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Pouvez-vous boire l’eau du robinet en Belgique ? Notre test de la qualité de l’eau

Essentielle à la vie quotidienne de millions de Belges, l’eau du robinet suscite de vives préoccupations face à la présence de substances comme les PFAS et les résidus de pesticides. Nos experts ont cherché à tester la qualité de cette eau. Découvrez leurs conclusions.

Expertise:
Rédaction:
17 juillet 2025
Analyse de l'eau du robinet en Belgique

Pourquoi avons-nous testé la qualité de l’eau du robinet ?

L’eau du robinet est un produit de consommation essentiel, distribué à des millions de personnes chaque jour en Belgique.  Nous estimons que les consommateurs belges ont le droit d’être informés de sa qualité réelle, de façon indépendante et transparente. 

Même si des contrôles officiels sont réalisés régulièrement par les distributeurs d’eau et les autorités, notre rôle en tant qu’association de consommateurs est : 

  • De vérifier si les normes sont bien respectées  
  • D’alerter si des substances problématiques sont détectées (comme certains PFAS ou les produits de la dégradation des pesticides, qu’on appelle “métabolites”), même en-dessous des seuils réglementaires, afin de faire avancer la réglementation si nécessaire. 
  • D'informer les citoyens sur les enjeux de santé publique et environnementaux liés à l’eau potable, en traduisant les données scientifiques en informations compréhensibles et utiles. 
  • De défendre l’intérêt général, en s’assurant que la qualité de l’eau reste élevée pour tous, indépendamment du lieu de résidence ou du statut social.

La question des PFAS dans l’eau du robinet, en Belgique

Ces dernières années des préoccupations concernant la présence de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans l’eau du robinet ont émergé. 

  • En Flandre, en 2022, on a découvert que la production de PFAS de l’usine 3M à Zwijndrecht avait contaminé durablement les sols et les eaux de la région d’Anvers. Cette situation a renforcé la prise de conscience des niveaux élevés de ces polluants éternels, notamment dans l’eau potable en Flandre.
  • En Wallonie, fin 2023, les médias ont relayé que, dans la région de Chièvres, les niveaux de 20 PFAS réglementés dépassaient la future norme européenne de 100 nanogrammes par litre.
  • À Bruxelles, les inquiétudes liées à la présence de PFAS dans l’eau du robinet sont apparues surtout en 2023, lorsqu’une concentration élevée a été détectée dans le réservoir de Rhode-Saint-Genèse, qui alimente plus de la moitié de la population bruxelloise.

Des articles parus dans la presse belge ont alerté les consommateurs qui, pour beaucoup, ignoraient jusque-là l’existence de ces substances. 

Face à ces constats inquiétants, les autorités ont pris différentes mesures. Il nous semblait donc pertinent d’évaluer leur impact en analysant la qualité de l’eau du robinet.

Tout savoir sur les PFAS

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Comment lutter contre les PFAS dans l’eau ? Les mesures prises par les autorités

Le charbon actif : un allié pour filtrer l’eau des PFAS

Pour protéger l’eau du robinet de la pollution aux PFAS, les Régions ont pris des mesures, comme l’installation de filtres à charbon actif dans certaines stations de traitement (c’est notamment ce que la Société wallonne des Eaux a fait sur le site de captage de Chièvres, depuis mars 2023).

Le charbon actif a la particularité d’être extrêmement adsorbant : il retient à sa surface des molécules indésirables, dont les PFAS, lorsqu’elles entrent en contact avec lui. 

Ce procédé doit être régulièrement surveillé pour garantir son efficacité car, au fil du temps, le charbon actif se sature, c’est-à-dire qu’il ne peut plus capturer de nouvelles molécules. Il doit alors être régénéré. Cela se fait dans des installations spécialisées, où le charbon est chauffé à très haute température (parfois jusqu’à 1200 °C) afin de décomposer les PFAS qu’il renferme.

  • Si le charbon actif régénéré est encore efficace, il peut être réutilisé pour filtrer l'eau de la station de traitement de l'eau potable. 
  • Sinon, il doit être éliminé par incinération dans des installations capables de détruire les PFAS.

Le problème, c’est que cette dégradation thermique liée à la régénération du charbon actif peut générer des PFAS à chaînes ultra courtes – donc des substances chimiques encore plus petites – comme le TFA (acide trifluoroacétique) ou le TFMS (acide trifluorométhane sulfonique).

Qu’est-ce que le TFA, dans l’eau ?

