Dangereuse, la 5G ?

Voici pourquoi il n'y a pas d'inquiétude à se faire
Les ondes des téléphones mobiles et des pylônes d'antennes émettrices sont dangereuses. Et la 5G l’est encore plus. C’est ce que veulent faire croire certains messages. Après examen de toutes les recherches scientifiques internationales, l’inquiétude ne semble pourtant pas de mise. Voici quatre arguments qui vous expliquent pourquoi vous ne devez pas vous faire de soucis.
1. Il n’existe aucune preuve scientifique convaincante concernant d’éventuels effets sur la santé
Le principal argument est incontestablement qu’à ce jour, il n’existe pas suffisamment de preuves scientifiques attestant d’un lien de cause à effet entre les ondes des téléphones mobiles et des pylônes et d'éventuels effets sur la santé comme le cancer.
En outre, le fait est que plus le temps a passé depuis l’introduction du téléphone mobile, plus les arguments en faveur de sa sécurité ont augmenté. Malgré la hausse spectaculaire du nombre de téléphones mobiles au cours de ces vingt dernières années, on ne constate aucune augmentation de l’incidence de certains types de cancer associés aux ondes émises par les téléphones mobiles et les pylônes d'antennes émettrices. Cette constatation confirme la conclusion qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir.
Si un effet devait malgré être resté sous le radar à ce jour, soyez assuré qu’il s’agit d’un risque mineur et qu’il ne fera son apparition que dans un sous-groupe limité de la population, en l’occurrence chez des personnes fortement exposées au rayonnement des téléphones mobiles et des pylônes pendant une longue période.
Nous reviendrons dans ce dossier sur de possibles effets sanitaires des ondes des téléphones mobiles et des pylônes. Nous vous dévoilerons sur quoi se basent les messages inquiétants colportés par les médias.
2. Les avancées technologiques permettent de réduire l’intensité des ondes
Il faut bien se rendre compte que nous devons pour l’instant nous baser sur les études scientifiques menées il y a plus de dix ans. Et si la technologie n’a cessé d’évoluer depuis, c’est dans la bonne direction. Les smartphones actuellement utilisés disposent déjà de la 3G ou de la 4G. L’intensité des ondes qu’ils émettent est bien moins élevée que celle de leurs prédécesseurs (1G et 2G), surtout lorsque le réseau présente une bonne couverture. Par conséquent, le risque actuel d’effets néfastes sur la santé est probablement bien plus bas que ce qui était décrit dans les études menées il y a dix ans.
De plus, la 5G nécessitera des émetteurs bien plus petits dont le rayonnement sera d’une intensité encore plus faible. Par ailleurs, des antennes 5G intelligentes veilleront à ce que les principales personnes exposées aux ondes soient les utilisateurs actifs, épargnant grandement les personnes se trouvant aux alentours.
Nous vous expliquerons ensuite par le menu ce qu’est exactement la 5G et en quoi cette nouvelle technologie diffère de ses prédécesseurs, les 2, 3 et 4G.
3. Nous collons beaucoup moins souvent nos smartphones contre notre visage
En comparant notre utilisation actuelle d’un smartphone avec celle d’il y a quelques années, on constate une nette différence. De nos jours, nous utilisons bien plus souvent des casques et systèmes mains-libres. Nos appareils servent significativement plus souvent pour le surf, la visiophonie et l’envoi de sms que pour passer des appels. La distance par rapport à notre visage est par conséquent plus grande, réduisant d’autant plus l’exposition. Le risque actuel est dès lors sans aucun doute encore plus faible que ce qui était décrit dans des recherches précédentes étudiant la corrélation entre les ondes et certains cancers du cerveau.
4. Les limitations des ondes dans notre pays sont très sévères
Les ondes des téléphones mobiles et des pylônes sont invisibles à l’œil nu, ce qui explique sans doute les craintes qu’elles nous inspirent. Si ce type d’ondes n’est pas visible, il n’en est pas moins réglementé. Les limites internationales sont sévères, et elles le sont bien plus encore en Belgique, environ 50 fois plus à Bruxelles.
