Dossier
Pour des médicaments à prix abordables
26 mars 2021

Les prix demandés par les entreprises pharmaceutiques pour leurs médicaments ne sont pas soutenables pour notre système de soins de santé. Le remboursement de traitements efficaces pourrait s'en trouver compromis. Les pouvoirs publics doivent réagir pour briser cette spirale d’augmentation des prix.
Nous payons deux fois nos médicaments
Quand vous pensez à ce que vous coûtent les médicaments, vous avez sans doute en tête la note que vous réglez chez votre pharmacien. Pour le Belge moyen, elle est de 150€ par an, selon la toute dernière enquête sur le budget des ménages.
Remboursé avec son propre argent
Lorsque nous déboursons tout au plus quelques euros pour un médicament contre le cholestérol ou le diabète, nous devons ce prix à l’intervention de la caisse d’assurance-maladie (Inami). Les caisses de l’Inami sont alimentées par nos cotisations et impôts. En 2017, l’Inami a dû débourser quelque 4,32 milliards d’euros pour le remboursement des médicaments, soit en moyenne 400€ par habitant.
Recherche payée avec des deniers publics
Il faut savoir qu'avant cela, le citoyen a déjà contribué de manière non négligeable au développement de médicaments. En effet, les entreprises pharmaceutiques utilisent les recherches universitaires pour développer de nouveaux médicaments; universités qui sont, elles aussi, financées par nos impôts.
Qui plus est, les pouvoirs publics octroient également des subsides directs aux fabricants, afin de stimuler la recherche et le développement. En 2015, ces subsides étaient de l’ordre de 59 millions d’euros.
En 2015, 575 millions d’euros de deniers publics s’en sont ainsi allés à la recherche biomédicale.
Maigre compensation pour découvertes d’exception
Que reçoit la société en échange de ces découvertes? Les entreprises pharmaceutiques mettent certes de l’argent sur la table, mais sans commune mesure par rapport aux bénéfices qu’elles engrangent grâce à ces découvertes. En voici un exemple belge:
Des chercheurs de la KU Leuven ont découvert avec un institut de recherche tchèque trois médicaments différents, parmi lesquels le tenofovir, un médicament efficace contre le VIH. Au début des années nonante, ils ont octroyé une licence exclusive à l’entreprise pharmaceutique américaine Gilead, qui a continué à développer des molécules et les a mises sur le marché dans différents médicaments. Selon nos estimations, Gilead a enregistré un chiffre d’affaires de plus de 72 milliards d’euros entre 2008 et 2017, grâce à une dizaine de produits basés sur le tenofovir ou l’un de ses dérivés. Selon des rapports annuels, nous estimons les retombées pour la KU Leuven à 559 millions d’euros, soit moins d’1% du chiffre d’affaires. Au cours de cette même période, l’Inami a dépensé 486 millions d’euros pour le remboursement de ces mêmes médicaments
Avantage fiscal
Les firmes pharmaceutiques peuvent également compter sur de substantiels avantages fiscaux. Ces mesures fiscales ont pour but de stimuler la recherche de nouveaux médicaments. Les mesures engloutissant le plus d’argent loupent malheureusement leur effet.