La dégradation thermique des PFAS entraine donc la création de substances polluantes encore plus minuscules, notamment le TFA, qui est une substance très mobile et presque impossible à éliminer avec les procédés classiques de traitement des eaux. 

Ces molécules, proches de la taille de nanoparticules, représentent un véritable défi : elles passent à travers la plupart des filtres et nécessitent des traitements plus complexes comme l’osmose inverse. Malheureusement, cette dernière est coûteuse et peu écologique.

Finalement, la destruction totale de tous les PFAS est extrêmement difficile. La meilleure solution consiste donc à réduire fortement leur utilisation dès le départ, afin d’éviter de continuer à polluer l’eau et l’environnement pour des siècles, vu leur persistance.

Les carafes fitrantes sont-elles efficaces ?

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Comment avons-nous testé la qualité de l’eau du robinet ?

Nous avons collaboré avec un laboratoire qui s’est chargé de faire les prélèvements d’eau chez 20 volontaires habitant des communes disséminées partout en Belgique.

Où avons-nous prélevé l’eau analysée ? 

Nos prélèvements ont concerné 20 communes sur les 581 que compte la Belgique. Il est donc important de garder à l’esprit que ce test reste partiel et ne permet pas d’évaluer la qualité de l’eau potable à l’échelle de tout le pays. 

Toutefois, dans les communes approvisionnées par la même compagnie de distribution d’eau et issues des mêmes sources de captage ou des mêmes mélanges d’eaux que celles que nous avons testées, les résultats devraient être similaires.

Nous avons prélevé de l’eau dans les 20 communes suivantes : Anvers, Berchem Sainte-Agathe, Chaumont Gistoux, Courcelles, Couvin, Coxyde, Diest, Esneux, Gand, Hoboken, Hooglede, Houyet, Kapellen, Le Coq, Liège, Lodelinsart, Marcinelle, Saintes (Tubize), Woluwe-Saint-Pierre et Zwijndrecht.

L’eau a été prélevée directement au robinet, juste après le compteur, afin d’éviter toute modification potentielle liée aux installations internes du logement.

Comment savoir d’où vient votre eau ?

Avant d’arriver à votre robinet, l’eau est prélevée dans la nature, soit dans des ressources de surface (rivières, fleuves, lacs, barrages…), soit dans des ressources souterraines, comme les nappes phréatiques.

  • En Flandre, environ 60 % de l’eau potable provient de nappes souterraines, tandis que 40 % est puisée dans des eaux de surface, notamment en provenance de Wallonie, comme le barrage d’Eupen ou celui de la Gileppe. 
  • En Wallonie, 80 % de l’eau distribuée est issue des nappes phréatiques, et seulement 20 % provient des eaux de surface.

Pour savoir précisément de quelle ressource (nappe, fleuve, barrage) provient l’eau de votre robinet, vous pouvez contacter votre distributeur d’eau. Son nom figure sur votre facture. Vous pouvez également consulter :

  • Pour la Wallonie : www.aquawal.be
  • Pour la Flandre : www.aquaflanders.be
  • Pour Bruxelles : www.vivaqua.be 

Notez que vous pouvez aussi consulter la composition de votre eau du robinet à tout moment sur le site web de votre distributeur, généralement dans la rubrique « Qualité de l’eau ». Nous vous conseillons de vérifier régulièrement ces informations afin de suivre l’éventuelle présence de contaminants.

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De quelles substances avons-nous contrôlé la présence ?

Notre analyse de l’eau du robinet ne porte pas sur l’ensemble des paramètres prévus par la directive européenne sur la potabilité de l’eau destinée à la consommation humaine.

Nous avons choisi de cibler uniquement certains polluants chimiques jugés particulièrement pertinents au regard de l’actualité, comme les PFAS ou les pesticides et leurs métabolites. En revanche, nous n’avons pas analysé la qualité microbiologique, ni les  paramètres généraux tels que le pH ou la dureté de l’eau.

Les pesticides et leurs métabolites 

On retrouve parfois dans l’eau potable des pesticides interdits depuis des années, ainsi que leurs métabolites.

Après leur utilisation, les substances actives des pesticides se répandent dans l’environnement et peuvent se transformer en une ou plusieurs autres substances de dégradation, appelées métabolites. Certains de ces métabolites finissent par atteindre les ressources en eau destinées à la consommation humaine.