La page suivante fait le point sur les limites de rayonnement actuelles.
Toujours pas rassuré(e) ?
Ces arguments ne suffisent pas à vous rassurer ? Pourquoi ne pas appliquer vous-même le principe de précaution ? A commencer par utiliser votre téléphone mobile avec plus de discernement. C’est une source de rayonnement bien plus importante que les pylônes, puisque votre téléphone se trouve beaucoup plus près de votre visage.
Utilisez plus souvent vos écouteurs et évitez de téléphoner dans des endroits où la couverture n’est pas optimale. Cela réduira encore d’éventuels risques non détectés.
Que penser des vêtements ou des "lieux de villégiature" anti-ondes ? Vous saurez tout dans ce dossier.
Vous avez la sensation d’être particulièrement sensible aux ondes ? Découvrez leurs secrets dans cette page.

Tout comme pour les 2, 3 et 4G, il s’agit d’ondes radio, autrement dit d'un rayonnement de radiofréquence. C'est l'un des nombreux types de rayonnement électromagnétique.
Qu’est-ce qu’une onde électromagnétique ?
On peut la comparer à une sorte de vague. Plus vite elle monte et descend en une seconde – la fréquence -, plus le rayonnement sera porteur d’énergie. Cette fréquence s’exprime en Hertz. Un Hertz représente un mouvement de vague par seconde. On se base sur la fréquence pour déterminer la catégorie du rayonnement électromagnétique. Le rayonnement des téléphones mobiles et des pylônes appartient aux ondes radioélectriques dont la fréquence se situe entre 100 kHZ et 300 GHz.
Comment fonctionnent les ondes radio ?
Un pylône diffuse des ondes radio en continu dans toutes les directions. Tout notre corps est exposé à ces ondes. Toutefois, l’intensité des ondes s’amenuisent drastiquement de par la distance avec l’émetteur, son niveau est donc la plupart du temps très faible. Les ondes radio sont captées par votre téléphone mobile uniquement lorsque vous l’utilisez, principalement lorsque votre appareil tente de se connecter au pylône. La partie du corps humain la plus exposée aux ondes est celle la plus proche de l’appareil (la tête lorsque vous le tenez près de votre oreille). Votre téléphone se trouvant bien plus près de votre corps que les pylônes, ses ondes ont une intensité bien plus élevée.
Au plus il y a d’obstacles entre le pylône et le téléphone mobile, au plus le rayonnement doit être intense pour lui permettre d’atteindre le récepteur. Et vice-versa. Au plus votre téléphone mobile a du mal à faire la liaison avec un pylône, au plus le rayonnement sera intense. Donc, au plus le degré de couverture d’un réseau est de qualité, au plus l’intensité du rayonnement sera faible.
Le rayonnement de la 5G est-il différent de celui des 2, 3 et 4G ?
La différence n’est pas significative. La 5G implique elle aussi des ondes radio, tout comme pour les 2, 3 et 4G, ou encore les ondes utilisées pour la radio ou la télé. Outre les fréquences actuellement utilisées par les réseaux 2, 3 et 4G, le réseau 5G utilisera par contre des ondes radio d’une fréquence plus élevée. Dans une région urbaine aux nombreux obstacles, ce signal ne pourra parcourir qu’une relativement courte distance. Il faut donc prévoir plus de petits émetteurs qui diffuseront par contre des ondes d’une intensité moins élevée que pour les 2, 3 et 4G.
Par ailleurs, la 5G entraînera une utilisation accrue d’antennes intelligentes qui enverront des ondes groupées et ciblées vers les utilisateurs actifs. Les antennes actuelles exposent indifféremment tout le monde aux ondes. Grâce à ces antennes intelligentes, les passants se trouvant aux alentours seront donc significativement moins exposés aux ondes.
