillons certains médicaments contre le rhume

En cas de rhume, d'état grippal ou encore de maux de gorge, beaucoup sont tentés d'avoir immédiatement recours à des médicaments. Pour beaucoup, il s'agit de médicaments en vente libre (et donc disponibles sans ordonnance). Pourtant, les preuves scientifiques concernant la plus-value et/ou l'efficacité de ces traitements pour vous soulager ne sont pas toujours concluantes. En outre, ils n'accélèrent pas la guérison.

Ce qui est en revanche sûr, c'est que ces médicaments peuvent provoquer des effets secondaires et sont parfois mal utilisés. Plus le nombre d'ingrédients utilisés dans la composition augmente, plus les risques d'effets secondaires augmentent à leur tour, raison pour laquelle nous déconseillons l'utilisation de tels produits.

Prenez toujours la peine de lire attentivement la notice d'utilisation et de respecter les dosages indiqués. Si les symptômes persistent, consultez un médecin.

Quels médicaments sont vraiment efficaces?

Les dangers des sirops pour la toux pour votre santé : antitussifs et expectorants

Sirop pour toux grasse ou toux sèche : quelle différence ?

Première chose concernant les médicaments pour la toux : sachez que ces produits, et a fortiori celle ceux en vente libre, n'apporte aucune plus-value démontrée. Par ailleurs, une visite chez le médecin en cas de simple toux n'est généralement pas nécessaire. On distingue deux catégories de sirop en cas de toux :

• les sirops antitussifs, qui visent comme leur nom l'indique à empêcher le réflexe de toux ;
• les sirops expectorants (ou mucolytiques), qui visent à fluidifier le mucus pour faciliter son élimination lorsque vous toussez.

Quelles sont les causes d'une toux ?

La toux est un réflexe naturel qui vise à libérer vos voies respiratoires encombrées (mucus, poussière, fumée, etc.). Pour cette raison, utiliser un sirop antitussif n'est pas une bonne idée, surtout en cas de toux grasse.

Les sirops contre la toux dont l'utilité est contestable

Certains antitussifs sont composés à base de dextrométhorphane. C'est notamment le cas du Bronchosedal ou du Toularynx. Il n'y a pas ou très peu de preuves scientifiques de leur efficacité en cas de toux aiguë. Ils peuvent en revanche provoquer de la somnolence et des nausées. Ces produits ne sont pas sans danger alors que les preuves de leur utilité et efficacité sont peu convaincantes. Pour cette raison, ils se retrouvent dans la catégorie des produits à "utilité discutable" de notre banque de données de médicaments.

Certains sirops mucolytiques sont à base d'acétylcystéine (Lysomucil, Acetylcysteine EG), de carbocystéine (Siroxyl, Muco Rhinathiol) ou de guaïfénésine (Bronchosedal Mucus, Toularynx Guaifenesine, VicksToux grasse). La plus-value de ces sirops en cas de toux grasse ou pour prévenir la BPCO (maladie pulmonaire obstructive chronique) n'est pas claire, notamment à cause d'un manque de preuves scientifiques convaincantes. Qui plus est, ils peuvent entrainer des maux de tête, des éruptions cutanées, des problèmes gastriques et intestinaux, des nausées et des vomissements. Ils sont également renseignés comme produits à "utilité contestable" dans notre banque de données.

Quels sirops contre la toux sont déconseillés ?

Nous déconseillons l'utilisation de certains sirops disponibles en Belgique, comme ceux à base de bromhexine (comme le Bisolvon ou le Bromhexine EG). Ils sont disponibles sans ordonnance mais il n'existe aucune preuve scientifique convaincante de leur efficacité pour traiter les toux grasses ou prévenir le BPCO. Nous sommes plus sévères envers ces produits car, outre des effets secondaires comme des problèmes gastriques et intestinaux, des nausées et des vomissements, ils sont suspectés de provoquer des réactions allergiques. Les risques liés à ce produit, et ce pour traiter pour une toux qui disparaitra seule et ne nécessite pas de traitement, ne valent pas la peine d'être pris.

Nous déconseillons également depuis des années l'utilisation des sirops combinant des substances aux effets à la fois antitussifs et expectorants. De tels produits étaient par le passé disponibles en Belgique, mais l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) a finalement décidé de les interdire en 2020.