Effets environnementaux et sanitaires

Même à de faibles concentrations, certains pesticides peuvent présenter des risques pour la santé à long terme, comme des perturbations endocriniennes, des cancers ou des effets sur le système nerveux. Les métabolites, quant à eux, peuvent aussi être toxiques, voire plus, que les pesticides d’origine.

Si certains pesticides et leurs métabolites ont tendance à s’accumuler dans l’organisme humain, ils peuvent également nuire aux organismes aquatiques et perturber l’équilibre des écosystèmes.

Normes réglementaires

En Europe, la présence de pesticides et de leurs dérivés (métabolites pertinents) est limitée à : 

  • 0,1 microgramme par litre (μg/L) pour chaque substance spécifique; 
  • 0,5 microgramme par litre (μg/L) au total.

Un métabolite est jugé "pertinent" s’il présente des risques comparables à ceux du pesticide d’origine. Pour les métabolites non pertinents, aucune limite européenne n’est fixée, mais certains pays, comme la France, appliquent des seuils de précaution pour les eaux souterraines , par exemple 0,9 microgramme par litre.

En savoir plus sur les pesticides

Les chlorates et perchlorates 

Les chlorates sont des sous-produits qui se forment lors de la désinfection de l’eau au chlore.

Les perchlorates sont principalement issus d’activités industrielles (par exemple la fabrication d’explosifs ou de feux d’artifice), mais peuvent aussi apparaître comme sous-produits de la désinfection au chlore. Dans une moindre mesure, ils peuvent provenir de gisements minéraux naturels. Leur présence dans l’environnement est également liée à l’utilisation et au stockage de munitions durant la dernière guerre.

Effets environnementaux et sanitaires

Ces substances posent des risques pour la santé et l’environnement. Une exposition chronique aux chlorates peut freiner l’absorption d’iode, favoriser l’apparition d’une hypothyroïdie, causer des dommages aux globules rouges (anémie hémolytique) et affecter la fonction rénale.

Les perchlorates, même à faible dose, perturbent également la synthèse des hormones thyroïdiennes en bloquant l’absorption d’iode par la glande thyroïde. Cela peut entraîner une hypothyroïdie, des troubles cognitifs, des retards de croissance chez l’enfant, de la fatigue, une baisse des capacités physiques et mentales, ainsi qu’un goitre (augmentation du volume de la thyroïde). 

Les populations les plus à risque sont les femmes enceintes, les fœtus, les nourrissons et les jeunes enfants, dont la thyroïde est encore immature, ainsi que les personnes déjà atteintes de troubles thyroïdiens.

Normes réglementaires

La directive européenne fixe pour les chlorates une limite comprise entre 250 et 700 µg/l – cette limite de 700 µg/l s’appliquant uniquement dans certaines circonstances, sous réserve d'une évaluation des risques –, alignée sur la norme de l’OMS. En Belgique, les trois régions ont choisi la valeur la plus stricte, soit 250 µg/l, à respecter d’ici janvier 2026. 

Pour les perchlorates, il n’existe pas encore de norme européenne. Chez nous, le Conseil Supérieur de la Santé recommande un maximum de 2 µg/l pour les groupes vulnérables (nourrissons, femmes enceintes) et 13 µg/l pour le reste de la population. La Wallonie et Bruxelles prévoient d’appliquer une limite de 15 µg/l à partir de 2028, tandis que la Flandre retient 13 µg/l.

Les PFAS 

Les PFAS sont des composés chimiques d’origine industrielle, créés pour rendre des produits antiadhésifs, résistants à l'eau, aux graisses et à la chaleur, comme des poêles, textiles ou mousses anti-incendie. 

Ils proviennent surtout des rejets industriels et finissent par contaminer l’eau, l’air, les sols et la chaîne alimentaire, exposant l’homme par l’eau potable, la nourriture ou la poussière.

Effets environnementaux et sanitaires

L’exposition chronique aux PFAS, même à faible dose, peut perturber les hormones, affaiblir le système immunitaire, nuire à la reproduction et favoriser certains cancers

Les effets varient selon le type de PFAS, la durée d’exposition et la sensibilité de chacun, avec des risques accrus pour les bébés, les enfants, les femmes enceintes et les personnes fragiles.