Impossible, même pour les experts, de déterminer si ces nouvelles technologies entraîneront en pratique une diminution du niveau de rayonnement total. Nous savons que les plus petits émetteurs 5G émettent des ondes moins intenses. Ces ondes viendront naturellement s’ajouter à celles des réseaux 2, 3 et 4G dont nous ne pourrons dans un premier temps pas nous passer. Il faudra par ailleurs multiplier les ondes au fur et à mesure de l’augmentation du nombre d’applications compatibles avec la 5G, comme les véhicules autonomes, les maisons intelligentes, les drones ou encore les opérations à distance.
N’oublions toutefois pas que le réseau 5G devra lui aussi respecter les limites de rayonnement qui sont, dans notre pays, nettement inférieures aux limites internationales. Toutefois, il n’existe pour l’instant aucune méthode commune pour mesurer le niveau de rayonnement total d’un réseau 5G. Le sujet demande à être développé.
Les ondes radio ne provoquent pas directement le cancer
Il existe deux catégories importantes d’ondes au sein du spectre électromagnétique. D’une part, les ondes à haute fréquence qui contiennent suffisamment d’énergie pour attaquer l’ADN des cellules du corps. Ce qui pourrait entraîner un cancer. Cela ne concerne que les rayons UV, les rayons X et les rayons gamma. Il est alors question de rayonnement ionisant. D’autre part, vous avez les ondes à basse fréquence, trop faibles pour provoquer des dommages directs à l’ADN, c’est le rayonnement non-ionisant. Le rayonnement utilisé pour la téléphonie mobile appartient à cette catégorie, tout comme celui des micro-ondes, de la radio ou de la télé.
Les ondes radio sont capables de réchauffer légèrement votre corps
Elles peuvent légèrement augmenter la température des cellules du corps en cas d’utilisation prolongée. Ce réchauffement est toutefois de nombreuses fois plus faible que les variations de température naturelles du corps. Il est généralement admis que des dommages irréversibles pourraient survenir à partir d’une augmentation de 1°C dans le noyau du corps. Cependant, les limites de rayonnement pour les pylônes et téléphones mobiles établies par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non-ionisants sont près de cinquante fois plus sévères. Et elles le sont encore davantage en Belgique.
Les ondes radio n’ont aucune effet négatif sur la santé à long et moyen termes
Toutes les études menées à ce jour mènent à la conclusion qu’à court et moyen termes, soit environ 20 ans, il n’existe aucune preuve que le rayonnement des téléphones mobiles ou des pylônes pourrait provoquer des effets sur la santé comme le cancer, des troubles du sommeil, la stérilité.
Qu’en est-il à long terme ?
Impossible d’affirmer quoi que ce soit pour le plus long terme, soit environ 50 ou 60 ans. Il se peut que des problèmes de santé encore inconnus puissent apparaître en cas d’utilisation intensive prolongée. Mais d’autres études sont encore nécessaires avant de pouvoir se prononcer définitivement à ce propos. Quoi qu’il en soit, nous pouvons affirmer que s’il existe réellement un risque, il est extrêmement réduit et lié à une exposition intensive et prolongée aux ondes radio. Nous l’aurions, sinon, détecté depuis belle lurette.
Il ne serait pas réaliste de s’attendre à ce que la téléphonie mobile soit mise entre parenthèses en attendant des recherches plus approfondies. Cette technique est tellement bien ancrée que même en cas d’apparition de problèmes de santé, il serait impensable de revenir au temps des téléphones fixes.
Et ne perdons pas de vue que la téléphonie mobile sauve aussi des vies au quotidien. Les services d’urgence sont devenus bien plus facilement joignables, les emplacements des accidents peuvent être transmis avec beaucoup plus de précision.
En attendant de futures recherches, vous pouvez toujours utiliser votre téléphone mobile avec plus de prudence. C’est une source de rayonnement bien plus importante que les pylônes puisque votre téléphone se trouve beaucoup plus près de votre visage. Utilisez par exemple plus souvent vos écouteurs et évitez de téléphoner à des endroits où la couverture n’est pas optimale. Ne vous laissez par contre pas berner par la peinture, les vêtements ou même les vacances « anti-ondes ». Ce ne sont que des miroirs aux alouettes qui jouent sur vos craintes.