Mais attention : cette décision ne s'applique pas pour les produits enregistrés selon la procédure simplifiée liée à l’usage traditionnel de certaines plantes. Il s'agit d'un statut particulier qui permet de commercialiser un produit si la substance active qu'il contient est utilisée depuis au moins 30 ans, dont 15 dans l'Union européenne. C'est par exemple le cas du Bonchostop Duo (à base d'extraits de thym et de racine de houx). Or, la combinaison d'un ingrédient contre la toux sèche (houx) et d'un ingrédient contre la toux grasse (thym) n'a pas de sens.

Ces sirops pour la toux sont-ils vraiment efficaces?

Comment soigner une toux sans médicament ?

Dans la catégorie, "vous ne risquez rien à essayer", il existe plusieurs remèdes maison comme le thé, le lait chaud, le gingembre, le miel ou le citron. Une cuillère de miel avant d'aller dormir peut rendre la toux plus supportable et améliorer le sommeil. Attention toutefois : ne donnez pas de miel à un bébé de moins d'un an. Les bactéries contenues dans le miel présentent un risque possible de botulisme.

Certaines personnes ressentent une amélioration en augmentant le taux d'humidité de la maison ou en respirant des vapeurs chaudes et humides (max 60°C). Cette solution est proscrite pour les enfants de moins de 6 ans. N'ajoutez pas non plus d'arômes, d'huiles ou autres produits.

Gardez à l'esprit que la toux ne nécessite pas de traitement. Votre état s'améliorera naturellement en une à trois semaines. Le meilleur des traitements pour accélérer le processus de guérison est de vous reposer.

À partir de quand la toux doit-elle inquiéter ?

Si les symptômes se prolongent au-delà de ce délai, ils peuvent être le signe d'une affection sous-jacente. Il est alors judicieux de solliciter un avis médical.  

Les dangers des sprays pour le nez, gouttes et comprimés décongestionnants

C'est presque inévitable pendant la période hivernale : vous risquez plus que probablement d'attraper un rhume. Il s'agit d'une infection banale des voies respiratoires supérieures.

Le rhume se propage par des particules de salive ou au contact d'objets infectés. Dans les endroits où les gens sont assis près les uns des autres et où il y a peu d’air frais, une personne enrhumée peut infecter les autres. Le virus peut également se transmettre par une simple poignée de main. Si l'on porte ensuite les mains à la bouche, au nez ou aux yeux, le virus peut pénétrer dans le corps. Une bonne hygiène des mains est donc primordiale pour ne pas propager le virus. Le rhume est plus embêtant que dangereux. Une visite chez le médecin n'est pas nécessaire, sauf si vous présentez des complications.

Que faire en cas de rhume?

Quelles sont les causes d'un nez bouché ?

Le rhume est régulièrement associé à un nez bouché ou, à l'inverse, à un nez qui coule. Lorsque vous attrapez un rhume, les muqueuses de votre nez et de votre gorge s'enflamment et s'épaississent, produisant alors ce qu'on appelle communément de la "morve".

Le rhume est généralement dû au rhinovirus ou au coronavirus (ne le confondez pas avec le SARS-CoV-2, responsable du Covid-19). Le rhume est donc dû à un virus, et non au froid, à l'humidité ou si vous sortez avec des cheveux humides, comme on peut souvent l'entendre.

Quels médicaments pour le nez bouché sont déconseillés ?

Pour les affections dues à un virus, comme le rhume, les antibiotiques sont inutiles. Ils ne peuvent combattre que les bactéries. Pourtant, sur le marché belge, nous trouvons encore des médicaments en vente libre qui contiennent un antibiotique dans leur composition et qui sont indiqués en cas de nez bouché :

• Sofrasolone, une combinaison de framycétine (antibiotique), nafozaline (décongestionnant) et prednisolone (corticostéroïde). Comme expliqué, les antibiotiques comme la framycétine sont inutiles en cas de nez bouché. Il n'existe aucune preuve scientifique de leur utilité en cas d'usage local. En revanche, les utiliser de façon inconsidérée développe notre résistance aux antibiotiques. Quand vous en aurez vraiment besoin (infection pulmonaire, par exemple), les antibiotiques risquent donc de moins bien fonctionner. Qui plus est, en prenant de la framycétine, vous courez le risque de faire un choc anaphylactique. Enfin, ce produit contient un corticostéroïde (prednisolone). En cas d'usage local comme ici, vous courez le risque d'effets secondaires alors que sa plus-value dans le traitement n'est pas clairement démontrée. Nous vous déconseillons ce produit.
• Dexa-Rhinospray. Il ne contient pas d'antibiotique, mais il combine également un décongestionnant et un corticostéroïde. Il n'est disponible que sur ordonnance, mais nous le déconseillons également.