Plus sur les effets des PFAS sur notre santé

Normes réglementaires

  • La norme européenne fixe une limite de 100 ng/L (nanogrammes par litre) pour la somme de 20 PFAS spécifiques, et de 500 ng/L pour l’ensemble des PFAS mesurables dans l’eau potable.
  • Ces deux limites européennes, qui devaient initialement s'appliquer à partir de janvier 2026, sont déjà d'application depuis 2023 en Wallonie et juillet 2025 dans les 2 autres régions. Par ailleurs, un seuil de vigilance a été fixé à 30 ng/L par le Ministre wallon de l’environnement : lorsque la concentration des 20 PFAS atteint ce seuil, les distributeurs d’eau doivent mettre en place un plan d’action, comme le remplacement de filtres saturés.
  • Suivant l’avis du Conseil Supérieur de la Santé, une valeur de 4 ng/L a été définie pour les 4 PFAS les plus préoccupants (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS). Les distributeurs d’eau des trois régions devront viser ce seuil d’ici 2028.
À titre de comparaison, le Danemark a adopté une norme encore plus stricte de 2 ng/L pour ces 4 PFAS.
 

Le TFA (acide trifluoroacétique) 

Le TFA (acide trifluoroacétique) est un composé fluoré produit notamment lors de la dégradation de certains pesticides fluorés (dont plusieurs sont aujourd’hui interdits en Europe), de gaz réfrigérants, de médicaments fluorés, ainsi que – comme ne le disions précédemment – de la décomposition des PFAS à longue chaîne. Il est aussi synthétisé industriellement et peut avoir une origine naturelle.

Effets environnementaux et sanitaires

Contrairement aux PFAS à longue chaîne, le TFA s’accumule peu dans les organismes vivants, mais sa forte persistance représente un risque majeur de pollution à long terme, notamment pour les ressources en eau.

Sur le plan sanitaire, le TFA semble moins toxique que les PFAS à longue chaîne. Cependant, l’exposition chronique à faibles doses reste mal comprise, et des études sont en cours pour évaluer ses impacts à long terme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) examine actuellement ces risques, ce qui pourrait aboutir à de futures recommandations sur la qualité de l’eau potable.

Normes réglementaires

Le TFA n’est pas encore officiellement réglementé en Europe ni en Belgique pour l’eau potable, mais sa présence doit être surveillée de près. 

L’herbicide flufénacet, qui se décompose en TFA, a été interdit en 2025 car perturbateur endocrinien, et le TFA est reconnu comme un métabolite pertinent dans les eaux souterraines avec une norme de 100 ng/l. En Belgique, la Région Wallonne et Bruxelles ont adopté une valeur guide de 2 200 ng/l dans l’eau potable, tandis que la Flandre propose une valeur beaucoup plus élevée (15 600 ng/l). Ces valeurs ne remettent pas en cause la potabilité, mais déclenchent une surveillance renforcée en cas de dépassement.

Depuis 2021, l’OCDE considère le TFA comme un PFAS, mais il n’est pas encore inclus dans la norme européenne de 500 ng/l pour la somme des PFAS totaux dans l’eau potable. Selon son origine (pesticides fluorés ou produits contenant des PFAS), le TFA peut donc relever de normes différentes, ce qui complique sa réglementation.

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Quelle est la qualité de l’eau du robinet en Belgique

En Belgique, l’eau du robinet est potable et de bonne qualité. Même si des traces de TFA, de PFAS ou de métabolites de pesticides y sont parfois détectées, elles restent en dessous des normes et ne remettent pas en cause sa potabilité et sa sécurité dans l'immédiat. 

Cependant, la présence de ces polluants doit alerter les autorités et les distributeurs d’eau : elle montre que nos ressources en eau (rivières, nappes souterraines) commencent à être contaminées. Il faut donc agir pour réduire ces substances à la source — en limitant l’usage des pesticides, en interdisant les plus dangereux (comme les pesticides fluorés), ou encore en restreignant la production de PFAS aux utilisations essentielles — afin d’éviter une pollution durable.

Découvrez les résultats complets de nos tests

Est-il mieux de boire l'eau en bouteille ou du robinet ? 

Si l’eau du robinet est globalement sûre et bien contrôlée, vous êtes peut-être tenté de préférer l’eau en bouteille. Mais est-elle vraiment meilleure ? Pour le savoir, nos experts ont testé 30 eaux plates vendues en Belgique. Ils ont vérifié si leur composition minérale correspondait aux promesses affichées sur l’étiquette, et recherché d’éventuels contaminants comme les pesticides, les PFAS ou le TFA.

Découvrez l’enquête complète dans notre article dédié aux eaux en bouteille.

Notre test des eaux en bouteille

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