La Commission internationale de protection contre les rayonnements non-ionisants a établi des limites pour le rayonnement des pylônes et téléphones mobiles. Elles sont basées sur le seul effet scientifiquement prouvé: l’effet de réchauffement. Ces limites internationales sont près de cinquante fois plus sévères que celles dont le dépassement pourrait, d’après les recherches scientifiques, provoquer des dommages pour le corps.
La Belgique joue la carte de la sécurité
Les limites internationales sont donc déjà prudentes. Dans notre pays, les limites pour les pylônes sont toutefois bien plus sévères, même près de cinquante fois plus à Bruxelles. Les limites varient cependant entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles, ce qui provoque bien des discussions. Nous plaidons donc en faveur de plus d’uniformité : une seule limite pour tous les pays européens, aussi basse que techniquement possible. Les contrôles doivent bien évidemment aussi être suffisants.
Appareillage électronique
Les appareils électroniques sans fil fonctionnant avec des ondes radio, comme les téléphones mobiles, les compteurs numériques, les babyphones, ordinateurs portables avec wifi etc., sont soumis à des règles strictes. Les fabricants de tels appareils doivent mesurer et communiquer le débit d'absorption spécifique (aussi appelé DAS, une unité mesurant la quantité de rayonnement absorbée par le corps). Seuls les appareils sans fil présentant une faible puissance moyenne, tels que les appareils Bluetooth p.ex., sont dispensés. Ici encore, les limites sont 50 fois plus sévères que ce qui est scientifiquement considéré comme dommageable. La marge de sécurité est donc plus que confortable.
L’étude « idéale » n’existe pas
L’étude « idéale », c'est-à-dire qui permettrait de déterminer de manière irréfutable si les ondes radioélectriques provoquent certains effets sur la santé, n’est tout simplement pas réalisable. Il faudrait, pour ce faire, répartir de manière aléatoire des milliers de gens en différents groupes : ils devraient respectivement ne pas utiliser, utiliser modérément ou utiliser intensivement leur téléphone mobile pendant de nombreuses années. Impossible de trouver suffisamment de candidats qui accepteraient et seraient en mesure de s’en tenir strictement aux critères établis.
Les lacunes des études
Puisque « l’étude idéale » n’est pas possible, toutes les études concernant les rayonnements que nous sommes en mesure de réaliser présentent des manquements. Voici un aperçu de celles qui sont disponibles, appliquées à l’exemple du cancer du cerveau puisqu’il s’agit de l’effet sur la santé à propos duquel le rapport avec l’utilisation du téléphone mobile est le plus souvent étudié.
Ce type de recherche consiste à comparer deux groupes de personnes. L’un des groupes, les « cas », souffre d’une affection particulière comme le cancer du cerveau. Ce qui n’est pas le cas dans l'autre groupe, les « contrôles ». On compare un éventuel facteur de risque du passé entre les deux groupes, dans le cas présent, à quelle fréquence ces personnes ont utilisé leur téléphone mobile.
Le principal désavantage de ce type d’étude est le risque d’une image déformée, puisque l’on ne peut se fier qu’aux souvenirs des participants. Il est en effet envisageable que des personnes du groupe des cas (ou leur famille, si le patient décède dans l’intervalle) aient la conviction que le rayonnement est une cause possible de leur affection, les amenant ainsi à surévaluer leur utilisation, même inconsciemment. Le phénomène inverse peut apparaître chez le groupe des contrôles, à savoir une sous-évaluation de leur utilisation. La corrélation paraîtra par conséquent plus importante qu’elle ne l’est en réalité. Ce phénomène a déjà été observé dans une série limitée d’études cas-témoins passées. Ces dernières suggéraient que l’utilisation fréquente et prolongée de téléphones mobiles multiplierait de 2 à 3 fois le risque de certains cancers du cerveau.
Ajoutez à cela qu’un groupe de patients est en général bien plus facile à convaincre de participer à une telle étude qu’un groupe de contrôles. Ce déséquilibre à lui seul peut mener à un biais. La prudence est donc de mise lors de l’interprétation de ce type d’études.