Il existe encore deux autres médicaments combinés que nous déconseillons. Le calcul risque/bénéfice pour votre santé est négatif. Il s'agit de :

• Otrivine Duo. Ce spray combine de l'ipratropium et de la xylométazoline. L'un vise à lutter contre les écoulements, l'autre à décongestionner. Ces produits ont de nombreux effets secondaires alors que l'efficacité de cette association n'est pas démontrée de manière convaincante. Plus d'infos sur Otrivine Duo par ici.
• Sinutab. Il s'agit cette fois d'un médicament à prendre par voie orale. Mais avec ce type de médicament, les risques d'effets secondaires sont plus grands. Sinutab contient de la pseudoéphédrine et du paracétamol. Il est depuis peu uniquement disponible sur ordonnance. Découvrez ici pourquoi nous déconseillons ce produit. Nos réserves liées à la pseudoéphédrine sont également valables pour un autre produit, le Vasocedine Pseudoephedrine.

Quelles sont les solutions pour se passer des médicaments en cas de nez bouché ?

Un rhume se soigne de lui-même. Les symptômes disparaissent dans les 7 à 10 jours. Un seul mot d'ordre donc : prendre son mal en patience et bien se reposer. Aucun médicament prescrit par le médecin ne permettra d'accélérer le processus de guérison. Au mieux, il pourra prescrire des médicaments pour votre confort qui permettront de soulager certains symptômes. N'en abusez pas et prenez-les uniquement si nécessaire. Ce constat est d'autant plus vrai pour les enfants.

En cas de nez bouché :

• vous pouvez liquéfier la morve à l'aide d'une solution saline "physiologique", surtout chez les jeunes enfants. Une telle solution saline est disponible en doses uniques ;
• hydratez-vous correctement ;
• vous pouvez relever la tête de votre lit ;
• évitez les fumées irritantes ;
• renouveler et humidifier l'air de votre habitation.

Un spray nasal est-il vraiment efficace en cas de rhume ou de nez bouché ?

Les sprays nasaux peuvent également aider, mais préférez ceux contenant uniquement un décongestionnant comme l'oxymétazoline (p.ex. Nesivine) ou le xylométazoline (Nasa Rhinathiol, Otrivine). Mais ne les utilisez qu'à faible dose et limitez leur utilisation à 5 jours maximum. En cas d'usage prolongé, on les soupçonne de... boucher le nez.

En ce qui concerne les enfants, certains de ces produits ne doivent pas être utilisés en raison de leurs effets secondaires :

• Pour les enfants de moins de 12 ans, oubliez les sprays et gouttes nasales non pédiatriques contenant des vasoconstricteurs.
• Pour les enfants de moins de 7 ans, oubliez toutes les préparations nasales à base d'éphédrine, de phényléphrine, de nafazoline et de tramazoline.

Les dangers des médicaments pour traiter les maux de gorge

Si vous attrapez un rhume, outre le nez, c'est votre gorge qui peut aussi être douloureuse. Il n'existe ici encore aucun traitement permettant d'accélérer le processus de guérison. Les médicaments existants visent uniquement à soulager les symptômes.

Le mal de gorge, comme les autres symptômes du rhume, disparaîtra de lui-même au bout de 7 à 10 jours.

Quelles sont les causes d'un mal de gorge ?

Si les maux de gorge sont dus à un rhume, ils proviennent d'un virus qui enflamme les muqueuses de la gorge. Les antibiotiques seront donc à nouveau inutiles.

Notez également qu'un mal de gorge peut aussi être provoqué par une bactérie, un champignon, une allergie, etc.

Quels médicaments pour le mal de gorge sont déconseillés ?

Vous pouvez trouver pas mal de pastilles à sucer ou de sprays pour la gorge disponibles en vente libre. S'ils sont couramment utilisés, il existe peu de preuves qu'ils aident réellement à soulager les maux de gorge. Ces remèdes n’ont pas un effet significatif sur la douleur supérieur à celui d'un bonbon à sucer combiné à un antidouleur comme le paracétamol.

Ils n'accélèrent pas la guérison de l'inflammation et peuvent provoquer des effets secondaires à fortes doses.

