Migration: des emballages alimentaires à l’assiette

Qu’est-ce que la migration? À quel point le danger pour la santé est-il réel?
Koni Grob, spécialiste suisse en la matière, nous répond: Concrètement, par "migration", on entend le passage de composants chimiques provenant de l’emballage aux denrées alimentaires. Ce passage peut se faire par contact direct (soupe en boîte, par exemple) ou indirectement, par évaporation dans l’air comme dans le cas des chips qui touchent à peine l’emballage ou de la peinture murale dans une boulangerie. L’éventail de matériaux dont des particules peuvent migrer dans les aliments est très large: plastique, colle, papier et carton, couches de vernis, aluminium, etc. La migration est donc une problématique très vaste.
Actuellement, quelque 1.500 substances qui peuvent migrer dans les aliments ont été analysées et approuvées par les experts de l’Union européenne ou nationaux. Pour toutes les autres substances susceptibles de migrer, c’est toujours l’incertitude qui règne. De plus, une partie de ces évaluations, et surtout celles des matériaux utilisés le plus souvent, sont déjà obsolètes et devraient être revues, mais les budgets nécessaires ne sont pas disponibles.
Dès que nous, en tant qu’autorité de contrôle, notons une substance dangereuse, nous la bannissons des emballages. Nous ne connaissons dès lors pas d’élément migrant qui mette à coup sûr la santé en danger, mais il faut bien reconnaître que la plupart des substances nous sont tout simplement inconnues. On estime que 50.000 à 100.000 substances peuvent migrer dans les aliments en quantités potentiellement dangereuses. La grande majorité n’est pas si toxique que cela, mais il est probable qu’un certain nombre d’entre elles comportent des risques pour la santé. Même si on prend une estimation prudente de 0,1% des substances, cela fait toujours entre 50 et 100 substances nuisibles à la santé.
La migration de particules vers les aliments est un problème difficile à maîtriser. La législation exige que les emballages ne constituent pas de risque pour la santé humaine, mais on n’a pas contrôlé l’innocuité de la grande majorité des substances qui migrent. De ce point de vue, les particules migrantes sont plus préoccupantes que les pesticides, par exemple, qui sont présents en concentrations beaucoup plus faibles dans nos aliments et sont beaucoup mieux étudiés.