Lors d’une étude de cohorte, un groupe de personnes présentant un certain nombre de similitudes, telles que la nationalité, le lieu de résidence etc., est suivi de près pendant quelques années. La question-clé d’une telle étude est si l’exposition à un facteur déterminé - dans ce cas la téléphonie mobile - a, au fil du temps, un impact sur le développement d’une affection telle que le cancer du cerveau. Aucun participant à ce groupe de cohorte ne doit souffrir de cette affection au début de l’étude.
En quoi ce type d’étude ne convient-il pas pour établir un lien de cause à effet entre la téléphonie mobile et certains effets sur la santé ?
- Trop court : Avant toute chose, de telles études ne durent en général pas suffisamment longtemps pour pouvoir détecter certaines affections telles que le cancer du cerveau.
- Groupe trop limité : Il faudrait un groupe de cohorte bien plus important pour être en mesure de constater une augmentation d’une affection relativement rare comme le cancer du cerveau chez quiconque est exposé intensivement et à long terme à des ondes radioélectriques.
- Difficile de mesurer l’exposition : Au cours de certaines études de cohorte, il a été demandé aux participants de rapporter eux-mêmes à quelle fréquence ils utilisaient leur téléphone mobile, entraînant par-là un risque de sur- ou sous-évaluation. Il leur a également été demandé s’ils avaient un contrat avec un fournisseur télécoms, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils utilisaient leur téléphone mobile fréquemment. Par ailleurs, il faut que la question sur la fréquence d’utilisation soit reposée régulièrement au cours de l’étude, ce comportement pouvant varier au fil du temps.
Les analyses de tendances consistent à examiner les incidences (en d’autres termes, le nombre de nouveaux patients) d’une affection donnée au sein d’une région déterminée sur plusieurs années. L’utilisation des téléphones mobiles a grimpé en flèche au cours des dernières décennies. Cette période est suffisamment longue pour faire une comparaison avec le passé et pour pouvoir détecter le développement de certaines affections telles que le cancer du cerveau. Ces analyses de tendances présentent donc une réelle valeur.
Un grand nombre de ces analyses de tendances occidentales révèle qu’il n’existe aucune augmentation du nombre de cancers du cerveau au cours de ces vingt dernières années. Certaines études démontrent bien une légère augmentation d’un certain type de cancer du cerveau, ce qui peut s’expliquer par l’amélioration des méthodes de détection de ce type de cancer. Ces résultats sont donc rassurants, bien que contradictoires avec ceux d’une série limitée d’études cas-témoins passées, par exemple. Ces dernières suggéraient que l’utilisation fréquente et de longue durée de téléphones mobiles multiplierait de 2 à 3 fois le risque de certains cancers du cerveau. Si c’était effectivement le cas, les analyses de tendances l’auraient révélé depuis bien longtemps.
Cela signifie-t-il, dès lors, que l’on peut affirmer en se basant sur les analyses de tendances que le risque est nul ? Malheureusement pas. Nous pouvons par contre affirmer que s’il existe un risque passé inaperçu à ce jour, il est très faible et n’apparaît que dans un petit sous-groupe de la population. A savoir chez des personnes déjà fortement exposées à des rayonnements de téléphones mobiles ou pylônes pendant une période prolongée.Deux études à grande échelle ont également été effectuées sur des rats et souris. Elles ont été mises en place dans le but de vérifier si les ondes radioélectriques des téléphones mobiles ou pylônes étaient nocives. L’objectif n’était donc pas de déterminer s’il existait un risque d’effets spécifiques sur la santé de l’être humain lorsque toutes les limites d’exposition sont respectées. Il s’agit d’une différence essentielle. Dans le premier cas, il est question d’étude de dangers. L’objectif étant de vérifier si un facteur en particulier pourrait s’avérer nocif. Dans la seconde situation, il s’agit d’une étude de risques destinée à mettre le véritable risque en lumière. Le but est donc de déterminer si ce facteur est réellement nocif dans la vie quotidienne lorsque les limites d’exposition sont respectées. Imaginons un requin dans un aquarium. Le requin en soi est dangereux. Les études de dangers le pointeront donc du doigt. Cependant, le risque qu’un requin dans un aquarium vous attaque est minime. C’est de cela qu’il est question dans les études de risques.