Nous déconseillons les médicaments suivants :

• Collutabs (métacrésol d'amyle + alcool dichlorobenzylique + lidocaïne)
• Strepsils + lidocaïne (métacrésol d'amyle + alcool dichlorobenzylique + lidocaïne)
• Lemocin (cétrimide + lidocaïne + tyrothricine)
• Buccoverso (chlorhexidine + lidocaïne)
• Medica (chlorhexidine + lidocaïne)
• Golaseptine-Lidocaïne (chlorhexidine + lidocaïne)
• Colludol (hexamidine + lidocaïne)

Les produits sont disponibles sous différentes formes, avec différents goûts, et diffèrent sur la base de leur substance "active". Certains médicaments contiennent un antiseptique local (anti-inflammatoire) ou un antibiotique dont l'utilité pour le mal de gorge n'est pas prouvée. D'autres contiennent un anesthésique local, la lidocaïne, qui peut entraîner des convulsions ou des problèmes cardiovasculaires en cas de surdosage.

Souvent, il s'agit d'une combinaison de ces ingrédients sans qu'aucune preuve n'ait été apportée quant à l'utilité thérapeutique de ces combinaisons. Or, en les combinant, les fabricants augmentent les risques d'effets secondaires.

Nous déconseillons également l'usage de Strepfen. Ce produit contient un anti-inflammatoire (NSAID), mais la plupart des patients n'en sont pas conscients. Or, en plus de Strepfen, certains peuvent prendre un anti-inflammatoire comme l'ibuprofène. Cette combinaison augmente fortement le risque de développer des effets secondaires.

Nous le déconseillons donc en raison d'un certain nombre d'effets secondaires possibles (irritation de la bouche, douleurs abdominales, nausées, diarrhées, sécheresse de la bouche, etc.). Il peut également y avoir des interactions avec d'autres médicaments.

Enfin, nous déconseillons également les produits à gargariser. Ils ne réduisent pas significativement la douleur en comparaison avec un simple bonbon à sucer.

Quels sont les médicaments les plus efficaces en cas de mal de gorge ?

En cas de maux de gorge, vous pouvez prendre des antidouleurs. Préférez d'abord le paracétamol, autrement l'ibuprofène peut aussi faire l'affaire. Ils pourront réduire temporairement la douleur et soulagez d'autres symptômes comme la fièvre ou les maux de tête.

• Pour le paracétamol, ne dépassez jamais la dose recommandée de 4 fois 1 gramme/jour pour un adulte, et 60 mg de paracétamol par jour et par kilo de poids corporel pour un enfant. Limitez-vous à la dose la plus faible possible, et pendant la durée la plus courte possible.
• Pour l'ibuprofène, la dose maximale est de 3 fois 400 mg par jour pour un adulte, et 10 mg par jour et par kilo de poids corporel pour un enfant. Le paracétamol est préférable à l'ibuprofène en raison des effets secondaires possibles avec ce dernier.
• Quant à l'aspirine (acide acétylsalicylique), également un antidouleur répandu, elle provoque également plus d'effets secondaires que le paracétamol. Il est qui plus est préférable de ne pas en donner aux enfants et adolescents. S'ils contractent une infection virale, l'aspirine peut provoquer un syndrome de Reye. Il s'agit d'une affection rare mais grave qui touche principalement les enfants de 5 à 14 ans.

Quels remèdes sont efficaces en cas de mal de gorge ?

Qu'en est-il des remèdes traditionnels comme se gargariser à l'eau salée, le miel, les boissons chaudes ou les glaces ? S'ils peuvent apporter un certain soulagement, même s'il n'y a aucune preuve scientifique derrière leur fonctionnement.

Si votre mal de gorge se prolonge au-delà de dix jours, si vous avez du mal à respirer ou à avaler, des ganglions gonflés, etc. Consultez un médecin.

Les remèdes à privilégier en cas de mal de gorge

Nos conseils pour traiter un rhume, la toux ou un mal de gorge

• Reposez-vous.
• Buvez suffisament d'eau.
• En cas de fièvre, douleurs ou maux de gorge, privilégiez le paracétamol, mais respectez les dosages.
• En cas de nez bouché, utilisez une solution saline physiologique.
• N'ayez pas recours à des antibiotiques si ce n'est pas nécessaire. Ils ne servent à rien en cas d'infection virale, mais leur utilisation augmentera la résistance aux antibiotiques.
• Suivez les mesures d'hygiène recommandées : lavez-vous les mains régulièrement, gardez vos distances, toussez/éternuez dans un mouchoir afin de limiter la propagation du virus.
• Ne faites pas usage de médicaments de manière exagérée, surtout pour les enfants.
• Lisez toujours attentivement la notice et respectez les doses prescrites.
• Si les symptômes se prolongent ou si des complications apparaissent, consultez un médecin.

Les dangers de la résistance aux antibiotiques