Les chercheurs ont observé une augmentation du risque de certains types de tumeurs malignes cardiaques en cas d’exposition prolongée et intensive à des ondes radioélectriques de téléphones mobiles et pylônes. Ce phénomène n’a étrangement été observé que chez les rats mâles, épargnant donc les rats femelles et les souris. Ces résultats ne peuvent tout simplement pas être extrapolés à l’être humain. Il s’agit en effet d’études de dangers au cours desquelles les animaux ont été exposés à des doses de rayonnement bien plus importantes et prolongées que celles auxquelles sont confrontés les hommes au quotidien.
Par ailleurs, la communauté scientifique a émis de sévères critiques concernant la conception expérimentale de ces études, principalement par rapport à leur interprétation. Il y a tellement de critiques que les corrélations en question relèvent très probablement du hasard.
« Cherry picking »
Toutes les études qui se penchent sur l’impact du rayonnement des téléphones mobiles et des pylônes sur notre santé présentent des lacunes. C’est pourquoi il est essentiel d’examiner l’ensemble des études scientifiques, de les interpréter correctement et d’également tenir compte des différences qualitatives. Ce n’est souvent pas le cas pour les messages alarmistes concernant le rayonnement : il n’est, la plupart du temps, tenu compte que des études mettant l’accent sur les dangers, sans tenir compte de leur qualité ni des autres types d’études. C’est ce que les anglophones appellent joliment le « cherry picking » (un picorage qui met en exergue les faits accréditant une opinion, tout en passant sous silence les données contradictoires).
Le Conseil supérieur de la santé s’est malheureusement lui-même rendu coupable de « cherry picking » dans un rapport datant de mai 2019, ayant pour intitulé « Hygiène de l’environnement physico-chimique (limitation de l’exposition aux agents mutagènes ou perturbateurs endocriniens) et importance des expositions en début de vie ». Il compilait une liste de substances chimiques avec lesquelles nous entrons quotidiennement en contact et qui pourraient potentiellement présenter un danger pour la santé. L’un des paragraphes de ce rapport se penche sur l’exposition au rayonnement non-ionisant. Ce dernier est utilisé par les opposants aux ondes électromagnétiques en tant qu’argument appuyant leur point de vue. A quel moment ce rapport s’est-il fourvoyé ?
- La littérature n’a pas subi un examen approfondi. Il a été fait référence au hasard à un certain nombre d’études anciennes.
- Le rapport n’a pas été établi par des experts du rayonnement non-ionisant.
- Ce rapport ne mentionne que des substances pouvant s’avérer nocives, sans vérifier s’il existe réellement un lien de cause à effet entre ces produits et certains problèmes de santé. Une nouvelle fois, il est donc plus question de danger que de véritable risque au quotidien.
Classification en tant que « potentiellement cancérogène »
Le Centre international de recherche sur le cancer classe les ondes radio dans la catégorie « potentiellement cancérogènes ». Cette classification est régulièrement rappelée dans des articles soulignant les possibles dangers des ondes radio. Il s’agit toutefois d’une erreur d’interprétation. Les classifications attribuées par cette instance ne révèlent rien sur la mesure dans laquelle quelque chose s’avère véritablement cancérigène dans la vie quotidienne (risque). Elles ne font que cartographier la quantité de preuves de nocivité (danger). Et elles étaient vraiment peu nombreuses au moment de cette classification. Sachant que le métier de charpentier et les feuilles de la plante aloé vera se trouvent également dans cette catégorie, il paraît évident que cette classification ne justifie en rien de paniquer.
Malgré l’absence de preuve d’un quelconque lien de cause à effet entre les ondes radioélectriques et des dommages pour la santé, certaines personnes affirment être sensibles à de tels rayonnements et les accusent de problèmes de santé. Il serait question de maux de tête, de fatigue, de troubles du sommeil, de vertiges, de nausées, de troubles de la concentration et de la mémoire, d’anxiété etc.
Ces maux seraient-ils imaginaires ? Non. Mais il n’existe aucune preuve scientifique selon laquelle le rayonnement serait à l’origine de ces maux. Apparemment, il s’agirait d’un effet nocebo. La crainte des effets du rayonnement sur le corps provoquerait l’apparition de troubles.
Un phénomène similaire aux effets secondaires d’un médicament. Si votre partenaire éprouve des vertiges après avoir pris un anti-douleur, il se peut que vous éprouviez la même sensation la prochaine fois que vous en prendrez à votre tour. La crainte de cet effet secondaire peut à elle seule provoquer ces vertiges. Cet effet nocebo est en réalité le parfait contraire de l’effet placebo. Le fait d’espérer des effets positifs fait déjà ressentir un bienfait. Dans le cas d’un nocebo, s’attendre à un effet négatif a tendance à en provoquer le ressenti.
Notre pays se trouve dans une impasse politique sur de multiples fronts. Il en va de même pour la répartition des revenus qui devraient découler des enchères des fréquences 5G. Cela a suffi à annuler les enchères prévues en 2019, et aucune certitude n’existe encore quant à leur tenue en 2020.
L’Institut belge des services postaux et des télécommunications, l’IBPT, a toutefois décidé au début de cette année qu’il accorderait temporairement des « droits d’utilisateur ». Ces droits proviennent des bandes de fréquences de 3,6 à 3,8 GHz faisant partie de la bande de fréquence 5G. Actuellement, seule l’entreprise brugeoise Citymesh utilise ces fréquences, ce qui lui a permis de construire un réseau 5G privé sur Brussels Airport.
La loi sur les télécoms permet à l’IBPT d’accorder ces droits d’utilisateur sans aucune réglementation spécifique (conséquente aux enchères) à ce sujet. En théorie, les parties intéressées pourraient dès lors fort bien répandre la 5G sur tout le territoire. Depuis, Orange, Proximus et Telenet sont déjà en lice pour la licence 5G temporaire. L’IBPT examine actuellement leurs candidatures, ainsi que celles d’autres intéressés, après quoi elle accordera les droits temporaires. Ces droits sont, quoi qu’il en soit, amenés à expirer lorsque les enchères auront enfin lieu. La licence 5G temporaire pourrait bien permettre aux opérateurs de commencer le déploiement complet de leur réseau 5G d’ici l’été.
Sur notre carte interactive, vous pouvez voir la qualité actuelle de la couverture mobile dans notre pays.
Nous ne sommes ni « pour » ni « contre » les ondes radioélectriques des téléphones mobiles et des pylônes. Contrairement à ce que certains lecteurs attendent de nous. Nombreux sont ceux qui espèrent que nous nous prononcions « contre » le point de vue de l’industrie télécom et des pouvoirs publics. Si nous ne nous déclarons pas « contre », ils en déduisent que nous sommes influencés par le lobbying de l’industrie télécom. Ce qui n’est absolument pas le cas. Nous examinons les études disponibles sur ce sujet avec toute l’objectivité requise, comme nous le faisons pour les autres sujets de santé. Nous délivrons ensuite notre message en nous appuyant sur l’ensemble des études scientifiques.
Et il nous reste encore trois exigences essentielles:
- Des recherches supplémentaires sur les possibles effets sur la santé de ces rayonnement à long terme;
- Des méthodes de mesure standardisées pour pouvoir estimer avec exactitude la réelle exposition aux ondes radioélectriques dans un réseau 5G.
- Une limite de rayonnement unique et uniforme dans tous les pays européens. La plus basse techniquement possible, évidemment. Et des contrôles en suffisance du respect de ces limites.
Nous avions déjà énuméré ces préoccupations lors d’une audience à la Chambre des représentants, commission de l’Économie, de la Protection des consommateurs et de l’Agenda numérique à laquelle nous avions été conviés fin 2019.